-Shell- Chante pour Rue
Messages : 536 Date d'inscription : 19/06/2013 Age : 28 Localisation : Dans une Arène, en train de galérer pour survivre
| Sujet: Et si un garçon du Capitole s'infiltrait dans les HUNGER GAMES ? Lun 1 Juil - 16:35 | |
| Bonjour ! Oui je sais ce que vous vous dites: "encore elle ! " et je ne vous répondrais qu'une chose: "et bien oui :3" Ce sera les 53e Hunger Games, un an après l'histoire de Marthy. Si vous n'avez pas lu son histoire, je vous le conseille vivement car dès les premières lignes de cette suite il y a un énorme spoil sur la fin ! Vous aurez été prévenu ^^' (pour ceux qui veulent la lire avant: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]) Au faite, voici une photo d'un acteur, qui ressemble trait pour trait à comment je m'imaginais Dayd, peut-être que comme ça vous le visualiserez mieux ^^ - Spoiler:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
- Prologue:
- Daydané, regardes, nous avons la rediffusion des Hunger Games de l'année dernière, tu sais, où ce jeune homme s'est tué pour que son petit frère gagne !
Ma mère trépigne. Tout cela l'a toujours profondément amusée. Ces jeux stupides sont la raison même de son existence. Elle ne parle que de cela, du matin au soir.
C'est plutôt logique, d'ailleurs. Notre famille fait partie des sponsors les plus réputés du Capitole. Mes parents n'hésitent pas à dépenser la moitié de notre fortune tout les ans pour aider leur candidat préféré. L'année dernière, ça n'a pas détourné la règle. Ils voulaient que se soit le petit Jef qui remporte ces Jeux, et c'est ce qu'il s'est produit.
Plutôt que de suivre ma mère dans le grand salon, je m'enferme dans ma chambre et me jette sur le lit. Je m'enfonce littéralement dedans et je me sens automatiquement détendu. Une muette se tient là, debout, la tête baissée. Ses cheveux châtains sont plaqués en queue de cheval basse et ses lèvres ourlées de noirs. Comme tout les muets.
Je pousse un soupir et me regarde dans le miroir qui occupe tout un mur de ma chambre. D'un geste habile, je replace mes cheveux rouges en arrière, à la façon des mangas que j'aime tant lire. J'essuie l'eye-liner qui a coulé de mes yeux, puis je réajuste ma veste de costume verte et enlève les plis de mon pantalon blanc.
- Tu en penses quoi ? Je demande à la muette.
Elle relève subitement la tête, comme si je l'avais surprise, puis elle sourit légèrement en signe d'approbation.
Elle croit que je suis comme eux. Que j'aime passer ma vie à ces banquets stupides à discuter de choses banales et inintéressantes. Je déteste cela. Je déteste les Hunger Games. Je voudrais que tout le monde comprenne que cela n'a aucun intérêt. J'en ai déjà parlé à ma mère, mais elle ne veut rien entendre. Et c'est la même chose que pour mon père. Seul ma sœur, Gelika, fait semblant de m'écouter. Mais la faire changer d'avis serait surhumain, et pour cause. Depuis cinq ans, elle est l'hôtesse du District Quatre, celui de la pêche, et n'est pas prête de changer de boulot. À seulement vingt-cinq ans, elle a déjà été mannequin, artiste et styliste, ce qui est exceptionnel car en général, lorsque l'on se trouve un travail, au Capitole, c'est pour la vie.
Je m'approche de la jeune muette, qui me lorgne du coin de l’œil. Je passe un doigt sur sa joue, fasciné par sa peau parfaite. Elle a un mouvement de recul.
- Je ne te ferai pas de mal, tu sais.
Je me met à tourner dans ma chambre :
- Les Hunger Games recommence bientôt, comme dans un cercle infernal. Vingt-trois autres jeunes vont mourir, comme tout les ans. Et moi, je vais encore assister à ce spectacle sans réagir. Je voudrai pouvoir faire quelque chose pour arrêter cela, mais je ne suis bon qu'à parier, comme tous les autres.
Je renifle avec mépris et regarde mon reflet avec dégoût.
- L'éducation et l'enseignement dont j'ai bénéficié ne me servira jamais à rien.
J'appuie distraitement sur la petite télécommande près de mon lit, et aussitôt un cocktail fruité sort d'un trou dans le mur et se pose sa ma table de nuit. Je le sirote et regarde de nouveau la muette :
- Je ne devrais pas te dire ça. Mais le jour de la Moisson, j'accompagne toujours ma sœur. Personne ne l'a jamais remarqué. Et dans le cœur des District, je peux te dire que je ressens parfaitement cette ambiance lourde et mélancolique de chacun à chaque fois que deux enfants leurs sont retirés, même si ce ne sont pas les leurs.
Elle baisse la tête et une larme roule sur sa joue. J'attrape un mouchoir et lui essuie délicatement :
- Pardon, je ne voulais pas te blesser. Tu peux partir si tu veux.
Elle ne se fait pas prier et quitte précipitamment ma chambre.
- Chapitre 1:
J'observe à travers la vitre le paysage se transformer au fur et à mesure que nous approchons. Il fait encore nuit, nous sommes obligés d'arriver tôt afin de tout préparer avant que le District ne se rassemble. J'ai revêtu la tenue que je porte à chaque visite au District, cet ensemble gris vieillit par les années pour passer inaperçu. Quand à mes cheveux rouges, un simple bonnet permet de les dissimuler. Ainsi, je peux me fondre dans la population sans me faire repérer par les Pacificateurs. Je hume le parfum de la mer. Le train ralentit. Gelika s'approche de moi, toute guillerette. Si elle savait à quel point je la trouve ridicule dans ce chapeau à plumes d'un mètre de hauteur et cette longue robe verte à plume également, elle me tuerait sur place. Les maquilleurs lui ont peint une longue ligne rose pâle horizontalement sur son visage.
- Enfin, nous sommes arrivé ! Déclare-t-elle joyeusement.
Je ne répond pas. Ils ont tous l'habitude que je ne parle pas, car mon psychologue leur a dit que je faisais une profonde dépression depuis trois ans. Les médecins sont facilement corrompus. Je ne suis pas malade du tout, j'ai simplement trouvé une excuse pour cesser de participer à ces discussions sans fin.
- Je te trouve tellement pauvre habillé comme cela, mon frère ! Personne ne peux deviner que tu viens du Capitole, j'en doute moi-même. - Merci.
Elle n'a jamais été douée pour complimenter.
- On commence à huit heures. Rejoins-nous à l'heure, cette fois-ci.
Je lui souris en me remémorant mon arrivée théâtrale, l'an passée. Je lui promet que je serai ponctuel.
Symon me sert dans ses bras. Le filet de pêche que je lui ai offert va énormément lui servir, et il se précipite pour le confier à son père.
- Franchement tu abuses, me lance-t-il en revenant. Ce n'est pas comme si nous étions en train de mourir de faim.
Leur District est l'un des plus riches de Panem, ils mangent à leur faim, certes, mais doivent travailler très dur chaque jour de l'année, même les plus jeunes. C'est pour cela que dès que j'en ai l'occasion, j'essaie d'apporter quelque chose à mon ami pour l'aider lui, et sa famille. Le soleil se lève au loin, doux mélange de bleu et d'orange, me rappelant la tenue que ma mère portait la veille. Je propose à mon ami d'aller à la grande place. Son regard s'assombrit. Si il y a une chose dont il n'a jamais aimé parler, ce sont les Jeux. Pire encore que moi, il voue une haine incontrôlable envers ces Hunger Games et tout ce qui touche le Capitole en général. Il n'y a que moi qu'il apprécie, même si des fois il haït mes manières de riches, comme il dit. Depuis la première fois où je suis venu ici, nous ne nous quittons plus. Notre rencontre n'a pourtant pas été des plus amicales. Tout les deux âgés de douze ans, il avait tout de suite remarqué que je ne faisais pas parti de ce District et s'était jeté sur moi pour m'étriper. Un vrai sauvage. Une fois la lutte terminée, nous avions parlés. Et nous nous sommes finalement appréciés. Il est le seul à connaître ma véritable identité, et personne ne me connaît à par lui.
- Je vais me nettoyer le visage et j'arrive, déclare-t-il.
