Les 52e Hunger Games - Marthy - FICTION TERMINEE

A un moment tu dis que Leila est prête à partir dans le sens inverse, mais à la fin, quand les visages apparaissent dans le ciel, elle est soit disant morte pendant le bloodbath, .... C'est bizarre non?

[/size]À travers les couloirs en labyrinthe, quelqu'un marche, tout près. Peut-être qu'il me cherche, ou peut-être cherche-t-il à me fuir. Une chose est sur : je n'ai pas peur. Si mes mains tremblent, c'est simplement dû au manque. Au Capitole, les gens doivent bien s'amuser lorsqu'ils me voient. Avec mon œil au beurre noir, mes lèvres rougis à force d'être mordus, mes cheveux et ma tenue poisseux de sang séché et de sueur, je porte bien mon étiquette du fou. Et mon attitude de drogué n'arrange en rien les choses. Plusieurs fois je me suis surpris à parler tout seul, à baragouiner des mots dénués de sens ou à chantonner doucement en me tenant la tête. Après de nombreux jours ici, je commence à ressentir la fatigue et l'affaiblissement. Je dois avoir beaucoup maigri, mais je ne m'en rend pas compte. Même les gestes les plus banals deviennent épuisants, comme de se lever après s'être reposé quelques minutes.
Les pas se rapprochent, et je perçois une respiration saccadée qui n'est pas la mienne. À vrai dire, j'attends avec impatience de voir qui je poursuis depuis bientôt un quart d'heure. J'en ai assez d'être seul, et parler un peu, même si c'est pour mourir juste après me ferais le plus grand bien.
Je sens que la personne se trouve quelque part près de moi, qu'il suffirait que je tourne au bonne endroit pour qu'on tombe nez à nez. Un mur s'écroule à quelques mètres, me faisant faire un bond de côté. Quelqu'un me percute alors de plein fouet et s'étale à mes pieds. De longs cheveux bruns attachée en queue de cheval haute recouvrent son visage et je reconnais Tchina, du District Huit. Elle se relève précipitamment et pointe une longue épée vers moi. La lame tranchante me pique la gorge, mais je fais mine de ne pas réagir.
Sa peau est encore plus pâle et laiteuse qu'avant les jeux, et ses grands yeux sombres traduisent la peur qui la secoue de tremblements. Je la défi du regard, mais elle ne finit pas son geste. Sa maigreur est effrayante, elle ressemble à un squelette. Ou à ces créatures légendaires là, les vampires. Elle semble à deux doigts de pleurer. Finalement, elle murmure d'un ton amer, comme pour s'excuser :
 
 
- Si je ne le fais pas, c'est toi qui vas me tuer.
 
 
Je lâche un long soupir et pour lui montrer que ce n'est pas mon attention, je range ma dague dans ma ceinture et croise mes bras sur ma poitrine.
 
- Vas-y, lui lançai-je.
- Tu ne te défend pas ?
- Tu as l'avantage, ça ne servirait à rien.
- Pourquoi tu me suis depuis tout à l'heure ?
- Pour avoir un peu de compagnie.
 
 
Elle fronce les sourcils, surprise de cette réponse :
 
- Tu ne comptes pas me tuer ?
 
Je lui sourit mystérieusement :
 
- Pas pour l'instant.
 
Toujours méfiante, elle range son épée dans son étui fixée dans son dos.
 


Elle ouvre une porte et me fait signe d'entrer. Essoufflé d'avoir monté des marches aussi vite, je découvre alors une sorte de camp à l'intérieur de la pièce, avec des couvertures étalées de partout. Le garçon roux de son District, Matos, est allongé sur le ventre et nettoie son arc et ses flèches. J'étais persuadé d'avoir vu son portrait hier soir, mais j'étais dans un tel état que j'avais tout de même du mal à distinguer les visages. En m'apercevant, il réagit au quart de tour et pointe son arme sur moi. Tchina l'arrête d'un geste et lui explique rapidement.
 
- Ça ne sert à rien d'avoir d'autres alliés, lâche-t-il sans baisser sa garde.
- Il peut nous aider à trouver les autres.
- On a pas besoin de lui. Tchina, tu crois qu'on peut se permettre d'avoir un drogué complètement taré à protéger ?
 
