Sansa Ogary Tribut
Messages : 165 Date d'inscription : 05/09/2012 Age : 24 Localisation : Au bord de la piscine avec un cocktail à la main ! :D
| Sujet: [Fic] Les soixantes-seizième Hunger Games ! ( Chap. 5 ) Sam 8 Sep - 4:44 | |
| Coucou, ça fait un moment que j'ai une petite idée en tête, en voici le début, dites moi ce que vous en pensez ! [La Moisson]- Spoiler:
La moisson. C’est quelque chose que nous ne connaissons pas ici. Nous n’aurions jamais eu à connaître sans la révolte. C’est étrange, mais je ne me l’imaginais pas du tout comme ça. Cela parait si irréel à la télévision. Comme si ça ne m’atteindrait jamais. Ça n’aurait jamais du être le cas d’ailleurs. C’est drôle. Nous sommes serrés comme du bétail. Je me sens comme un animal en cage. Je ressens ce qu’ont du ressentir des milliers de gens avant moi. Des adolescents aussi démunis. Si ce n’est plus. A quelques mois près, j’aurai peut être été épargnée. Mais Ils m’ont attendue. Ils n’attendaient que ça j'en suis certaine.
Nous avons droit à un discours, un film. Puis vient le tirage au sort. Chaque adolescent a une inscription. Ce qui veut dire que chaque personne a autant de chances d’être choisie. Sauf moi, peut être. Quoi qu’il n’y a pas de doute. Je ferai parti du tirage. La présidente va piocher un nom féminin. Elle n’en a pas l’air ravie, c’est vrai, ce n’était pas son idée, ces Jeux. On ne lui a pas demandé son avis. Après ce sera le tour des garçons, puis des filles, et encore des garçons, et ainsi de suite jusqu’à avoir vingt-quatre tributs. Cela va être mémorable. Sans aucun doute plus sanglant que jamais.
Je souris. Légèrement, je ne vais pas leur laisser contempler une chose si rare. Mon nom vient d’être tirer. Je le savais pertinemment. Mais ils auraient pu me surprendre. Ils auraient pu faire comme si ce n’était pas truqué, me piocher en troisième ou cinquième position. Parce qu’on aurait mieux cru à un hasard si j’avais été prise dans le neuvième piochage. Ils ne se cachent même pas d’avoir triché pour que mon nom sorte. Mais qu’importe. Je m’avance vers l’estrade en fixant loin devant moi. Pour ne pas les laisser apercevoir ma détresse. Juste un léger sourire moqueur. Parce que si je m’y attendais, je ne m’y étais pas préparée. J’aurais du, en réalité.
Les noms défilent. Le garçon choisi après moi s’appelle Antel Risees. Des cheveux verts pommes, pas plus de seize ans et des yeux d’ambre qui vous plongent dans un profond malaise. Je ne prête pas trop attention aux autres enfants. Non ! Ce ne sont plus des enfants. Ce sont des tributs. Nous sommes des tributs. Et je devrais les tuer un par un si je tiens à rester en vie. On nous conduit Antel et moi dans une grande maison que je n’avais jamais remarqué. On nous conduit chacun de notre côté vers nos proches. Nous avons une demi-heure. C’est bien peu. Mais nous ferons avec.
Elle marche, marche, et continue de marcher. S’arrêtera-t-elle de tourner en rond ? Nous sommes là depuis vingt minutes et avons à peine échangé quelques mots. Elle est en colère, elle est désespérée, angoissée, troublée et elle ne sait plus où elle en est. Mais elle oublie qu’elle ne me verra peut être plus jamais. Je ne peux pas me permettre de gâcher le peu de temps qu’il nous reste.
- Maman !
Elle se retourne et me prend dans ses bras, le visage baigné de larme. C’est surement la plus sonnée de nous deux. Elle me berce doucement pendant un moment, nous restons, là, dans les bras l’une de l’autre avant qu’elle ne reprenne :
- Je suis désolée ma chérie, tellement désolée … - Tu ne dois pas l’être Maman. Ce n’est pas ta faute, rien de tout cela n’est ta faute. - Mais … Peut être qu’ils pourraient … Peut être qu’on pourrait demander … Ils t’accorderaient peut être un traitement de faveur, parce que … Et puis … Tu es jeune … Et si fragile …
Elle se trompe. Je suis bien moins fragile que j’en ai l’air. Mais elle a raison. Ils envoient une petite fille de douze ans dans l’arène. Certes, bien plus dangereuse que la norme, mais petite fille quand même. Et elle sait très bien pourquoi moi moins qu'à tout autre on m'épargnerait. Mais elle refuse de l'avouer. Peut être par amour. Ce qui est stupide d'ailleurs. Parce qu'Il ne l'a jamais aimé. Moi non plus. Il n'a jamais aimé personne.