Il s'éloigne de sa démarche souple d'athlète. Il a toujours eut la peau très bronzée, passant beaucoup de temps torse nu pour pêcher, et sa musculature sec s'est développée en fonction de son travail. Il a les épaules larges, mais le dos légèrement voûté à force d'être penché. Ses bras sont puissants et ses mains capables d'écraser les noix. Ses cheveux courts noirs tranchent avec ses yeux d'un superbe bleu. En clair, il est l'opposé de moi. Ma peau blanche contraste avec mes yeux qui sont, eux, d'un noirs intenses et mes cheveux, blonds presque blancs au naturel sont teint régulièrement en rouge par mes coiffeurs. Par contre, je suis presque aussi musclé que lui du fait de longues heures d'entraînements, mais j'ai la mauvaise manie de me tenir extrêmement droit. Comme beaucoup au Capitole. Je ne porte pas de maquillage quand je suis dans le District, et c'est comme une libération. Plus de crayon qui me coule dans les yeux, ni de fond de teint qui me fige le visage. Je me préfère largement avec mes grains de beautés et ma peau qui respire.
- Tu compte rester ici longtemps ? On est encore en retard, je te signal !
Symon me tire de mes pensées et on se met aussitôt à courir. Gelika me lance un regard noir à mon arrivée. Nous avons loupé tout le documentaire sur le fait que le Capitole règne sur les Districts. Je suis Symon jusqu'à la table de Pacificateurs qui prennent son empreinte et les trois gardes me fixent alors intensément.
- Ta main, ordonne-t-il.
Aucun échappatoire, je lui tends et il me prélève une goutte de sang avant de m'envoyer avec les autres. Rien de grave. Je me place près de mon ami. Je le sens inquiet et l'interroge du regard :
- J'ai vingt cinq fois mon prénom dans l'urne, se justifie-t-il.
- Chapitre 2:
- Shell Naviodan ! Où es-tu, jeune fille ?
D'où je suis, je ne la vois pas. Mais très vite, elle monte sur scène, épaulée par trois Pacificateurs. L'air complètement détruite, elle se place à côté de ma sœur.
- Alors ! Quel âge as-tu ? S'efforce-t-elle de demander d'un ton enjoué. - Quinze. - Super ! Tu es vraiment très jolie, tu seras resplendissante !
Mouais. Resplendissante dans la mort, surtout. Néanmoins, je détaille un peu plus la tribut et la trouve aussi très mignonne : la peau dorée et les yeux sombres, son visage un peu carré possède des traits très délicats et de belles pommettes hautes. Ses longs cheveux blonds sont très secs, mais cela lui rajoute du charme d'autant plus que quelques rares mèches bouclées lui chatouille le visage de temps à autre. Gelika demande alors si il y a des volontaires, mais tous reste silencieux. Elle annonce alors qu'elle va sans plus attendre appeler le tribut masculin. Elle pioche au hasard, sans faire de chichi et revient au micro. C'est une des rares choses que j'apprécie chez elle, son naturel. Ça peut paraître ironique vu son style, mais elle est vraiment l'une des rares femmes du Capitole a dire ce qu'elle pense et à ne pas avoir un accent trop prononcé.
Je sens Symon se crisper à côté de moi quand elle déplie le papier. J'avale ma salive, stressé pour lui.
- Pike Tomsell !
Je fais demi-tour en même temps que les autres. Un garçon relève la tête, visiblement étonné d'entendre son nom, dans le groupe des douze ans. Pleins de sentiments passent sur son visage : l'étonnement, la peur et la terreur. Comme pour la jeune fille avant, le groupe de trois Pacificateurs l'attrape sans ménagement et l'amène sur scène. Gelika l’accueille les bras ouvert, toujours touchée lorsqu'un plus jeune est choisi, mais il semble nettement dégoûté par cet élan de tendresse. Ses cheveux châtains clairs tout bouclés retombent sur ces yeux. Ma sœur pose ensuite la question fatidique :
- Un volontaire ?
Personne ne bouge non plus. Et alors, sans savoir pourquoi, je lève haut la main et intervient d'une voix forte et assurée :
- Moi.
Des visages curieux se tournent vers moi, et j'entends nettement leurs questions à mon sujet. Il n'est pas rare qu'il y est des Carrières dans ce District. Ce qui étonne tout le monde, c'est le fait de ne pas me connaître. Deux gardes m'attrapent les bras alors que je monte sur l'estrade, et l'expression de Gelika se décompose en me reconnaissant. Son sourire s'envole et elle perd ses moyens. Bien sur, elle sait qu'elle ne peut rien dire, sinon elle sera punie d'avoir emmené un visiteur avec elle. Alors, elle essaie de se ressaisir, replante un faux sourire sur son visage maquillé à outrance et joue le jeu :
- B-Bien ! Comment tu t'appelle ? - Dayd.
Elle hoche la tête et prend une grande respiration, retenant sa colère et son incompréhension :
- Très bien … Et quel âge as-tu, Dayd ? - Dix-sept ans.
Je croise dans le public le regard de Symon. J'y lis toute la confusion du monde. C'est bien sur interdit pour un habitant du Capitole de participer aux Jeux, mais puisque personne n'est au courant. Peut-être que de cette manière, je vais enfin réussir à faire comprendre, au moins à ma famille, ce qu'est vraiment être au cœur du cirque.
Je serre la main de Shell. Elle me lance un regard interrogateur, mais je remarque la force de sa poigne.
Symon entre dans la petite pièce où les visites ont lieu, abasourdi. Son regard est imprégné de confusion et je peine à ne pas baisser la tête, comme un gamin prit en faute. Il me pose alors la question que je redoutais :
- Pourquoi tu as fait ça ? - Je n'en ai aucune idée. - Mais bon sang Dayd tu sais que tu vas direct à ta mort là ? - Je n'ai plus le choix maintenant, je sais ce que je risque.
Il traverse la salle, en proie à l'énervement.
- T'es du Capitole, continue-t-il. T'es censé être immunisé, et toi tu te jettes directement dans la gueule du lion, sans regret, sans peur ! Et ta famille ? - Et la famille du gamin qui était prit à ma place ?
Il secoue la tête, une mine dégoûtée sur le visage.
- J'ai envie que le Capitole comprenne, me justifiai-je.
Quand je parle du Capitole, ce sont surtout ma famille, une plutôt grande famille et tout nos amis qui seront choqués de me voir à l'écran, sans pouvoir rien faire. Symon s'essuie les yeux et me dit d'une voix un peu cassée :
- Si tu arrives à faire ce que tu veux faire, tu mourras. Si finalement, tu renonce, tu mourras quand même, tu t'en rends compte ? - Parfaitement.
Même si pas du tout pour l'instant.
- Dans tout les cas, j'ai été heureux de te connaître et je ne t'oublierai jamais.
Il me prend dans ses bras et je répond juste à son étreinte, étonné de cette soudaine attention. Puis, les Pacificateurs ouvrent la porte et ordonnent à mon ami de sortir.
Quelques minutes plus tard, un gamin entre et referme minutieusement la porte derrière lui. Il tourne son regard d'enfant vers moi.
- Bonjour Pike, je dis pour combler le silence.
À son tour, il se cale dans mes bras et me sert de tout son être. Puis il s'écarte de moi et me tend un morceau de corde beige qu'on utilise généralement pour créer les filets de pêche. Il me prend la main et me le noue en bracelet, puis il relève la tête :
- Je sais que ça ne t'aideras pas, mais je voulais te remercier.
Je reste silencieux mais lui souris, véritablement touché. Au Capitole, cela n'aurait eu aucune valeur et cela aurait été même une moquerie que quelqu'un offre ce genre de chose. Mais ici, chaque présent est donné avec toute la sincérité du monde.
- Non, c'est moi qui te remercie.
Une tornade verte pomme déboule dans la pièce et avant que je ne réagisse, je me prend une gifle monumentale qui m'envoie dans le décor. Sonné, je regarde Gélika. Des larmes tracent de longs sillons dans son maquillage qui ne ressemble plus à grand chose. Elle ressort aussi vite qu'elle est entrée. Je frotte ma joue endolorie. Je reconnais que je l'ai méritée.