Je réagis au quart de tour et pointe un doigt accusateur vers lui :
 
 
- Et dis donc Peter Pan, respecte un peu les plus vieux, je ne suis pas un drogué, et tu vas me faire le plaisir de ranger ce jouet ! Si tu veux de l'action, viens te battre !
 
 
J'entends à peine un grognement sourd sous nos pieds et le plancher qui craque. Matos ne se fait pas prier et se lève. Bon sang, mais c'est moi qui suis petit où même les gamins de treize ans font ma taille ? Tchina essaie mollement de calmer la situation, mais elle est plus lassée qu'autre chose. Le sol se me à trembler, et l'un des pas du jeune roux, plus lourd que les autres, traverse le plancher. Il lâche un cri de surprise et il tente de se rattraper de ses bras quand il bascule en avant, mais l'intensité de sa chute détruit le reste du sol et il disparaît de notre vue en hurlant. Tchina recule subitement et m'attrape la main en se couvrant la bouche de l'autre, stupéfaite.
 
- Il est mort ? Me demande-t-elle d'une voix cassée.
 
 
Je répond négativement. Je fais signe à Tchina de ne pas bouger et j'avance prudemment vers le trou béant. Voyant la profondeur, je préfère me mettre à quatre pattes et j'arrive enfin à distinguer Matos. Il est couché sur le dos, bras écartées et me fixe intensément. Mon regard descend le long de son torse. Un morceau de bois lui transperce l'abdomen. Mais il remue encore faiblement. Du sang épais et rougeâtre lui coule le long du corps et s'étale en flaque autour de lui. Je déglutis péniblement. Il souffre le martyr.
D'un ton assuré, je demande l'épée de Tchina, qu'elle me tend sans poser de question. De ma hauteur, je vise le rouquin. Je n'ai jamais su tirer, mais je sais qu'il ne faut pas que je le laisse agoniser. J'envoie alors l'arme, qui siffle dans l'air et vient directement se planter dans la tête de Matos. Un haut le cœur me fait faire demi-tour et je sors de la pièce, les larmes aux yeux, au moment ou un coup de canon annonce la mort du jeune rouquin.


 
 
Jamais de toute ma vie je n'ai couru aussi vite qu'en ce moment. Les murs se détruisent, éclatent comme de simples morceaux de bois, faisant s'abattre des bouts de plafonds de partout. Je sers solidement la main de Tchina dans la mienne. Ma poitrine est sur le point d'éclater, mais je continue, sautant les marches quatre à quatre, dont certaines s'écroulent aussitôt, et recommençant ma course de plus belle, tentant de rejoindre une sortie avant de mourir aplati.
Sûrement une œuvre du Capitole, qui estime qu'il n'y a pas assez d'action. Un coup de canon me fait redoubler ma cadence, et Tchina peine de plus en plus à me suivre, mais elle tient bon. Nous descendons un nouvel étage et je reconnais le rez-de-chaussé. Près de nous, une plaque de plafond s'écrase, faisant jaillir un épais nuage de poussière, m'aveuglant et me faisant tousser. Un autre bout éclate plus loin, et encore un autre, et bientôt, je ne vois plus qu'une épaisse masse blanche qui se colle à l'intérieur de mes poumons. Je suis obligé d'arrêter de courir et je protège mes yeux brûlants de mes mains. Ma toux s'intensifie et je cherche à tâtons la sortie en crachant mes tripes.
 
- Marty !
 
 
La voix de Tchina est étouffée. Dans la précipitation, je l'ai lâché. Je l'appelle à mon tour et je sens qu'elle m'attrape par la taille et me tire en arrière. Ma vue se brouille et la poussière me pénètre dans le cerveau, et je me sens mal, comme quand j'avais perdu connaissance, au Capitole.
 
- Suis-moi, je sais où on peut sortir !
 
Elle m'agrippe de ses frêles bras et je me laisse emporter, affaiblis. Mes muscles s'endolorissent et je me sens partir. J'ai seulement le temps de m'appuyer un peu plus sur elle avant que se soit le trou noir.