- Non Maman ! Tu sais qu’ils ne le feront pas, et encore moins avec moi. Et tu sais aussi bien que moi pourquoi jamais je ne serais épargnée. - Non ... Je refuse ..! Non ! Je ne les lais...
Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, des gens entrent et l’emmène loin de moi. Je la regarde se faire avaler par le couloir, blanche comme un linge. Nous avions si peu de temps, et nous avons réussi à le gâcher. Il aurait suffi que tout soit dit, et j’en aurai été heureuse. Mais il me reste encore tant de choses à lui dire. Et pourtant c’est comme ça et pas autrement. Nous gâchons tout. Depuis toujours. Même le cadeau précieux qu'est la vie. C’est ainsi ici bas. Chapitre I.- Spoiler:
Les jeux commenceront dans huit jours, jour pour jour. Ce soir nous rentrons dans une sorte d’hôtel pour tribut. Demain, il y aura la traversée en char. Les trois jours suivant, l’entraînement. Celui d’après, le passage devant les juges. Le lendemain, l’interview, et enfin, le premier jour des Jeux de la Faim. C’est Hoanna Suckurn qui s’occupera de veiller à ce que nous soyons à l’heure et que nous suivions notre emploi du temps, à Antel et moi.
On me laisse à ma chambre. Celle de mon « binôme » est à l’autre bout du couloir. Je me laisse tomber sur le lit. Je n’en ai pas particulièrement l’air, mais je suis chamboulée. L’estomac retourné et les yeux vides. Je cherche de quoi me changer et me déniche une jolie robe bleue ciel, arrivant aux genoux. Cela peut paraitre frivole, mais j’adore les robes. Et je n’aurai peut être plus longtemps l’occasion d’en porter. Je prends une brosse et me coiffe les cheveux. Je n’ai pas grand-chose de mieux à faire, si ce n’est prendre soin de moi tant qu’il en est encore temps. Demain ce sont d’autres gens qui s’en chargeront.
Quand notre maître du temps vient me chercher pour le dîner, il est déjà vingt heures. Je rejoins les autres à la salle à manger et remarque que je suis la dernière. Je m’assieds tranquillement et fais le tour de la table des yeux. Hoanna est là, près d’une femme d’une quarantaine d’année, qui me fixe de ses grands yeux bruns.
- Je suis Amanda Weired. Votre mentor. Et j’ai bien l’intention de vous garder en vie.
Je décide de lui faire confiance. Elle parait déterminée et intelligente. Elle a l’air de savoir parler, et saura convaincre les sponsors. Et même si elle n’a pas gagné les Jeux, elle les a regardé toute sa vie. Je me demande si tous les mentors ont été spécialement sélectionnés, et si on les a laissé choisir le duo qu’ils soutiendront.
En dégustant notre rôti, la conversation s’enchaîne, nos points faibles, nos points forts, les chars, les costumes, les sponsors, les juges, car ils sont tous de la partie. En bref, le déroulement de notre semaine. Dans mon lit, je récapitule ce qui a de l’intérêt. Antel est rapide et endurant, il n’est pas très fort et a peu d’expérience dans le domaine du combat. J’ajoute à la liste qu’il ne parait pas bien malin. J’ai du répondre que j’étais agile et connais les poisons par cœur. Que j’étais petite mais que je courrai vite, et que j’avais peur du noir. Quelque chose comme ça. Ils ont ri au dernier point, je crois. Mais c’est vrai. Je dors toujours avec une veilleuse. A la fin du repas, nos stylistes sont venus se présenter. C’est Solan qui s’occupera de ma tenue. C’est un jeune homme aux cheveux blonds et bouclés avec des lunettes, les yeux noirs et intelligents. Il a dit qu’il m’habillera en rouge. Ca tombe bien, c’est ma couleur préférée.