Le train est en route depuis un moment déjà. L'heure du repas a sonné, et je m'y doit de m'y rendre. De plus, on m'a ordonné d'y être plus tôt que prévu, ordre de Gélika. Je crois que jamais je ne me suis fait crier dessus autant qu'hier soir par ma propre sœur. En larme, les nerfs complètement détruits, elle me hurlait que j'étais un idiot, que je l'avais couverte de ridicule et que je n'étais qu'un égoïste stupide et malade. Je ne disais rien, et à vrai dire je ne pouvais pas en placer une tant elle était énervée. Je l'avais prise dans mes bras, comme un parent l'aurait fait avec son enfant et elle m'avait ensuite murmuré qu'elle ne voulait pas que je meurt comme tout ces pauvres gens, que je pouvais encore reculer. J'avais été touché par sa sincérité.
Je pousse la porte de métal est je surprend une dame d'une cinquantaine d'années assise. Elle se retourne et me fais un grand sourire chaleureux qui creuse un peu plus ses rides. Ses cheveux grisonnants sont attachés en hauts chignon et son visage est doux malgré la vieillesse et les épreuves qu'elle a du endurer.
Elle m'invite à m'asseoir. Je prend donc place à côté d'elle et elle me sert une tasse de thé sans me demander mon avis.
- Tu as bien agis, me dit-elle simplement.
Enfin quelqu'un qui me comprend !
- Je suis ton mentor, continue-t-elle. Ne fais pas cette tête, ce n'est pas parce que je suis vieille que je suis bonne à rien.
Elle s'appelle Mags et d'après ce qu'elle me dit, cela fait tellement longtemps qu'elle remporta les Hunger Games qu'elle ne se souvient même plus à quelle saison elle participa.
- Tu es du Capitole, n'est-ce pas ? S'enquit-elle dans un sourire.
J'avale de travers le thé et tousse à en cracher mes poumons. Peu distingué pour quelqu'un censé venir de la haute. Comment le sait-elle ?
- Il faudra sûrement faire quelque chose à tes cheveux pour que personne d'autre ne comprenne.
Bien sur. J'avais retiré mon bonnet. Mags me prend alors la main. La sienne est chaude et douce et elle me dit, d'une voix à peine audible:
- Maintenant, tu peux faire quelque chose. Je suis là pour vous aider, toi et ta coéquipière. Elle n'est au courant de rien, et je veux que cela reste ainsi. Ce serait dangereux pour toi et ta famille si quelqu'un de mal intentionné viendrait à apprendre cette nouvelle. Je ne dis pas que Shell en serait capable, mais qui sait ! Je ne l'a connais pas encore. Quoiqu'il en soit, Dayd, tu vas devoir m'écouter pendant ces quelques jours de préparation. J'espère pouvoir faire réagir le Capitole, mais il faut que tu sois conscient que tu ne seras pas éternel.
Je hoche la tête, sans rien dire. À cet instant, Shell pénètre suivit par Gélika qui a reprit du poil de la bête. Elle ne m'adresse pas un regard et s'installe aux côtés de Mags. Shell m'adresse un sourire compatissant et se met près de moi. Une douce odeur fruitée émane de ses cheveux. Elle se renseigne sur la matière du pantalon qu'elle porte.
- C'est du jeans, répondis-je aussitôt. Une matière confortable et résistante, mais très cher que peu ont l'occasion de porter en dehors du Capitole.
Elle me considère un instant, sans expression et se sert une part de quiche, goûte et me conseille d'en prendre une aussi, que c'est la chose la plus délicieuse qu'elle ai jamais mangé. Je réprime une grimace de dégoût :
- Non, merci, je déteste ça.
Gélika commence alors à déblatérer tout ce que nous devons savoir. Mais je sais déjà tout ça, au bout de cinq ans à l'entendre le répéter aux nouveaux tributs. Au retour, je me faisais toujours passé pour un Muet, et cela m'amusais beaucoup. D'ailleurs, elle est là, la condamnée qui était dans ma chambre. Elle reste debout, incrédule en me jetant de rapides coups d’œils pleins de curiosité. J'ai eu rapidement peur qu'elle raconte tout ce que je lui avais confié, puis je me souvins que l'avis d'un Muet compte encore moins que celui d'un tribut.
- Chapitre 3:
Attention --> Point de vue de Shell ! Ma chambre est magnifique. Le fait d'avoir était sélectionnée apporte tout de même de bonnes choses : pour la première fois, je mange plus qu'à ma faim, et j'ai découvert le délice irréel qu'est le chocolat.
Je passe une main dans mes cheveux: à notre arrivée, nous avions été directement dans un grand salon de beauté et on s'était occupé de moi comme jamais. Bien que je n'avais que peu apprécié l'épilation, les produits qu'ils avaient mis dans ma chevelure l'avait transformée en masse épaisse, soyeuse et légèrement ondulée. Ils avaient affirmés n'avoir que rendu leur aspect naturel. J'étais ravie, et cela me faisait presque oublier la raison principal pour laquelle je me trouve dans cet endroit luxueux.
La parade a lieu ce soir. Je repense furtivement à mes parents, mais les range immédiatement dans un coin de ma tête. J'aurai des occasions moins agréables pour penser à eux, pour l'instant, j'allais, enfin j'espère, devenir belle et enfin aimée de tous.
Titani, ma styliste est particulièrement excitée. Sa tignasse blanche au mèches violettes rebondit sous ses gestes experts, et la flûte fixée dans ses cheveux dodeline dangereusement. Le reste de sa robe, violette également, est tellement serrée que j'ai peur qu'elle ne craque.
Mais non, elle s'active autour de moi.
- Une sirène ? Répète-t-elle avant d'éclater de son rire aiguë. Ma chérie, si tu savais à quel point s'est démodé !
Je ne me voie pas, mais vu les deux autres coiffeurs et maquilleurs qui s'activent autour de moi, le résultat promet d'être terrible, peu importe le sens du mot.
- Et Dayd, comment sera-t-il ? Me risquai-je à demander.
Je suis très intrigué par ce garçon. Jamais auparavant je ne l'avais vu, ni même aperçu au District. Et j'avais surpris la fin de la conversation avec Mags, qui disait qu'il ne fallait pas m'en parler. Mais de quoi ? Aucune idée. Enfin, de toute manière, cela n'a plus aucune importance désormais.
- C'est mon collègue qui s'en occupe. Nous n'avions pas réussi à nous mettre d'accord sur le thème, répondit-elle en grimaçant.
On tire mes cheveux et j'en eus les larmes aux yeux. Puis, Titani s'occupe personnellement des bijoux, diamants et autres accessoires. Et enfin, après des heures de tortures physiques, elle déclare théâtralement que ma préparation est terminée. Elle appuie sur un bouton et un grand miroir encadré de spots de lumières descend de plafond avant de se figer devant moi. Enfin, je pense que c'est moi, mais je ne me reconnais pas.
- Je suis censée être quoi, au juste ? Lâchai-je, admirative.
Ma peau mâte est parsemée de fine pierres précieuses blanches étincelantes, formant des dessins sur mes bras, sur mon ventre nu et sur mon visage. Je porte une sorte de jupe très longues en voile, très légère qui ondule alors qu'il n'y a pas l'ombre d'un courant d'air. Elle est fixée à la taille par une fine ceinture d'or aux perles nacrées. Ma poitrine est astucieusement camouflée par un filet nouée autour du cou. Des manches du même tissus que la jupe tombent sur mes mains. Quand à mes cheveux, ils sont simplement plaqués en arrière par une sorte de … nageoire aux couleurs claires et ils retombent en cascade le longs de mon dos.
- Je ne sais pas exactement, mais j'ai été particulièrement inspirée en te voyant ! Cette tenue te va à merveille !
Je ne trouve pas mes mots tant je me trouve hypnotisante. Je n'aurai jamais pensé porter une tenue comme celle-ci, même dans mes rêves les plus fou. Je tourne sur moi-même, et le voile s'envole, découvrant mes jambes recouvertes de pierres.
- Tu resteras pieds nus. De toute manière, tu ne quitteras pas le char, et je veux que mon idée soit respectée au millimètre près !
Conquise, je lui offre mon plus beau sourire.