 
Je cligne des yeux plusieurs fois et m'appuie péniblement sur mon coude. Le flou qui embrouille ma vision s'estompe peu à peu et mon mal de crâne redouble d'intensité au son d'une musique rythmée qui tonne. Une musique ? Je regarde autour de moi et découvre une pièce d'une blancheur immaculée, avec une simple porte en métal. Je me traîne vers elle et l'ouvre. La mélodie tonitruante m'emplit les oreilles. J'écarquille les yeux, totalement hébété par la scène.
 
- Mais …
 
 
Je secoue la tête : vêtues de tenues colorées et ridicules du Capitole, ils sont tous là : de Matos à Shan, en passant par le garçon manqué et Brek. Tout les tributs censés être morts dans le jeu dansent en rythme une chorégraphie. Ils sourient, stupidement et agitent leurs bras au dessus de leur tête.
 
- Je suis mort ?
 
 
Je fronce les sourcils et plaquent mes mains sur mon crâne douloureux. Je vois Leïla qui s'approche vers moi, guillerette. Sa peau est verte pastelle et elle porte une robe orange fluo. Ses cheveux sont attaché en vrac par un morceau de bois et sont tout emmêlé. Elle me tend la main et me propose de les rejoindre.
J'ouvre la bouche, perdu. Je baisse les yeux vers l'extrémité de son bras et je laisse échapper un gémissement de ma gorge. À la place de ses doigts se trouvent des armes blanches, dagues, épées, haches, couteaux qui remuent étrangement. Je remonte mon regard et à la place de Leïla se trouve maintenant le garçon du District Dix qui m'observait, à la Corne d'Abondance. Ses yeux clairs sont brillants de malices et ses cheveux châtains clairs tout ébouriffés le rajeunisse encore plus.
 
- Je préfère les légumes à la viande fraîche ! Déclare-t-il fièrement.
- Quoi ?
 
 
Il éclate de rire. Je ne comprend rien. Je finis par le repousser violemment et sauter sur mes jambes.
 

- Pardon, je ne voulais pas te faire peur, murmure une voix féminine.
 
Je me retourne, le souffle court et constate que je ne me trouve pas dans une pièce blanche avec les tributs décédés, mais à l'air libre, entre deux grands saules donnant à la scène quelque chose de féerique et iréel. Tchina se relève et essuie son pantalon kaki.
 
- Qu'est-ce qui s'est passé ? l'interrogeai-je en scrutant les alentours histoire de voir si il ne reste pas quelqu'un habillé en fluo.
Elle réajuste le bonnet sur ma tête.
- Tu t'es évanoui il y a quelques heures, juste quand on sortait de la bâtisse. Tu pèses une tonne, tu sais ?
- On est où, là ? Continuai-je, toujours autant perturbé.
- Par rapport à la Corne d'Abondance tu veux dire ? Pas loin. Heureusement qu'il y a des arbres pour nous camoufler, sinon les carrières se seraient déjà occupé de nous.
 
Elle s'assoit dans l'herbe, sort de son sac un paquet de fruits secs et m'en tend une pleine poignée :
 
- Mange. Tu verrais ta tête, tu fais vraiment peur. Dis moi, depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ni dormi ?
 
Je hausse les épaules et prend la nourriture. Aucune idée. Je suis même incapable de dire si nous sommes le matin ou le soir. Le manque de marijuana me pourri la cervelle et je suis sur que ça amuse beaucoup les téléspectateurs. J'essaie de feinter l'indifférence, mais c'est quasiment impossible, surtout dans ces conditions de vie. Je me tourne vers Tchina et lui demande si depuis le début de l'aventure, elle a reçu des parachutes de sponsors. Elle hoche la tête :
 
- Deux, un contenant un médicament pour soigner la maladie que j'avais attrapé en marchant sur un clou, et un autre rempli de fruits secs. Et toi ?
- Aucun. Apparemment, je n’étais pas aussi apprécié que Ray le disais.
- Moi je suis persuadée qu'il attend un moment où tu as vraiment besoin de quelque chose. Tu es quand même en forme comparé à certains survivants, de la nourriture ne te servirais à rien, et tu n'es pas blessé.
 