En m’endormant, je pense à ma tenue de demain. Je n’arrive toujours pas à l’imaginer. J’espère que ce sera une robe. Au moins, nous n’aurons pas à représenter un district en particulier. Ca m’évitera de devoir me déguiser en arbre, ou en poisson …
Quand je m’éveille le matin, le soleil est déjà haut dans le ciel. Nous sommes à J-7. L’heure tardive n’est pas pour me déplaire, cela me fera attendre moins longtemps avant ce soir. Je me demande ce que nous ferons cet après midi en attendant la traversée. Et puis je me rappelle. Nous devons nous préparer. Parce qu’il n’y a pas que l’habillage qui compte. Il y a la coiffure, le maquillage, l’épilation je suppose …
Je rejoins le salon, où je ne trouve qu’Antel. Cela m’étonne puis il me désigne la salle à manger. Je suis surement juste à l’heure pour le déjeuner. Mon binôme aux cheveux verts m’accompagne manger, et nos stylistes se joignent à nous. L’après midi passe très vite finalement. Après avoir regardé un résumé de la moisson, mes préparateurs se sont extasiés sur ma beauté naturelle, détaillant avec joie mes « longs cheveux blond platine, mes magnifiques yeux bleus clairs et ma peau de porcelaine ». Mais ils ont décidé de ne pas perdre plus de temps : on me fait des soins, on me maquille, on me coiffe, on me parle, puis on me démaquille, on me recoiffe parce que j’ai bougé, on me parle… Au moment où j’éternue et enlève mon maquillage pour la cinquième fois, Solan prend une décision capitale.
- Bon ! On laisse tomber le maquillage. De toute façon, tu n’en a pas particulièrement besoin.
Et devant l'objection de mes préparateurs, me met un peu d’ombre à paupière rouge foncé qui satisfait tout le monde. Et puis vient le moment de mettre mes vêtements. J’obéis quand on m’ordonne de fermer les yeux, et me laisse habiller. La tenue est lourde et j’ai un peu chaud dedans, mais je l’oublie vite en me regardant dans le miroir. Le reflet que je vois est magnifiquement majestueux. Il me ressemble. La robe est sublime. Une robe de princesse. Mon styliste confirme cette impression en posant sur ma tête un diadème. Mon image est tellement belle que je ne la quitte plus du regard. La robe, rouge foncé, presque bordeaux, tombe en cloche jusqu’au sol, ses manches bouffantes aux épaules se terminent en triangle sur mes mains. Brodée, plissée de fil doré. Solan me tourne autour deux ou trois fois et finit par détacher mes cheveux qui tombent en cascade sur mes hanches. Mon expression n’a pas changé, mais si je parais indifférente, en réalité, je suis soufflée.
- Tu es divine !
Je me retourne et observe Antel, dans un costume assorti au mien. J’esquisse un léger sourire.
- Et tu souris en plus ! Chose rare, non ? - Je ne souris jamais.
Le sourire sur mes lèvres s’efface peu à peu, quand il rapproche son visage tout près du mien et me regarde dans les yeux. J’ai horreur de ça. Mais je ne peux pas m’enfuir.
- Oui, hein. Tout est dans ton regard, n’est-ce pas ? Je pensais que tu étais juste une fille sans âme, sans cœur et sans sentiments. Mais en fait non. En plus d’être jolie, tu caches bien ton jeu.
Je suis tellement abasourdie par ce qu’il vient de dire que je ne trouve rien à lui répondre. On ne peut rien répondre à ça. Il ne pouvait pas juste dire que j’avais de beaux yeux, ou le regard fuyant. Non. Et moi qui pensais que j’étais juste blasée ... Son regard ambré me gène, mais je le fixe avec une telle intensité qu’il finit par détourner le regard.
Puis vient enfin l’heure de la parade. Vu comme ça, les Jeux de la Faim ressembleraient à un concours de beauté. C’en serait presque drôle. Mais la plaisanterie s’arrête quand nous montons sur notre char.
- Antel, porte la dans tes bras, et toi, passe tes bras autour de son cou, nous conseille Solan. N’adressez pas un regard à la foule. Vous êtes le couple princier de Panem, ils ne méritent pas votre attention.
Nous faisons donc ce qu’il dit, et Antel me glisse à l’oreille : « Ce sera facile de les ignorer pour toi, n’est ce pas ? ». Je ne réponds pas, et tandis que nos chevaux avancent, j’offre à la foule mon plus bel air indifférent, regardant droit devant moi. Mais au fond, je sais que cette mise en scène n’est là que pour moi. Antel n'en fera parti que cette nuit. Solan continuera sur cette voix. Pour rappeler que je suis la petite princesse du Capitole.