Les autres tributs sont tout aussi rayonnants que moi. Ceux du District Six, celui du transport, ont la moitié de leur corps « robotisée », métallique, avec un œil rouge tandis que l'autre côté est resté simple. Je note la beauté de la fille du District du textile, le tribut féminin du Huit vêtue comme une petite ballerine et son partenaire est plutôt mignon dans son ensemble de soie précieuse. Les tributs de Carrières du Un, la luxure sont assortie dans leur tenue datant sûrement du Moyen-Age et ceux du District Deux, de la maçonnerie ont revêtu des armures rouges qui découvrent leurs atouts. Du côté du District de l'énergie, le Cinq sont à moitié translucides et je reste bouche-bée devant le District Trois, celui de la technologie, où les tributs ont été transformés en machines clignotantes de boutons et de lumière. Ils sont tous superbes, et j'ai peur de paraître niaise à côté. D'autant plus que je n'ai jamais été très à l'aise en public.
Dayd me tape sur l'épaule tendit que je me mordille les ongles de nervosité. Il émet un sifflement admiratif en me détaillant de bas en haut, et j'en suis limite gênée. Son regard a quelque chose d'embarrassant, et chaque fois que nos yeux se rencontrent, je baisse la tête, intimidée par ces deux perles sombres qui me transpercent.
- Tu es superbe, argumente-t-il.
Il n'est franchement pas mal non plus, bien que nous n'ayons aucune ressemblance. Il a l'air parfaitement humain contrairement à moi. Son costume de marin blanc lui va comme un gant et ses cheveux sont maintenant blonds très clairs. Son chapeau de matelot le rend parfaitement irrésistible et j'ai presque envie de lui retirer et de le décoiffer.
- Tu as fait quoi à tes cheveux ? Lui demandai-je en le détaillant.
Il toussote :
- Le styliste trouvait que je ne paraissait pas assez naturel … - Mais pourquoi tu avais cette couleur ? - Pourquoi pas ?
Il me sourit de toutes ses dents blanches. Peut-être parce que nous n'avons pas le matériel nécessaire pour nous permettre de telle coquetterie, au District.
- Qu'est-ce que tu caches ?
Il hausse les sourcils, étonné :
- Je pense n'avoir aucun compte à te rendre. Si j'ai l'envie soudaine de me confier à toi, je te ferai signe, d'accord ?
Il ponctue sa phrase d'une énième sourire charmeur et rejoint Mags, Gélika et nos deux stylistes. Il m'a littéralement cloué le bec, car le pire est qu'il a raison. On ne se connaît pas et dans quelques jours on s'entre-tuera donc je ne vois pas pourquoi je me mêle de ses affaires. Je reste un instant sur place, et les hurlements du public me ramènent à la réalité et je sens de nouveau une boule grossir dans mon ventre. Quand à Dayd, il a l'air plus préoccupé par le public, qu'il fouille minutieusement du regard.
Le discours du président Snow est interminable, et je me sens de moins en moins à l'aise. Je peine à garder une attitude sereine, mais les cris de la foule me mette dans un état de stress intense et j'ai peur de défaillir. Je sers mes mains pour calmer leurs tremblements en vain et tente de respirer calmement. Dayd me lance un regard inquiet qui confirme mon incapacité à camoufler mes émotions. J'ai l'impression d'être nue dans ce costume excentrique et je sens un filet de sueur me couler le long du dos.
Je donne un petit coup de coude à mon partenaire pour lui signaler mon malaise et il a seulement le temps de me rattraper avant que je ne tourne de l'oeil.
- Chapitre 4:
- Apprends à connaître les autres, Dayd. Tu sais parler, ils t'apprécierons.
Mags me touche gentiment la joue. Elle me l'a dit, à présent, je ne suis plus Daydané, mais Dayd. Un garçon du District Quatre qui n'a jamais mis les pieds au Capitole. Je tripote mes cheveux redevenus blonds et entre dans le grand Gymnase. Tout les autres ont commencé l'entraînement, et je note déjà l'assurance de certains au maniement des armes. J'observe un peu autour de moi et me décide finalement à rejoindre un stand de reconnaissance des plantes, où trois tributs écoutent attentivement le professeur. Je reconnais Line, la fille de quatorze ans du District Trois, Emma, la ballerine du même âge venant du Huit et son coéquipier de douze ans, Josh. Ils me sourient timidement en m'apercevant et nous commençons ensemble les tests.
Je change d'entraînement toutes les heures, voulant apprendre le plus de choses possible. Je ne connais rien, à cause de mon mode de vie, et j'ai bien peur que cela ira à mon encontre une fois dans l'Arène. Finalement, je ne sais pas si c'était vraiment une bonne idée, de me porter volontaire juste pour faire réagir le Capitole. C'est ma vie que je viens de mettre en jeu, pour un plan que je n'ai même pas établie. Je détestais ces Jeux, quand j'en voyais les images je fuyais, et voilà que je me retrouve en pleins dedans de mon plein gré. Mais que je suis stupide ! Qu'est-ce que j'espère ? Qu'en me reconnaissant, ma famille et mes amis vont se révolter, que cette émission va de suite s'arrêter ? De toute manière, s'en est fini de moi. Si il se passe quelque chose, de toute manière, je vais mourir. Je me plaignais de ma vie routinière et sans problème, et bien voilà, enfin un peu d'action. Personne n'est au courant de mes réelles motivations, même Mags, qui malgré tout se doute de quelque chose. Je n'ai envie d'impliquer personne, pour éviter qu'elle soit punie si cela se passe mal. Mais je n'ai jamais été doué pour monter des stratégies, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
Je m'énerve tout seul sur le nœud compliqué que j'essaie de réaliser depuis un bon moment.
- Tu ne passe pas la corde où il faut, regardes, je vais te montrer.
Shell me prend l'objet de mon énervement et recommence l'exercice d'une main experte. Son petit malaise n'avait rien de grave et n'était dû qu'au stress. Elle a repris des couleurs et elle affirme aller beaucoup mieux. Après avoir manipuler la corde, elle me l'a tend fièrement en m'expliquant une énième fois le mouvement à faire. Je grommelle un rapide remerciement. Elle me quitte en expliquant vouloir apprendre à grimper.
Dès son départ, la bande des Carrières me rejoint et s'assoit près de moi en prenant un bout de corde. Speck, le garçon du Un, me lance un grand sourire sournois. C'est étrange car son visage dur se métamorphose aussitôt malgré le fait que je doute fortement de sa sincérité. Ses yeux bleus glacials se mettent à briller et il s'étire nonchalamment, en prenant bien soin de contracter ses muscles saillants.
Shine, sa coéquipière replace une mèche de ses cheveux bruns en me détaillant de bas en haut. Leven, la petite fille du Deux, qui s'est portée volontaire, sautille sur place. Jamais de ma vie je n'ai vu de fillette aussi étrange. À seulement treize ans, sa vie se résume déjà à tuer. Sa tête de fouine ne fait que confirmer mes dires sur cette gamine insignifiante. Son partenaire est tout l'opposé. Il me semble qu'il s'appelle Ned et qu'il a seize ans. Depuis mon arrivée, je ne l'ai pas vu sourire une seule fois, et il garde tout le temps les sourcils froncés, le visage fermé et chaque personne qui a le malheur de lui parler se prend une réponse cinglante à la figure.
- Besoin de quelque chose ? Enquit-je, intimidé mais pas soumis. - On voulait te féliciter, dit Speck.
Les autres hochent la tête. Manifestement, c'est lui le leader du groupe. J'ouvre de grands yeux surpris. Me féliciter de quoi ? Ce n'est qu'un simple nœud, et je n'ai même pas réussi à le reproduire. Devant ma mine étonnée, Shine prend la parole :
- Ce que tu as fait pour que vous vous fassiez remarquer, au Défilé. Il fallait y penser. - Bravo, vous avez réussi à nous volez la vedette, reprend Speck. - Mais je n'ai rien fait. J'ai juste …
Je repense à la scène. Shell qui tombe dans les pommes, et moi qui l'a rattrape maladroitement, l'a faisant basculer du char. Mon geste peu assuré aurait pu faire penser à une attaque. J'ouvre la bouche, mais Leven me devance :
- Comment tu lui as fait manger sa nageoire, à ta copine ! Bim, un coup dans les dents ! C'était trop bien ! Même moi je n'aurai pas pensé faire ça, quel culot !
Ned l'attrape par la taille et l'emmène plus loin pour la faire taire.
- En tout cas, vous avez réussi votre coup. Toutes les lumières se sont portées sur vous, continue Speck.