 
Je croise les bras, renfrogné. Le pire c'est qu'elle a raison, et je n'y ai même pas pensé. J'ai malgré tout besoin de fumer, plus que tout.

Un hurlement nous liquéfie sur place. Tchina se lève d'un bond et prudemment, contourne le grand saule, la main solidement accroché à un couteau qu'elle a trouvé je ne sais où. Je fait de même, de l'autre côté de l'arbre, et repousse doucement de longues branches pour voir clairement la Corne d'Abondance. Luka et Bryan se battent contre Eddy, le garçon aux dread locks. Il n'a que son poignard, qu'il manie agilement, et les deux carrières utilisent de longs morceaux de bois, aiguisés à l’extrémité. Le combat fait rage, et ils sont bien en position de supériorité. Du sang dégouline le long du bras nue d'Eddy et il boîte. J'ai envie de l'aider, c'est tellement lâche d'être à deux contre un !
Il esquive des attaques, tente d'entailler la main de l'un, parvient à lacérer le visage de Bryan, qui titube en arrière en attrapant la blessure sanguinolente de ses mains. Ensuite, tout se passe très vite : d'un mouvement ample et vif, Luka envoie son javelot de fortune dans la poitrine de son adversaire, qui, en basculant en avant, plante brutalement son poignard dans la gorge de Luka. Du sang se met à jaillir des deux personnages, et, silencieusement, Eddy tombe à genoux avant de s’effondrer sur le côté, et Luka, suffoquant, se laisse tomber à ses côté en luttant contre les spasmes qui le secoue et se tait finalement. Deux coups de canons retentissent l'un après l'autre.
Les yeux agrandis de confusion, je reste un instant ainsi, les bras ballants et la bouche ouverte, avant de me laisser entraîner en arrière par Tchina. Elle a tout suivi, mais ne paraît pas choquée. On s’assoie en tailleur et elle me dit en appuyant ses propos d'un hochement de tête :
 
- C'était un combat magnifique. Le Capitole doit être satisfait.
 
Je la fixe. Comment peut-elle penser à ça ?
 
- Tu crois vraiment que c'est le plus important ?
 
Elle fronce les sourcils. Je continue :
 
- Amuser le Capitole, le combler ? En attendant, il y a encore eu deux morts !
- De toute façon, on a pas le choix, c'est le jeu. Il faut qu'on meurt et il n'y aura qu'un survivant.
- Et tu compte l'être ? La défiai-je.
 
Elle fait une grimace de mépris :
 
- Je ne veux pas te tuer, si c'est ce que tu veux savoir. Si nous restons les deux derniers, je préfère te laisser gagner.
- Pourquoi ?
- J'aurai au moins fait quelque chose pour quelqu'un dans ma vie. Je n'ai jamais aidé mes semblables, j'ai toujours pensé à moi avant de penser aux autres. Et c'est en étant sélectionnée le jour de la Moisson, d'avoir vu que personne ne se souciait de mon départ que je m'en suis rendue compte. Et j'ai décidé que se sera toi la première et la dernière personne que j'aiderai.
- Mais pourquoi moi et pas un autre ? On ne se connaît que depuis quelques jours à peine.
 
Un léger sourire se dessine sur les lèvres pulpeuses :
 
- Je ne sais pas. Tu as l'air beaucoup plus pied à terre que les autres.
 
Pour quelqu'un caractérisé comme étant cinglé, c'est assez paradoxale. Mais je ne répond pas, et met dans ma bouche une poignée de fruits secs pour me donner de la contenance.