Chapitre II.- Spoiler:
J-6 et je suis levée depuis deux bonnes heures à tourner en rond dans ma chambre. C’est le début de l’entraînement. Le soleil n’est même pas encore levé. C’est le début de l’entraînement. Il faut que j’aille me recoucher. C’est le début de l’entraînement. Je ne tiendrai pas debout dix minutes. C’est le début de l’entraînement. Je sature. J’en ai assez ! Je suis épuisée, j’ai à peine dormi, et mon cerveau refuse de s’arrêter de penser. Je ne cesse pas de tourner en rond. Je ne me souviens même plus de la raison de mon anxiété. Peut être qu’il n’y en avait pas.
Je dois finir par m’endormir, car c’est Hoanna qui vient me réveiller. Je bouge au ralenti, et puis une fois sous la douche, je reprends mes esprits. Nous nous préparons pour l’entraînement, déjeunons et descendons au Centre d’Entraînement. Je ne fais pas attention à ce que je fais, je ne prête même pas attention au chemin que nous empruntons. Si bien que lorsqu’on arrive, je ne saurais dire si nous sommes toujours dans le même bâtiment, si nous sommes montés ou descendus, si nous sommes plutôt vers la droite ou la gauche. Nous arrivons à l’heure, ce qui n’est pas le cas de plusieurs tributs. Nous attendons, puis écoutons sagement le discours qu’on nous fait. A vrai dire, je ne fais que semblant d’écouter. Ce n’est pas bien compliqué de toute manière.
Alors qu’Antel me propose d’aller à l’atelier des poids, un autre tribut m’interpelle. Des cheveux pourpres et des lèvres de même couleur. Et un sourire ironique tout ce qu’il y a de plus irritant.
- Alors, Blanche-Neige, on ne quitte plus son prince charmant ?
Le ton moqueur de sa voix m’agace. Il pense qu’il peut se le permettre, parce que je suis une petite fille inoffensive de douze ans. Il se trompe. Je prends la première chose qui me tombe sous la main et le lui envoie à la figure. Il esquive juste à temps, car un poignard se plante dans le mur d’en face. A la vue des quelques mèches vermeille au sol, je remarque que je n’ai raté ma cible que de peu. Cela le fait taire immédiatement. Je n’en suis pas peu fière. Mais je ne le montre pas. Les autres se mettent à chuchoter, à sourire en coin, à hausser les sourcils. Certains me regardent avec des airs de poissons frits. Et bien soit ! S’ils ont envie de rester là à ne rien faire, grand bien leur fasse. Moi, je vais aller lancer des javelots.
Je passe une partie de la matinée toute seule, puis d’autres tributs viennent se joindre à mes ateliers, nous alternons ceux de survie et de combat, sans vraiment discuter. A l’heure du déjeuner, je m’installe seule sur une table avec mon binôme. Quand quatre autres tributs nous rejoignent, nous nous retenons de rire. Surtout lui. Moi je n’affiche qu’un air méprisant.
- Je m’appelle Katlyn. Et lui, c’est Groomer.
Je les observe du coin de l’œil. Katlyn ressemble à s’y méprendre à un tournesol. Je ne sais pas d’où je tire cette comparaison, mais c’est exactement ça. Des cheveux jaunes qui partent dans tous les sens, des yeux, des lèvres et une peau marron. Celui qu’elle appelle Groomer me fait par contre penser à un poisson. Et vu les tatouages en forme d’écailles sur son visage, je suppose que c’est le but. Une peau bleuâtre et des cheveux bleu électrique, comme ses lèvres. Vraiment étrange. Le deuxième duo parait moins cavalier. La jeune fille est rousse aux yeux verts. Jeune et jolie. Je préfère ne pas me fier à son aspect fragile.
- Je suis Ida. J’ai quatorze ans. - Et … je … je me nomme Rous.
Lui parait assez timide. Je crois même qu’il rougit. Mais difficile à dire avec sa peau orange. Il s’est peut être assorti à sa binôme. Nous parlons banalités, ou du moins surtout eux, jusqu’à ce que Katlyn nous lance tout à trac :
- Bon, je vais pas passer par quatre chemins. Ça vous tenterait de jouer les carrières ?
Je suis la seule à rester de marbre. Ils s’agitent tous un petit peu. Je suppose qu’ils appréhendent la réponse. Antel dit précipitamment, que oui. Avant que les autres n’aient le temps de le refuser dans le groupe à cause de mon éventuel refus. Il sait très bien que c’est moi qui les intéresse. Il est très intelligent en fait. J’esquisse un léger sourire, et Katlyn se détend.
- Non. C’est hors de question.
Elle sourit beaucoup moins. Elle ne s’y attendait pas. Je me lève calmement et vais m’installer pour manger plus loin. Mon petit numéro de ce matin semble avoir fait de l’effet auprès des autres concurrents. Je crois que je suis la nouvelle cible de tout le monde. Je vais leur donner tort. Car ceux qui m’attaqueront en premier, mourront en premier. Je n’aurai pas de pitié.