Je me tais car je sais que ça ne sert à rien de discuter avec eux.
- Et puis, franchement, admettons qu'elle l'a bien cherchée, la petite Shell, lâche Shine. Elle est tellement … je ne sais pas, elle me plaît pas, elle joue la sensible, la petite princesse malheureuse. Je déteste ça. - J'aime bien les personnes comme toi, qui n'ont pas peur de se faire des trucs de fous pour se faire remarquer, dit Speck sans écouter les paroles de son amie. - Ça m'avait paru une bonne idée, me justifiai-je.
Que puis-je faire d'autre ? Nier les faits ? Ça ne jouerai pas en ma faveur, de plus ils ont l'air absolument convaincu de mon attaque. Alors je continue de parler avec eux, et lorsqu'ils me proposent de déjeuner à leur table, je ne peux qu'accepter.
Les alliances commencent déjà à voir le jour, au réfectoire. Seul quelques rebelles ou antisociales restent seuls, sinon chacun est accompagné. Les critiques fusent de partout, et tous s'observent comme des proies.
- Tu vois qui est Ramon, du District Six ? Me demande Shine en remplissant son verre d'eau.
Aucune idée. D'un geste du menton, elle me montre la table voisine. Plusieurs tributs sont assis et dévore les paroles d'un métisse aux yeux clairs. Il semble profiter allègrement de cette attention.
- Personne à notre table ne le supporte. - Ah ? Répondis-je distraitement. - Enfin, regardes-le ! Il se pavane, se fait remarquer. Tout ça parce qu'il sait faire des pièges avec n'importe quoi et qu'il a la force d'un Dieu.
Elle renifle avec mépris.
- De toute manière, tout le monde sait que lorsque l'on montre trop notre force, on ne va jamais loin, conclu Speck.
***
Je prend l'arc entre mes mains et tente de le tenir correctement, sous les conseils du professeur. C'est ridicule. La flèche se balance de gauche à droite sans trouver de point d'appui correct et l'arc tremblote. Les autres tributs à côté de moi ont l'air de savoir beaucoup mieux le manier que moi, certains touchent précisément leur cible.
La salle d'entraînement respire la concentration. Chacun s'implique à fond dans son exercice, et le silence est seulement perturbé par les tributs s'initiant au combat. La bande de Speck m'a enfin lâché, alors j'en profite pour apprendre calmement. Le grand jour arrive à grand pas et je ne suis toujours pas au niveau du plus faible. Enfin, j'exagère. Deux fois par semaine depuis six ans, au Capitole, je faisais des arts martiaux. J'ai donc un assez bon niveau au corps-à-corps, mais je sais que ça ne fera pas tout.
Je bande mon arc et me concentre sur la cible. Mais un cri me fait faire volte-face et la corde m'échappe. La flèche vient se planter dans un mur, à quelques millimètres de Ramon. La manche de se dernier s'est légèrement déchirée lorsque ma flèche l'a frôlé.
- DISTRICT QUATRE ! Hurle l'Entraîneuse alors qu'elle se dirige dangereusement vers moi.
Je met un instant à comprendre que c'est moi qu'elle appelle.
- Pas d'attaque directe à l'entraînement ! Vous n'avez pas écouté mes consignes ?
Pour être honnête, non, pas vraiment. J'étais trop occupé à regarder mes adversaires. Mais je sais déjà depuis bien longtemps qu'il ne faut avoir aucun contact avec d'autres tributs.
- Ce n'est pas un combat, je l'ai juste effleuré de ma flèche, je répond d'un ton cassant.
Ce n'est franchement pas malin de faire le fanfaron, mais je n'ai jamais supporté qu'on me parle de la sorte. Si cette femme avait osé me crier dessus dans mon ancienne vie, elle serait morte exécutée depuis longtemps. Enfin, après tout, cela pourrait peut-être plaire aux juges.
Tous les élèves ont cessés leur occupation pour me regarder. Je croise le regard hilare de Speck et de sa bande. Quand à Ramon, il a réagi en arrachant la flèche du mur et en l'a jetant au loin. Les juges se sont tous levés et m'observent d'un air étonné.
- Il n'en reste pas moins vrai que vous avez failli tuer un autre tribut, et là, vous auriez eu de gros problèmes !
Je détourne la tête d'un air hautain.
- Il n'en reste pas moins vrai qu'il n'est pas blessé. - Vous vous excuser maintenant, ordonne-t-elle.
Je manque de m’étouffer avec mon propre orgueil. M'excuser ? « Désolé Ramon, même si je sais que tu vas me tuer! ».
- District Quatre, vous vous excusez ou je vous bannis de la salle d'entraînement pour la fin de la journée et pour demain.
J'y réfléchis une seconde. Mince. J'ai absolument besoin d'apprendre ces techniques de survie, là-bas. Un regard du côté de Speck, puis du côté du regard assassin de Ramon me fait prendre ma décision et, sans aucune hésitation, je sors, la tête haute. J'ai définitivement perdu toutes mes chances de gagner mais au moins j'ai intrigué tout le monde, et surtout défié le Capitole en réagissant ainsi.
J'ai tout de même eu la chance de ne pas être renvoyé de la salle d'entraînement. Par contre, je me suis fait sacrément remis en place au repas. Gélika était encore dans une colère noire et elle m'insultait de fou furieux. Shell s'enfonçait dans son fauteuil tant elle était gênée pour moi. Depuis que je me suis porté volontaire, ma sœur est dans un état de nerfs assez incroyable. Avec Shell, elle se comporte comme une maman toute gentille qui lui donne des conseils en lui caressant les cheveux, et à moi c'est à peine si elle ne m'étrangle pas en même temps de m'ordonner de survivre.
Mags m'a aussi réprimandé par rapport à l'incident de l'entraînement, mais d'une manière plus douce. J'ai beau leur expliquer que je ne l'ai pas fait exprès, rien à faire. C'est comme pour le Défilé et ma soi disant attaque contre ma partenaire. Je n'ose pas aborder le sujet, apparemment il n'y a que les Carrières qui ont cru cela, et heureusement. Je n'imagine pas si Gélika apprenait que j'avais agressé, même pour de faux, sa petite protégée (ou comment mourir avant d'entrer dans l'arène).
Je ferme doucement la porte de ma chambre. L'étage est plongé dans le silence, alors je m'avance d'un pas de loup à travers les couloirs. Énervé à cause de Gélika, je n'avais pas mangé durant le repas, et maintenant je meurs de faim.
Le salle à manger est éclairée. Shell est assise, la tête entre les mains. Je l'entend sangloter. Est-ce que je vais la voir ou je la laisse seule ? Je pose ma main sur son épaule et elle sursaute. Elle essuie ses larmes d'un revers de main.
- Que fais-tu là ? Me demande-t-elle d'une voix chevrotante. - Et toi ? - Si c'est pour me faire des remarques, tu peux partir. Je voudrais être seule.
Je prend une chaise et m’assoie à côté d'elle. Je m’efforce d'adoucir mon ton brusque que j'ai toujours eu.
- C'est faux. - Comment tu peux le savoir ? - Si tu aurais voulu rester seule, tu serais restée dans ta chambre, c'est là que tu as le moins de chance de croiser quelqu'un.
Elle hausse les épaules et renifle. Ces longs cils sont trempés de larmes.
- Je pense à mon petit copain, commence-t-elle. À son regard quand il a dû me quitter. Il savait déjà qu'on ne se reverrait jamais. Il est conscient autant que moi de mon incapacité à survivre dans des conditions difficiles.
Je me mords les lèvres : que répondre à cela ?
- On est tous condamnés, je dis simplement. Il faut seulement que tu te batte pour aller le plus loin possible. Même si tu ne gagne pas, il sera fier que tu te sois débrouillée. - Je ne pourrai pas …
Elle change subitement de sujet:
- Tu vois, chacun a une motivation pour aller loin, moi aussi. Même les carrières. Mais toi, Dayd, je ne t'ai encore jamais entendue parler de ta famille, de tes envies. Ça n'a donc pas d'importance pour toi, de survivre ?
Je reste silencieux un instant. Bien sur que ça a de l'importance. Bien sur que j'aimerai revoir ma famille. Mais il faut bien que quelqu'un essaie de faire réagir le monde.
- J'ai dû faire des choix.
