Les 45èmes Hunger Games. Fic terminée

Sans nous concerter, Léna et moi nous précipitons vers la source du bruit. Armée d'un poignard, je m'attends au pire. J'écarte une feuille de palmier de mon chemin et tombe sur une scène si horrible qu'elle restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Kalie tient Shad en joute avec une flèche. Livide, il est étendue au sol, une flèche plantée dans l'épaule et une autre dans la jambe. Horrifiée, je n'ai que le temps de pousser un cri d'effroi. Kalie relâche la corde et une troisième flèche se plante dans le cœur de Shad. Aussitôt tout son corps se relâche et il cesse de se débattre.

Je reste un instant hébétée alors qu'un coup de canon retentit. Léna elle, réagit aussitôt. Elle envoie son poignard de toute ses forces qui se plante dans l'épaule de Kalie. La blonde carrière pousse un cri de douleur et lâche son arc. Alors que Léna se réarme, elle fait volte-face et s'enfuit. Sans réfléchir, je me lance à sa poursuite. Chaque parcelle de mon corps est emplis de rage. Je n'ai qu'une idée en tête : La tuer.

-Viens te battre espèce de sale garce ! Je m'égosille alors qu'elle tente de m'échapper en virant d'un coup sur la gauche.

D'un coup elle trébuche et je lui tombe dessus. Elle lève le regard vers moi alors que je la plaque au sol. C'est avec délectation que je constate qu'elle a l'air terrifiée. Son épaule est en sang.

-Pitié Aleela, me supplie t-elle en me voyant lever mon poignard, ne me tue pas. Laisse moi, je te promet de ne pas m'en prendre à toi... Je t'en prie, je pourrais t'aider. On pourrait s'allier.

Furieuse, je lui donne un grand coup dans la mâchoire. Elle pousse un gémissement de douleur.

-Ta gueule, je lui assène de nouveau un coup, des larmes brouille ma vue. Tu n'es qu'un horrible monstre ! Je hurle, et à ce moment là, je me fiche bien d'alerter d'autres tributs. Tu ne mérite pas de vivre ! Je devrais te torturer, te faire vivre un supplice, mais je ne suis pas comme vous. Comment peux-tu être aussi cruelle !? Tu me donne envie de vomir !

Je la frappe plus fort, tout en continuant de m'égosiller. Une main se pose sur mon épaule. C'est Léna. Elle m'a trouvée, attirée par mes braillements.

-Ne perd pas de temps avec elle Aleela, me dit-elle d'un ton brûlant de rage, tue-la. Fait lui payer ce qu'elle a fait à Shad.

-Nooon ! S'écrie Kalie le regard fou, tentant de se redresser. Attend... je pourrais vous aid....

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. Je lui plante mon poignard dans le cœur. Ses yeux s'agrandisse de stupeur, elle a un dernier hoquet, et puis elle bascule en arrière. Mes mains tremblent. Je n'arrive pas à détacher mon regard de son corps rigide. J'ai tué quelqu'un. J'ai commis un meurtre.

-Allez viens Aleela c'est finit, me murmure Léna en me détachant du corps de Kalie, elle ne reviendra plus nous hanter maintenant.

Je lui lance un regard affolé. Elle me prend par le bras et me force à bouger. Je me demande comment j'arrive à la suivre, c'est comme si mon corps se mouvait tout seul. J'ai le cerveau déconnecté, les images de ces derniers instants ne cessent de défiler dans mon cerveau, comme si la touche replay était bloquée. Je revois le corps sans vie de Shad, puis moi enfonçant mon couteau dans le torse de Kalie, sa tête retombant mollement au sol.

-C'était de la légitime défense, je dis et en voyant la regard inquiet que me lance Léna, je comprend que j'ai pensé à haute voix.

-Le monde se porte bien mieux sans cette garce, me répond elle, et puis c'était elle ou toi, tu le sais Aleela.

Je reste silencieuse, méditant ses paroles . Au campement, nous récupérons nos affaires, puis nous nous éloignons. Aucune d'entre nous ne veux rester là plus longtemps, ça nous rappel trop de souvenir. Léna décrète qu'aujourd'hui nous allons nous reposer, comme si c'était parfaitement normal dans un contexte tel que les Hunger Games de décréter un jour de repos. Je suis trop perturbée pour protester.