 
Les portraits de Luka et Eddy disparaissent du ciel et l'hymne s'arrête. Nous ne sommes plus que sept, et j'ai réussi à survivre sans dégâts. J'observe Tchina profondément endormie sous la fine couverture de survie, et m'enveloppe un peu plus dans celle en aluminium avant de rentrer mes mains gelées dans mes manches. Ma respiration se matérialise en petits nuages de vapeur avant de disparaître dans l'atmosphère. Je me colle un peu plus à mon alliée pour la réchauffer et regarde autour de moi. Les deux saules forment une grande cabane et nous camoufle de tout intrus, ce qui nous permet de ne pas se faire repérer. Le seul problème est que si quelqu'un a l'idée de venir, nous sommes pris au piège. C'est pour cela que, chacun notre tour, nous surveillons, à l'affût du moindre mouvement étranges.
Avec une mine de dégoût, je jette un œil à la mixture préparée par Tchina pour, m'a-t-elle dit, calmer le manque. Un mélange bizarre de plantes dont je ne connais pas le noms malgré ma culture en flores.
Je sors mes mains et ressert de deux trous ma ceinture. Puis, je saisit délicatement ma précieuse dague qui m'a sauvé plusieurs fois la vie.
Des branches remuent au-dessus de ma tête et je m'accroupis aussitôt, prêt à attaquer. Du bout du métal, je fais bouger l'endroit suspect, et une petite boîte ronde me tombe entre les mains. Les sponsors se réveillent-ils enfin ? Intrigué, je l'ouvre et lâche une exclamation de bonheur. Doucement, je prend entre deux doigts l'objet de ma victoire personnelle et l'embrasse tendrement. Coincé entre mes lèvres, j'approche l'unique allumette fournie et la craque contre mon jeans. Une petite flamme vient éclairer nos deux visages et je me dépêche d'allumer le joint parfaitement bien roulé avant d'éteindre la source de lumière et ainsi éviter de nous faire repérer. Je doute que Bryan, maintenant seul, se risquerai à venir, mais je ne connais pas les autres tributs.

J'inspire une longue latte et c'est comme si je revivais. Tout mes nerfs et muscles se relâchent, et la brume qui obscurcissait mes pensées s'estompe. Je garde un instant la fumée dans mes poumons avant de la souffler calmement par le nez. Je m'enfonce dans l'herbe et ferme les yeux, savourant cette sensation de bien-être que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Après quelques minutes de détente, je retire une courte bouffée et frotte minutieusement le reste du joint sur l'arbre, en prenant soin de ne pas l’abîmer. Je lève enfin le pouce en souriant et je souffle la fumée, qui après un court lapse de temps disparaît. J'articule un « merci » silencieux. Sacré Ray ! Il a fallut qu'il me laisse souffrir tout ce temps, alors que c'était si simple ! Il a peut-être du se battre corps et âme pour obtenir l'autorisation de l'envoyer, et je lui en suis énormément reconnaissant. Bercé par les douces sensations de la marijuana, je ne réagis pas quand je vois un visage se dessiner devant les feuilles du chêne. Des yeux verts brillant sous la lumière de la lune me fixe intensément et je plisse les yeux pour enfin reconnaître le gosse du District Dix. Je passe une main sur mon visage et le regarde s'approcher de Tchina. Un bout de bois craque sous son pied et la jeune brune se redresse, ensommeillée. Je ne réagis que quand je vois le garçon sortir de sa poche un couteau fin et aiguisé.
À tâtons, je cherche ma dague sans le quitter des yeux. Tchina reste bouche-bée et ne bouge pas, et je devine son regard effrayé devant cette arme pointée sur sa tempe, et je ne peux rien faire. Le tribut plante alors rapidement le couteau dans son crâne et la jeune fille s'effondre à ses pieds dans la seconde qui suit, sans un cri. Seul un coup de canon vient perturber ce silence de plomb.
 
Son assassin se tourne alors vers moi et contrairement à ce que je pensais, range son arme, son regard planté dans le mien.
 
- Alors, tues-moi, murmurai-je d'un air hautain. Et puisse le sort t'être favorable.
 
Il secoue la tête et donne un coup de pied dans la préparation de Tchina, qui se répand sur son corps inanimé.
 
- Deuxième fois, lance-t-il simplement.
 
Mes doigts attrapent le manche de la dague et d'un geste rapide, je me redresse et la brandit vers la place du gamin. Il n'y a plus personne.
Je ne baisse pas mon arme mais je range précipitamment mes affaires et celle de Tchina dans le plus grand sac, remonte la couverture sous son menton et disparaît à mon tour de cet endroit.