Elle m'attrape le bras et me chuchote :
- Mais quels sont ces choix, Dayd ? Tu ne t'es pas porté volontaire pour rien, c'est impossible. Tu as sauvé ce garçon, mais combien de jeunes vont encore mourir dans quelques jours, ou dans les années à venir ? - Je te mettrai en danger si je te disais quoique ce soit. - Et alors ? S'exclame-t-elle. Je suis déjà morte, c'est toi qui l'a dit ! - Tu voudrais que ton petit ami en subisse les frais, alors ?
Elle se calme enfin et se lève :
- Je le découvrirai par moi-même, et quand j'aurai trouvé, je ferai tout pour t'aider. - C'est ridicule. Comment peux-tu m'aider à quelque chose que je ne sais même pas moi-même ?
Elle fronce les sourcils, embrouillée. J'ai toujours été doué pour emmêler les gens, mais le problème c'est que, du coup, je me perds dans mes paroles. Un vent d'incompréhension s'installe un instant. Puis elle déclare d'une voix éteinte qu'elle retourne dans sa chambre.
J'appuie sur la télécommande et une tarte au pomme jaillit de la table.
- Chapitre 5:
Encore ensommeillé, j'enfile la tenue réglementaire de la salle d'entraînement et me recouche sur mon lit quelques instants, les yeux fermés. Quelqu'un me secoue violemment et je me redresse d'un bond.
- Tu le fais exprès ? - Quoi ?
Gélika me tire du lit et me traîne au dehors.
- Tu es en retard, Dayd, tout les tributs ont commencé l'entraînement depuis une bonne heure. Mags et moi te cherchait partout, et toi, tu dors ! - Je ne me suis pas rendu compte que je m'étais rendormi.
Mags me prend par le bras et sourit à ma sœur :
- Je vais m'occuper de lui, merci de l'avoir retrouvé.
Elle m'accompagne ensuite au gymnase.
- Tes parents sont venus me parler, hier.
Mon cœur manque un coup : elle est donc au courant ? Je feinte l'étonnement :
- Mais, comment est-ce possible … - Arrête de me prendre pour une idiote, s'il te plaît. Bref, ils étaient en colère et voulaient que tu sois de suite retirer du Jeux. J'ai dû leur expliquer maintes et maintes fois l’impossibilité de la chose. Ils ne comprennent pas. - C'est parfait. - Je ne crois pas. Ils en ont parlé à toutes leurs connaissances, qui en ont parlé à d'autres … enfin, comme toutes les rumeurs, et tout le Capitole est au courant. Cela ne m'étonnerait guère que Snow ait appris la nouvelle.
Là, pour le coup, c'est moins parfait. Si le président connaît ma vraie identité, je ne donne pas cher de ma peau, une fois dans l'Arène. Une sorte de punition mortelle me pend au nez, tout à coup. Je m'éclaire la gorge et m'enquis :
- Qu'est-ce que je dois faire ? - Tu arrêtes de te faire remarquer, et tu fais profil bas. Peut-être qu'on pourrait tourner ta participation inégale en une sorte de soumission, d'adoration totale aux jeux. Tu sais, comme certains habitants du Capitole qui serait près à s'inscrire si ils en avaient le droit. - Donc ? - Joue la carte bourgeois admirateur qui ne réfléchit pas trop. Tu pourrais même t'attirer des sponsors et je pense que tu pourrais aller très loin dans le jeux. Les capitoliens vont s'identifier à toi, du coup ils s’attacheront et feront tout pour que tu gagnes. - Mais mon but n'est pas de gagner ! M'écriai-je. Je pensais que tu avais compris, ce que je veux, c'est que cela cesse, pas survivre et être traité comme un roi. Si j'aurai désiré ça, je ne me serai pas porté volontaire et j'aurai continué ma petite vie sans importance. - Tu désires provoquer une soulèvement du Capitole ? - Oui … Non … enfin, je ne sais pas trop … - Alors réfléchis bien, Dayd. En attendant, souviens toi de ce que je t'ai dit. Et une fois dans l'Arène, je veux que tu ne reste jamais seul. Tu ne t'en sortiras jamais sans aide.
En clair, cela veut dire que je suis un incapable. Mags m'abandonne à l'entrée du gymnase en me répétant de me faire tout petit. Je bougonne en rejoignant Shell, au stand d'armes blanches. Elle discute avec les tributs du District Trois et Cinq. Ils se présentent : Line, une pro des pièges de quinze ans au caractère bien trempé et Matt, quatorze ans et beaucoup trop sérieux pour son âge. Leurs tâches de rousseurs et leurs yeux de chat font qu'ils se ressemblent énormément. Ils m'apprennent qu'ils sont cousins, ce qui me pince le cœur. Être choisi est déjà horrible, alors que quelqu'un de sa famille le soit avec vous est carrément le comble de la malchance. L'autre District se compose de Clari, seize ans et Vigor, dix-huit ans. Ce dernier a l'air d'avoir un contrôle de soi incroyable et il est très calme. Malgré tout je remarque qu'il remet chaque arme précisément à sa place, au millimètre près et qu'il a tendance à un peu trop ranger derrière lui. Speck vient à la rencontre de Line, une expression satisfaite sur son visage.
- Comment est-ce qu'une jeune fille aussi mignonne que toi peut avoir été choisi pour participer aux Hunger Games ? Commence-t-il.
Elle ouvre de grands yeux étonnés. C'est la première fois qu'il vient lui parler. Il continue :
- Pauvre de toi. Et dire qu'à la seconde où l'on commencera le jeu, tu seras morte … C'est un vrai gâchis.
Il fait mine de lui caresser les cheveux, mais elle recule brusquement avant de rétorquer :
- Je ne sais pas à quoi tu joue, mais ne crois pas que c'est parce que tu es un carrière que je vais m'aplatir devant toi !
Speck part dans un éclat de rire sonore :
- Ce n'est pas mon intention. J'aime dire ce que je pense. Et je pense que tu es bien trop jolie pour gagner. - C'est ce que tu crois !
Elle hausse le ton et envoie sa main qui promet d'être une claque monstrueuse. Mais Matt arrête son geste et conseille à Speck de cesser son jeu. Celui-ci rigole, et rejoint sa bande qui n'a pas manqué une miette du spectacle.
- Alors à ce qu'il paraît tu t'es porté volontaire ? Me demande Clari en visant une cible.
Qui lui a dit ? J'interroge Shell du regard. Elle me fait une moue sceptique. Matt intervient :
- Ne t'en prend pas à Shell de nouveau, tout le monde est au courant. - Comment cela « de nouveau » ? - Tout le monde t'as vu au Défilé, alors arrête de faire l'innocent, lâche Line, toujours énervé de Speck.
C'est au tour de Shell de me lancer un regard interrogateur.
- Je ne frappe pas les filles. - Les images ne trompent pas ! Reprend Clari.
Pris au dépourvu, je sens la colère me chauffer les joues. Ma partenaire prend ma défense :
- Non, il ne m'a pas attaqué, je me suis juste évanouie ! - Il a une drôle de façon de rattraper quelqu'un, alors.
Clari et Line refont alors la scène et s'écroulent l'une sur l'autre, hilares. Un entraîneur les sermonne alors et elles se calment aussitôt.
Au fond de la salle, je vise un tout petit étalage avec un professeur qui a l'air de s'ennuyer profondément. Je le salue brièvement et il m'explique d'une voix las :
- C'est un dictionnaire holographique. Il te suffit de faire glisser ton doigt sur l'écran et tu choisis ce que tu veux. La machine fait alors apparaître n'importe quelle arme pour que tu l'utilise.
Je n'écoute pas plus et sélectionne une arme à feu, intrigué. L'hologramme se matérialise entre ma main. Un joli flingue datant de deux siècles plus tôt. Je siffle d'admiration, mais l'homme m'arrête :
- Il n'y aura pas de ça dans l'Arène.
Je le sais bien. Mais du coup, c'est stupide qu'elle se trouve ici. Je brandis l'arme devant moi en mimant un coup de feu. Le prof me prévient alors de la sensibilité mais je continue mon petit jeu. Je suis tellement concentré que lorsque l'on m'interpelle, je me retourne et, par pur réflexe, mon doigt se rétracte sur la gâchette. Le tir part dans un son assourdissant et manque de peu le bras gauche de la petite tribut du Huit. « C'est reparti ... » La bande de Speck éclate de rire, mais le hurlement de l'Entraîneuse en herbe recouvre leurs voix. Bon. Aucun excuse ne sera accepté aujourd'hui.