Je l'attend en haut d'un arbre, les jambes pendant mollement dans le vide, pendant qu'elle va nous chercher de quoi manger. J'ai cessé de trembler, la première période due au choc est passée. Maintenant, la douleur de la perte de Shad m'assaillit. Des larmes roulent sur mes joues tandis que je réalise que je ne le reverrais jamais. J'ai comme un trou béant dans le cœur, creusé par le chagrin. Je regrette tellement de ne pas être arrivée à temps pour le sauver. Si seulement je ne l'avais pas laissé partir...

Léna tarde, et je commence à m’inquiéter quand je l'aperçois enfin. Elle abord un air triomphant, tenant un petit singe mort par la queue. Je lui souris faiblement, le cœur encore meurtri. Je mange à peine ce soir, je n'ai aucun appétit. Je sais que dès demain, je vais devoir me remettre d'aplomb si je veux avoir une chance de survivre.

-Combien sommes nous maintenant ? Me demande Léna en suçotant un os, après la fin de l'hymne.

Voir s'afficher le visage de Shad a était particulièrement douloureux. J’espère que ou qu'il soit, il est enfin en paix.

-Il reste encore deux carrière, Allan et Kelos, je répond tout en comptant sur mes doigts, nous deux, le garçon du Huit et un dernier tribut dont j'ignore le district. Ça fait six

-On est plus que six  ! On a vraiment une chance de s'en sortir Aleela !

Léna a le regard qui brille d'excitation. Pour ma part, je suis partagée. Le fait que nous soyons si peu de survivant au bout de seulement neuf jours m'horrifie. Mais cela veut aussi dire que nous nous rapprochons de la victoire, ce qui pour la première fois depuis un bon bout de temps me redonne de l'espoir.

Ou pas HAHAHAHA  

Il a surgit de derrière un amas de plantes. Aussitôt, j'ai su que j'étais foutue. Il avait beau avoir l'épaule gauche maculée de sang, il avait l'air assez en forme pour m'embrocher aisément. Il tenait dans sa main droite une épée souillée de sang,  et comme je n'avais pas entendu de coup de canon, j'en ai déduis qu'il avait était attaqué par une mutation.

-Te voilà enfin Onze, a jubilé Kelos sa voix vibrante d'une excitation contenue, depuis le temps que je te cherche. Mais ou est donc ta petite alliée ? Déjà morte ? Et ton partenaire ? Mort lui aussi n'est-ce-pas ?

J'ai serré les dents. Ne t'emporte pas, il n'attends que ça. Trouve plutôt un moyen de fuir.

-Tu t'es fait attaquer par un mutation à ce que je vois, ai-je dit pour gagner du temps, alors qu'il pointait l'épée contre mon cou.

N'importe quel autre tribut m'aurait déjà tranché la tête, conscient que je n'usais de ma salive que pour gagner du temps. Mais c'était Kelos et il aimait se vanter.

-Ouai, grogna t-il en redressant la tête, une bête énorme, un de leurs foutus lion. Cet enfoiré d'Allan s'est barré, me laissant seul avec. Mais j'ai réussis à l'avoir ! Je lui ai tranché la patte et il n'a plus bougé, ensuite il m'a suffit de l'égorger.

-Très impressionnant, je commente l'air admirative.

Kelos sourit l'air goguenard, et je crois un instant que je suis sauvée, mais il reprend un air sérieux.

-Tu sais quoi Onze ? C'est vraiment dommage que je doive te tuer, t'es quelqu'un de bien dans le fond. Mais bon, c'est le principe des Hung.... Arggg

Kelos pousse un grognement de douleur et se retourne d'un bond, son épée toujours pointée contre mon cou. J'ai à peine le temps d'apercevoir un poignard planté dans son dos, qu'il me fait de nouveau face. Son visage n'est plus du tout amical.

-Je ne sais pas qui c'était, mais je suis sure que c'est de ta faute Onze, crache t-il, tu va le payer !

Mue par une impulsion, je me baisse et lui envoie un coup de pied dans les parties. Il hurle de douleur tandis que je prend mes jambes à mon cou sans demander mon reste. Il pousse un cri de rage et se lance à ma poursuite. Affolée, j’accélère et soudain je trébuche sur une racine. Je me retourne alors qu'il brandit son épée, et j'ai juste le temps de voir une forme noire s'interposer entre lui et moi avant qu'il ne l’abatte.