- Chapitre 6:
J'ai été consigné dans ma chambre pour le reste de la journée, avec interdiction formelle dans sortir avant la présentation devant les Jury. Alors je tourne en rond, je réfléchis, je m'énerve, je me calme et ça recommence. Ce n'est pas le fait de mourir qui me met dans cet état, mais celui de mal faire. Le problème, c'est que je ne sais pas comment faire. Je pensais quoi ? Que juste du fait que je sois du Capitole, les gens réagiraient et les jeux s'arrêteraient ? Je décide de prendre une douche pour me changer les idées. Dès que je tourne le robinet, une pluie mousseuse à la cerise manque de m'étouffer. Je suis allergique à la cerise, je me met aussitôt à tousser comme un demeuré en sortant de la salle de bain, trempé dans ma serviette. Une muette me surprend et elle tourne la tête en me tendant un papier, gênée de me voir comme ça. Puis elle repart aussi vite qu'elle est venue. Le mot me donne l'heure du passage, dans dix minutes. Il faut que j'y sois cinq minutes avant. Je balance alors ma serviette, enfile la tenue en quatrième vitesse et court, les cheveux encore dégoulinants.
Mags m'accueille devant la salle et semble soulagée de me voir à l'heure. Elle me demande ce que je vais présenter, mais j'en ai aucune idée. Alors elle hoche la tête, comme si elle s'attendait à ce que je lui réponde cela et elle me conseille de demander un adversaire pour que je me batte au corps-à-corps.
- Ce n'est pas très original, mais au moins tu présentera quelque chose de correct, conclu-t-elle.
Gélika mordille ses ongles bleus, à côté. Je sens qu'elle se retient de pleurer et qu'elle essaie de faire bonne impression. Mais je crois qu'elle est beaucoup plus stressée que moi. Je lui souris et à mon grand étonnement, elle me prend dans ses bras et me serre jusqu'à me couper le souffle :
- Je t'aime mon frère.
J'en reste bouche-bée. Ma sœur, me manifester un quelconque signe d'affection ? Je détaille son énorme queue de cheval grise et rose et son bustier assortie. Oui, c'est bien elle, la fille grognon qui me crie tout le temps dessus depuis quelques jours. Je m'embrouille dans mes mots et lui répond un « moi aussi » qui fait pitié. Puis elle me pousse dans la salle en me donnant une claque sur les fesses.
Pas un bruit ne viens perturber celui de mes pas quand je pénètre dans le grand gymnase. J'ai du mal à discerner les juges, mais je vois qu'il sourit en me voyant. Je me plante devant eux, les bras ballants et je m'éclaircis la voix :
- District Quatre, Dayd Kalian.
Je regarde autour de moi.
- J'aurai besoin de quelqu'un pour m'aider dans ma présentation.
Une grande porte s'ouvre alors au fond et l'Entraîneuse en chef me rejoint. Je déglutis. Nous ne sommes pas en très bon terme tout les deux, et je vois à son sourire cruel qu'elle ne va pas me faire de cadeau. Le Capitole sera heureux de voir que je vais me faire massacrer et qu'il faudra un brancard pour me transporter. J'ai soudainement une idée, risquée, mais une idée tout de même. Je demande à mon adversaire de s'allonger par terre. Elle s’exécute, intriguée pendant que je m'agenouille près d'elle, face au juges. Puis, d'une voix claire et assurée, j'explique en même temps que je montre :
- En mettant mes mains de cette manière, et en exerçant une pression entre les côtes, je peux sauver. Je ne vous montre pas le geste entièrement car si la personne n'est pas morte, cela risque de faire l'effet inverse.
Ensuite, je relève la nuque de la femme et lui bouche le nez un instant en faisant mine de poser mes lèvres sur les siennes. Elle me repousse violemment, mais le jury l'arrête et me dit de continuer. Je me replace sur mes genoux :
- Ne vous inquiétez pas, chère Madame, je n'aurai pas osé.
Pendant de longues minutes, je continue mon explication, passant des techniques pour arrêter une hémorragies à la position latérale de sécurité en abordant les trompes faims et tout ce qui va avec. J'aide finalement l'Entraîneuse à se relever et me tourne vers mes spectateurs :
- Comme vous avez pu le constater, chaque technique de survie montrée ici pourra me servir une fois dans l'Arène. Mais, dans le cas inverse où je désirerai me débarrasser d'un adversaire un peu trop dangereux, je n'aurai qu'à faire cela. Madame, je vous préviens d'avance que vous n'allez rien sentir.
J'illustre mes propos en appuyant avec deux doigts en dessous de sa mâchoire, et aussitôt, sans un cri, elle s'écroule lourdement.
- Je vous remercie de votre attention et vous souhaite, à l'avance, de joyeux Hunger Games.
Après un court résumé de mon passage, en omettant les plus gros détails, Mags me considère un instant puis demande à Shell ce qu'elle a présenté. C'est drôle, à regarder ma coéquipière dans sa chemise de nuit en soie et moi dans mon jogging gris et t-shirt blanc, ce serait impossible de deviner que c'est moi qui viens du Capitole. Seul ma posture droite me trahi.
- J'ai crée un piège. J'ai d'abord fabriqué un simple filet puis j'ai incrusté dans la corde du fils de pêche. Avec tout un système, lorsque quelqu'un met le piège dedans, il se retrouve emprisonné avant de comprendre, et si il essaie de se débattre, le fils lui lacérera la peau et alors ça peu très vite s'infecter.
Pas mal du tout. Je ne la pensait pas aussi sournoise. Ça en devient même effrayant. Elle cache peut-être d'autres choses dans ce genre et il vaut mieux que j'évite de trop baisser la garde devant elle. Gélika l'applaudit, impressionnée et nous reportons notre attention sur la télé afin de connaître les notes de nos adversaires. Aucun des Carrières n'a de notes en dessous de huit. Je n'écoute pas les autres résultats car d'un coup je ne suis plus trop sur de mon coup. Vouloir me moquer d'eux en montrant mes talents de soigneur plutôt que de meurtrier jouera sûrement contre moi. Les gens ne veulent pas de ce genre de chose. Shell a obtenu la note de sept. Et enfin, je vois mon visage suivi du nom de mon District et César déclare mon score. Je m'enfonce dans ma chaise et j'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi lorsque j'entends «trois». Trois pairs d'yeux se tournent vers moi, choqués.
- Mais qu'est-ce que tu as fait ? S'exclame Gélika en frappant sa tête de sa main remplie de bagues.
Je bégaie :
- M-mais je pensais que … - Et tu crois vraiment qu'avec cette note ridicule tu vas avoir des sponsors ? Si tu es censé représenter les habitants du Capitole, et bien j'ai peur pour la suite ! - Je pense plutôt que les organisateurs veulent qu'il perde des sponsors, déclare Shell d'une voix calme. C'est logique, tout le monde doit vouloir sa victoire. Si il n'y a aucune rivalité entre fan de tributs, les jeux seraient inintéressant et tout le monde saura d'avance qui gagnera. - Ce que tu dis tiens la route, reprend Mags. C'est plutôt astucieux. Mais Dayd, étant donné que ton but n'est pas de survivre, cela n'a aucune importance pour toi, n'est-ce pas ?
Elle plante son regard dans le mien et je ne peux qu'acquiescer. Elle a raison, et je le sais. Il ne faut pas que je gagne, sinon toute ma stratégie tombera à l'eau.
- Tu as intérêt à assurer à l'interview au grand Cirque, me prévient Gélika.
Je l'avais oublié, celle-là. Je sens Shell se crisper. Elle n'est décidément pas à l'aise du tout en public et la simple idée d'être sous le feu des projecteurs la met dans tout ses états. Remarquant son malaise, Mags entreprend alors de nous expliquer comment nous comporter et c'est avec attention que je l'écoute. Au moins cette fois, il faut que je fasse quelque chose de bien.