Du sang m'éclabousse. Les yeux écarquillé d'horreur, je vois Léna s'effondrer sur moi, alors que Kelos bascule en arrière, un poignard planté dans la gorge. Un coup de canon retentit. Je me redresse et constate horrifiée, que Léna a l'épaule tranchée jusqu'à la poitrine. Elle respire toujours, bien que faiblement, le coup de canon était pour Kelos.

-Léna Léna Léna, je murmure en caressant ses longs cheveux noirs, mais qu'est-ce-qui t'a pris ? Non attends, ne bouge pas !

Elle lève ses yeux embués de larmes sur moi, et un doux sourire apparaît sur son visage couvert de sang.

-C'est finit pour moi hein ? N’essaie pas de me mentir Aleela, je sais que c'est vrai. Il ne m'a pas raté l'enfoiré. Pourtant je n'arrive pas à être triste. C'est étrange n'est-ce-pas ? C'est peut-être parce que je sais que je vais enfin revoir ma mère. Et puis tu va pouvoir gagner. Tu va gagner hein ?

-Bien sur, je répond alors qu'une larme roule sur ma joue.

-Je peux mourir en paix alors.

Léna ferme les yeux pour la dernière fois. Sa poitrine se soulève encore une ou deux fois, puis elle s'immobilise. Son visage aborde une expression sereine, et je sais qu'elle est heureuse maintenant. Je l'embrasse sur le front, puis je me relève et la contemple silencieusement en attend que l'hovercraft arrive pour emporter son corps. C'est une sorte de veillée, en son hommage.

-Adieu Léna, je murmure quand son corps s'élève dans le ciel, tu es la personne la plus courageuse que j'ai connu.

Puis je m'éloigne, les joues baignées de larme. Je ne suis pas encore morte.

Je passe le reste de la journée à pleurer, accablée par le chagrin. Je savais que nous ne pourrions pas survivre toute les deux, et pourtant j'avais nourri l'espoir qu'aucune de nous ne meurt. Plus je pense à la perte de Léna, plus je sens un trou béant s'agrandir dans ma poitrine. Elle me manque terriblement. Je me sens si seule maintenant.

J'en viens à repenser à tout les autres qui sont morts. Shad, qui a était le premier homme que j'ai aimé. Iona, qui s'est sacrifiée. Nora, lâchement assassinée par son partenaire de  district. Je me rappelle de leur derniers mots de leurs dernières expressions, des promesses faites à certain, et je me dit que je ne peux pas laisser tomber. Je dois m'en sortir. Je dois veiller sur la famille de Shad, maintenant qu'il est mort.

Je m'endors le cœur emplit d'une détermination nouvelle. Quand le soleil me réveil, j'ai l'impression d'avoir à peine dormi. Les juges ont peut-être décidé de raccourcir les nuits pour que les jeux se termine plus vite. J'ignore depuis combien de jours je suis dans l'arène. Peut-être douze, ou treize. Je ne sais pas. J'ai perdu le compte du temps.

Il fait chaud. Vraiment trop chaud. Je dégouline de sueur. J'enlève mon t-shirt pour me retrouver en brassière et en pantalon de treillis. Je finis par me baigner nue dans la rivière, en faisant attention à rester près du bord au cas ou ou le crocodile se pointe. Je me fiche éperdument des mœurs ou de ce que les gens vont penser. Dire qu'il y a une semaine, j'étais gênée à l'idée que trois personnes me voit nue.

Je trempe mes habits dans la source et je les enfilent encore mouillés. Ils devraient me tenir au frais pendant quelque temps, me protéger d'une insolation par exemple. Je meurt toujours de faim, mais j'ai moins chaud. J'ai finis le reste de singe hier soir, et le ciel reste désespérément vide. Pas de parachute en vu. Je dois trouver à manger.

L'esprit entièrement focalisé sur mon estomac vide, je décide de me rendre au camp de carrière. Peut-être qu'un paquet de nourriture à échappé à l'explosion et aux recherches des carrières. Vaine idée. Mais elle me donne de l'espoir, et le force de m'y rendre.
La végétation a entièrement envahis le camp. Inutile de chercher quelque chose dans tout ce fouillis autant essayer de trouver une aiguille dans une botte de foin.

Désespérée, je me laisse tomber à terre, et sens sous ma main quelque chose de moelleux. Je la soulève et me rend compte qu'il s'agit d'un petit paquet de gâteaux. Les larmes me montent aux yeux tant je suis soulagée. J'engloutis tout les gâteaux, trop affamé pour me rationner.

J'ai toujours faim mais ça va déjà mieux. J'arrive à réfléchir correctement maintenant. Je décide de fouiller aux alentours à la recherche d'autres provisions qui auraient pu être dispersées. Je déniche encore un paquet de gâteaux que j'engloutis, et une lanière de bœuf carbonisée dont je garde la moitié pour plus tard. Alors que le soir commence à tomber, je décide de passer la nuit près du campement des carrières, trop fatiguée pour aller plus loin. De tout de manière il n'y a personne dans les environs.

Un cri de rage me réveil. Je me redresse en sursaut et me retrouve face au garçon du Dix, le visage cramoisi de rage, tenant dans sa main mon arc. Je tente de reculer discrètement, mais il me voit et sans que j'ai le temps de réagir, encoche une flèche qu'il pointe sur moi. Je comprend à sa façon de tenir l'arc, qu'il ne sait pas s'en servir.

-C'était toute ma vie, dit-il d'un ton rageur, c'était la seule personne qui comptait. Et tu l'a tué. Tu va payer pour ça !

Je comprend abasourdie qu'il parle de sa sœur.

-Non ! Je m'écrie. Je te jure que ce n'est pas moi ! Je n'ai pas touché un seul cheveu de sa tête.

-Pourquoi as-tu son arc alors ! Hurle t-il, me faisant sursauter.

-C'était pas moi c'était pas moi ! Je bredouille de façon précipité voyant qu'il s'apprête à tirer. C'était Kalie ! C'était elle qui avait l'arc ! Je te le jure ! Je l'ai récupéré sur son cadavre.

-Son cadavre ?

-Oui, oui je... je l'ai tué. Je l'ai poignardée. Pour me venger. Elle avait tué Shad. Je te jure c'était pas moi. J'aurais pas fais ça. Pas sans raison. Je t'en pris Dix, crois moi !

L'adolescent relâche la corde, le visage inexpressif. J'espère qu'il est en train de réfléchir, et qu'il se rend compte que je dis vrai.

Soudain un hurlement retentit. Au moment ou Dix se tourne vers la source du bruit, je bondis à l'opposé, vers l'ancien camp des carrières. Le garçon me hurle de revenir, et je sens plus de la panique que de la rage dans sa voix. Je comprend au dernier moment que je suis tombée dans un piège. Alors que je pose le pied dans la végétation dense, quelque chose s'agrippe à mon pied, et je réalise avec horreur que c'est une plante.

Aussitôt, je tente de bondir en arrière, mais d'autres plantes se déplie et s'enroule autour de mes chevilles. Je pousse un cri de douleur quand quelque chose m'entaille la cheville. Les plantes ! Elles ont des dents ! Oh mon dieu !

Je serre les dents alors que les herbes s'enroule si fort autour de mes jambes qu'elles me coupe la circulation du sang et attrape mon poignard. Je tente de le trancher toutes, mais elles sont trop nombreuses et il y en a toujours une pour me retenir. Petit à petit, je m'enfonce dans l'amas de plantes grouillantes.

Je ne vais pas finir comme ça ! Pas maintenant ! Ce serait trop bête !

Soudain, une main me hisse hors de la prairie. Je pousse un hurlement de douleur alors que ma cheville est délivrée des plantes qui l'enserre dans un grand craquement. Je me fais projeter quelques mètres plus loin, et pendant quelques instants, tout est tellement flou que je ne vois et ne comprend plus rien.

Enfin, je vois le tribut du Dix qui se tient aux milieux des plantes carnivores, le visage marqué par la souffrance. Je comprend immédiatement qu'il m'a sauvé la vie. Je tente de me relever pour lui venir en aide, mais ma cheville se dérobe sous moi. Je ne peux qu'impuissante, le regarder se faire dévorer vivant sous mes yeux.

C'est certainement l'un des spectacles les plus atroces que j'ai pu voir de toute ma vie, et ces images resterons gravées dans mon esprit. Jamais je ne pourrais oublier ses cris d'agonies, le supplice qu'il a du endurer avant que je ne me décide à le soulager en lui envoyant un poignard en plein cœur.