- Chapitre 7:
Ils brillent, les Carrières. Chacun se dévoilent sous leur meilleur jour, se vendant de manière particulièrement rusée. Speck use de son charme et de son sourire ravageur et Shine parle de sa rancune qui peut se révéler devenir violente. Quand à Leven, elle exprime son désir sincère de vivre au Capitole et qu'elle fera tout pour parvenir à réaliser son rêve. Ned reste particulièrement fermé comme à son habitude et ne se déride même pas quand César plaisante sur le nombre de femmes qui donneraient tout pour être à ses côtés. Shell enfonce ses ongles dans mon bras quand elle réalise que c'est son tour.
- Pense à ton chéri, l'encourageai-je. - Il ne m'aura jamais vu aussi belle, dit-elle en riant nerveusement.
Je détaille sa robe bustier bleue à froufrous et ses boucles blondes. Très jolie, en effet. Je n'arrive pas à m'imaginer ce que cela fait de voir partir à la mort quelqu'un qu'on aime. Je suis tout de même heureux de ne pas avoir à connaître ça. Mags lui dit de s'avancer près de la scène et d'attendre. Elle prend alors son courage à deux mains et s'avance, d'un pas aussi décidé que ses talons hauts lui permettent et à l'annonce de son prénom, elle se dévoile au public, embarrassée au plus haut point. Et César continue son petit numéro du présentateur joyeux. Il tente de la mettre à l'aise, mais c'est peine perdue. Shell s'agrippe aux accoudoirs et un faux sourire est figé sur son visage. Elle répond à ces questions par des bribes de paroles assez confuses, sauf quand il commence à parler de son petit ami. Aussitôt, son sourire s'efface et son visage s'assombrit.
- J'espère qu'il ne m'oubliera pas, lâche-t-elle. - Pourquoi dis-tu ça ? Tu as toutes tes chances de le revoir ! Tu crois que ça lui plairait d'entendre sa chérie être pessimiste comme ça ? Allez, refais-moi ton beau sourire, je sais qu'il n'attend que ça.
Elle étire le coin de ses lèvres, mais son regard reste mélancolique, et à ce moment j'ai vraiment de la peine pour elle. Pour elle, et pour tous les tributs qui, pour la plupart, ont quitté leur famille contre leur gré pour ne plus jamais les revoir. Que pense César de ces jeux ? Il m'a l'air trop malin pour n'y voir qu'un passe-temps, et la manière dont il surjoue tout le temps son rôle de présentateur pourrait cacher un personnage plus qu'intelligent, mais coincé dans son métier.
- … Un tonnerre d’applaudissements pour Dayd !
Déjà ? Surpris, je m'élance vers la scène trop éclairée à mon goût. Des cris d'hystéries me donne envie de rentrer six pieds sous terre et je comprend la réaction de Shell, bien qu'un peu exagérée à mon goût.
- Tu es superbe ! Siffle le présentateur.
Je réajuste fièrement ma veste de costume bleu, seul élément coloré dans le noir de ma tenue. J'ai été surpris que Molin, mon styliste ait créé quelque chose d'aussi peu loufoque, mais il m'a expliqué qu'il l'avait fait en fonction de mon personnage. Mais quel personnage ? Mystère.
- Je crois qu'on est tous d'accord ici pour affirmer que tu représente la classe en elle-même ! S'exclame César en s'adressant au public.
Les hurlements confirme ses dires et je souris, flatté. Je me sens tout petit avec tout ce monde et je ne peux pas m'empêcher de penser que dans le public se trouve ma famille et mes amis. Peut-être sont-ils les seuls à ne pas se réjouir de ma notoriété, ou peut-être sont-ils les premiers à m'acclamer. Mais ça je ne le saurai jamais.
- Tout le monde est au courant pour ton volontariat, Dayd, continue-t-il. Mais nous savons aussi que tu ne connaissais pas ce garçon que tu as remplacé. Pourquoi tu t'es donc présenté ?
Tiens, alors comme cela ils ont préféré ne pas parler de ma vraie vie ? C'est drôle car ce n'est plus un mystère pour personne. J'essaie donc d'être le plus convaincant possible :
- Et bien … Depuis que je suis tout petit, les jeux de la faim m'ont toujours fasciné. Ressentir cette peur constante, se sentir vivre, se battre, j'avoue que cela m'attirait énormément. Mais je n'ai jamais osé aller plus loin que l'admiration, car effrayé. Le jour de la Moisson, quand j'ai vu Spike, ce gamin d'à peine douze ans être désigné, je me suis dis que je devais réagir. Alors me voilà !
J'écarte les bras pour appuyer mes propos. Ça va, je m'en sors bien pour l'instant. César rit, alors que ce n'est pas censé être drôle.
- Tu es donc l’équivalent d'un Carrière ? - Pas tout à fait. Je ne me suis pas entraîné en dehors de l'entraînement, et je suis loin d'être à leur niveau. - Et une fois dans l'Arène, as-tu une idée de ce que tu feras ? - Je le saurai le moment venu. Tout dépendra du lieu et de mes capacités. En tout cas je sais que je vaux bien plus que le trois que j'ai eu. - Que s'est-il passé, d'ailleurs?
Il se penche vers moi, intrigué.
- Si je le savais ! Je pense que les juges n'ont pas été très réceptif à ma présentation, mais je les comprends parfaitement et je trouve qu'ils ont tout de même été généreux sur ma note !
Là, par contre, je commence à trop jouer. Alors je me tais subitement et César change de sujet comme s'il avait compris. Je suis décidément doué pour parler avant de réfléchir. Heureusement, mon temps de parole est terminé, alors après avoir salué le présentateur et le public, je rejoins ma place comme un bon petit tribut pour écouter le reste des interview.
C'est étrange de se retrouver seul dans les couloirs. D'habitude, je suis toujours escorté, mais la fin des interviews s'est mal passé, un jeune garçon a fait un malaise, du coup beaucoup ont été mobilisés pour calmer la foule en délire. Alors je suis seul à notre étage, le premier à être remonté. Shell a décidé de rester pour signer quelques autographes en me proposant de faire comme elle, mais dans mon cas, je n'en vois pas la nécessité. Je desserre ma cravate noir et me passe une main sur le visage. J'appuie sur un bouton pour que la porte en face de moi s'ouvre, et deux Pacificateurs apparaissent à l'entrée, armés jusqu'aux dents. Ils m'attrapent chacun par un bras et me soulève sans ménagement, sans tenir compte de mes protestations. Mes jambes battent ridiculement dans le vide tandis qu'ils me jettent dans un bureau aux murs tapissés de livres.
- Bonsoir, Daydané ! Heureux d'avoir enfin l'occasion de te rencontrer !
Je reconnais Neyo, l'assistant de Snow. Il se tient debout devant son bureau, extrêmement raide et l'expression de son visage n'est pas un appel aux banalités d'usages. Je n'ai pas le temps de répondre qu'il reprend d'une voix glaciale :
- Je crois que ton petit jeu à assez duré, tu ne crois pas ? Tu déshonore tout le Capitole à participer à ces Jeux. Te rends-tu compte que tu viens de faire de ta famille la risée de tout Panem ? - Vous allez me renvoyer chez moi ? Dis-je d'un ton provocant.
Il a un petit rire méprisant :
- Bien sur que non. Tu as dis que tu voulais t'amuser, pourquoi allons-nous te priver de ce plaisir ? Mais tu n'as pas intérêt à commettre la moindre erreur, sinon ce n'est pas toi qui endurera le fruit de ton petit jeu. - Ma famille n'a rien à voir avec ma décision. J'ai fais ce choix moi-même et ils n'auraient jamais été courant si ils ne m'avaient pas vu. - Brave jeune adolescent rebelle. Ne me force pas à répéter ce que je viens de dire. C'est Snow en personne qui m'a chargé de te parler, donc je serai toi, je me calmerai rapidement, en particulier une fois dans l'Arène si tu ne veux pas que ta famille en pâtisse. Peu importe ce que tu comptes faire pour bouleverser le déroulement des Jeux, tu as plutôt intérêt à te mettre dans les rangs de tes petits camarades et faire sagement ce qu'on te dit de faire. Est-ce bien clair ?
Sur ce, les deux Pacificateurs reviennent me chercher et alors que j'allai passer la porte, je cri à l'intention de Neyo :
- Tout le plaisir est pour moi ! Et puisse le sort vous être favorable !
La suite page 4
Dernière édition par -Shell- le Lun 22 Juil - 0:59, édité 10 fois | |
|