Un coup de canon à retentit. Je me suis traînée à couvert des arbres et j'ai vomis de la bile. Je suis restée longtemps allongée à même le sol, pantelante. Puis l'odeur de mon vomis est devenue trop insupportable, et j'ai rampé un peu plus loin, pour récupérer mon sac à dos et l'arc de la fille du Dix. Ensuite, j'ai déchiré un bout de mon pantalon déjà bien abîmé, et je l'ai enroulé autour de ma cheville blessée, que j'ai stabilisé avec un bout de bois. Je pourrais marcher un peu comme ça, mais pas très loin.

J'ai claudiqué jusqu'à un grand arbre, et m'y suis hissée à la seule force des bras.. Bien que je n'ai même pas pris le temps de soigner mes blessures et que l'aube pointe, je me suis endormie aussitôt. Nous ne sommes plus que trois.

Un tremblement de terre d'une extrême violence me tire du sommeil. Mon premier réflexe est de m'agripper à une large branche alors qu'une deuxième secousse manque de me faire basculer dans le vide. Le monde n'est plus que poussière et fumée, et un instant je suis persuadée qu'une deuxième bombe a explosée.

Mais les secousses continuent de plus belle et je pousse un cri de terreur alors que l'une d'entre elle particulièrement forte manque de me désarçonner. À califourchon sur
ma branche, les jambes serrées et les bras enroulé autour, je parviens à tenir bon alors qu'autour de moi le monde semble sombrer dans le chaos.

Quand les secousses cessent enfin, un nuage de poussière recouvre l'arène et j'ai l'impression que tout les arbres à part le mien se sont écroulés. Alors que la poussière se dissipe, j'ai l'espoir que cette épreuve était la dernière et que je suis la seule tribut à avoir tenu bon. Je fixe même le ciel devenu gris, dans l'espoir qu'un hovercraft chargé de me récupérer en descende.

Mais il reste désespérément vide et aucun coup de canon ne retentit, je suis bien forcée de me rendre à l'évidence, les deux autres tribut sont toujours en vie. En fixant l'arène d’où j'ai une belle vue de ma position haute perchée, je pousse un hoquet de stupeur. Les arbres sont presque tous déracinés et c'est un miracle que le mien tienne encore debout.

Je cherche du regard les deux autres tributs et les trouvent aussitôt. Allan se tient à quelques mètres de moi, une épée à la main, l'air d'être en train de reprendre ses esprits. Encore quelques mètres plus loin, une fille brune dont j'ignore le district et le nom tente de se dépêtrer des plantes qui ont visiblement amortit sa chute. En apercevant Allan si proche d'elle, elle à la présence d'esprit de se tapir dans la végétation dense.

Avec stupeur, je comprend que tout ce temps nous n'étions pas loin les uns des autres, et que sans le tremblement de terre, Allan aurait pu me tuer sans difficultés, car je suis dans une position visible à des kilomètre à la ronde.

Au moment ou je réalise que je suis toujours en danger, le grand carrière lève les yeux vers moi. Horrifiée, je vois un sourire sadique se dessiner sur son visage. Je tente aussitôt de me saisir de mon arc et remarque avec stupeur qu'il est au pied de l'arbre. Les secousses ont du le faire basculer. Je me met à trembler en comprenant que cette fois ci, rien ne pourra me sauver. Je suis incapable de courir à cause de ma cheville foulée et de tout de manière je n'aurais certainement pas eu assez de force pour. Cette foi, ni Léna ni Shad ne volerons à mon secours.

-Te voilà enfin Onze, ricane Allan alors qu'il arrive à ma hauteur, et en bien mauvaise posture. Je dois dire que j'étais furieux du petit tour que tu nous avaient joué et que j'espérais te tuer rapidement, mais tout bien considéré je vais prendre mon temps. À moins... reprend t-il en savourant son petit effet de tension, à moins que tu ne descende de ton arbre maintenant. En ce cas je te tuerais rapidement, tu as ma parole.

J'aurais voulu éclater de rire, lui dire d'aller au Diable avec sa promesse qu'il s'empressera de trahir. Mais je suis trop fatiguée, trop terrifiée pour cela.

-Pas question, répliquais-je faiblement en tentant de me mettre debout.

La douleur qui irradie dans ma cheville m'en dissuade immédiatement. Le gémissement de douleur qui m'échappe arrache un rictus à Allan.

-Dans ce cas je vais te chercher, gronde t-il, et crois moi, ce sera loin d'être une partie de plaisir. Ensuite je m'occuperais du dernier tribut et je sortirais glorieux vainqueur.

-T'es complètement timbré, je crache en lui lançant un regard méprisant.

-Et toi Onze, tu es morte.

Et sur ces mots il attrape la branche la plus basse et commence à se hisser vers moi. Je ne suis qu'à une dizaine de mètre du sol et il monte vite malgré sa grande taille. Je palpe mes vêtement telle une hystérique, priant pour qu'un de mes poignard est survécu au tremblement de terre. Allan n'est pas comme Kelos, il me mettra hors d'état de nuire à la seconde ou je serais à sa portée.

Ma main se referme sur un bout de métal, le poignard que j'ai glissé dans ma brassière. Je le saisi tremblante et le cache derrière mon dos alors qu'Allan arrive à mon niveau. Il se hisse sur la grosse branche qui me sert d'appuis puis brandit son épée et la pointe vers moi.

-À nous deux Onze ! S'exclame t-il d'un ton héroïque avant d'éclater de rire.

Un sourire amère se dessine sur mon visage. Puis je bondis sur lui au moment ou il assène son épée. Je pousse un cri de douleur alors que l'acier me déchire la chair, me laissant une longue entaille dans la jambe. Allan surprit, me voit fondre sur lui poignard en main, en appuis sur mes deux jambes. Et c'est alors que ma cheville se déchire. J'entends un terrible craquement et tout à coup je me retrouve à basculer dans le vide en hurlant de douleur.

L'impact survenu lorsque mon dos heurte le sol dix mètres plus bas me coupe le souffle. J'ai l'impression que mes jambes se disloquent sous le coup. Mon arc se trouve seulement à quelques mètres de moi mais je sais que je ne l'attendrait jamais. Ma vision se floute de plus en plus et le bas de mon corps n'est plus que douleurs, malgré tout je continue à ramper vers l'arme qui a appartenu à Élisa la grande sœur protectrice qui aurait donné sa vie pour son frère, puis à Kalie l'horrible carrière. L'instinct de survie est incroyablement puissant chez moi.

Allez, plus que deux mètre, un mètres cinquante, quatre-vingt-dix centimètres, soixante centimètre, vingt centimètres, dix centim ..

Un pied m'écrase la main, me soutirant un gémissement de douleur. Allan a eu le temps de redescendre pendant que je rampais misérablement vers mon arc.

-Je dois reconnaître que tu es coriace Onze, dit-il, mais c'est finit pour toi, accepte le.

-Jamais, je murmure alors que je sais que je vais sombrer dans l'inconscience avant qu'il ne fasse quoi que ce soit.

De gros points noirs dansent dans mon champ de vision, et pourtant j'aperçois quand même une masse se jeter sur Allan alors qu'un cri de rage retentit à mes oreilles. C'est la fille qui a attendue le moment propice pour se jeter dans la bataille. Surpris et déséquilibré, Allan s'écroule au sol, lâchant son épée sur le coup. La fille empoigne un caillou et tente de lui cogner la tête mais il la repousse en lui imprimant une violente torsade. Bientôt, je n'aperçois guère plus que deux corps entrain de rouler au sol.

Je tend mon bras vers l'arc en utilisant toute ma volonté pour ne pas m'évanouir alors que des larmes de douleur ruissellent sur ma joue. Ma main se referme sur la corde de l'arc et je le tire aussitôt vers moi. Je tente de me redresser sur les fesses, mais je suis trop sonnée pour tenir et bascule en avant. Je gémi de douleur en tirant sur la corde pour encocher une flèche toujours allongée et je comprend que je ne tiendrais pas ma position longtemps.

En levant les yeux vers les carrières, je remarque qu'ils sont maintenant debout, face à face. Allan a l'épaule tourné dans une drôle de position et certainement la mâchoire cassée. La grande fille brune se tient le bas-ventre qui saigne abondement. Ce sera bientôt finit pour l'un d'entre eux et l'autre viendra m'achever.

Mon bras tirant sur la corde me fait terriblement mal mais je sais que je n'ai pas intérêt à rater mon coup. Alors que mes deux adversaires se jettent les uns sur les autres, l'un brandissant son épée, l'autre une énorme pierre déjà souillée de sang, je relâche ma flèche. J'ai l'impression de la voir s'enfoncer dans le thorax d'Allan puis de transpercer la fille qui s'est jetée sur lui. Mais je ne suis sure de rien, tout et tellement flou. Alors que d'horrible cris retentissent, tout mon corps se relâche et je sombre dans les ténèbres.