Les trois jours d’entraînement passent de la même manière. Cette fois, je reste seule. Je m’en vais lorsqu’on me rejoint à mon atelier. Je m’entraîne particulièrement au lancer de couteau, fléchette et autres projectiles mortels. Je n’y suis pas excellente, mais je me débrouille assez bien. Je m’essaie au corps à corps, et je révèle une très bonne réussite sur l’esquive et les coups vicieux, ne cherchez pas, la dague dans le dos, c’est moi.
Dans les ateliers de survie, j’empoisonne gentiment et discrètement la nourriture de mes petits camarades, ce qui me vaut un œil intéressé mais non surpris des juges, nous observant en permanence. Ils savent que j’ai ça dans le sang. Mes petites préparations ont valu au garçon aux cheveux grenat un profond malaise suivi de vomissements. Mais ce n’est pas mortel, juste très désagréable. Je ne lui ai pas pardonné son affront. Et il le paye sévèrement. J’ai failli le payer moi aussi. Mais étant donné qu’il n’est pas mort, ils ont du prendre ça comme une plaisanterie. Une mauvaise plaisanterie selon eux, pourtant, j’ai presque trouvé ça très drôle.
L’instant de vérité s’approche, les juges nous attendent. Je crois que je sais ce que je leur présenterais. Ce ne sera pas bien compliqué. Je ne cherche pas à les impressionner de toute manière. Mais peut être que ce qu’ils ont vu à l’entraînement favorisera un bon score. Avec un peu de chance. Je regarde les premiers tributs partirent montrer leurs talents aux juges. Bien que talent soit un grand mot, étant donné qu’ils n’ont absolument aucune expérience, aucune tactique et aucun talent. Ce qui n’est absolument pas mon cas. Lorsque mon tour arrive, on pourrait presque lire dans mon regard un soupçon de joie. Ce sera bientôt fini, enfin.
J’entre dans la salle et me dirige directement vers le coin de tir. Les juges ont été sélectionnés exprès pour cette année. La preuve, je n’en reconnais aucun. Et pourtant, je connaissais presque personnellement tous les précédents. Je m’empare d’un couteau et le lance. Il ne se plante pas dans la cible qui me fait face, mais à l’emplacement exact du cœur d’un mannequin sur ma droit. J’attire le regard des juges. J’en rirais presque parce qu’ils paraissent étonnés. Moi je trouve ça drôle parce que je visais effectivement la cible devant moi. Mais le couteau m’a échappé des mains. Cela dit, ce n’est pas plus mal. Je ne vais pas m’en plaindre. Puis je m’approche des poids. Et je jure que je ne fais pas exprès de le lancer vers les juges. Mais il rebondit sur le chan de force qui les protège. Je suis véritablement étonnée. Je crois que mes mains glissent. Je les essuie sur ma tenue, mais je trouve la situation très cocasse. Je montre un peu mon agilité en grimpant là où c’est possible, envoie quelques couteaux depuis des endroits improbables et laisse ma place au tribun suivant. Je remonte directement dans ma chambre en me retenant de sourire.
Quand, devant la télé, on nous annonce les résultats, je reste pantoise. Pas devant le score de neuf pour Ida, ni de seulement sept pour Katlyn, et le poisson. Je suis surtout étonnée du score de zéro pour Antel. Il éclate de rire, lui. Il vient de marquer l’histoire. Tout le monde rit en vérité. Sauf moi. Ce devait être leur plan. Je me demande ce qu'il a montré aux juges ... Mais quand mon nom s’affiche, notre mentor sourit. Elle se contente de me demander comment j’ai obtenu une note de dix.
- Sans faire exprès, je réponds. Ce qui est tout à fait exact.
Ils rient de plus bel et je m’autorise à sourire légèrement. C’est la fête chez nous. Un grand gaillard qui obtient un score tellement bas qu’il doit être dans le livre des records, et une fillette qui explose tous les autres tributs. J’apprends à cette occasion que le garçon aux cheveux pourpre s’appelle Wayn. Je n’oublierai pas son nom. Juste après lui, une autre tribut attire mon attention. Sigrid Maud. Elle est jolie, mais elle n’a obtenu qu’un score de trois. Mais ce n’est pas ça qui me captive. Ce sont ses yeux presque transparents. Je me promets d’y faire plus attention une fois dans l’arène et monte dans ma chambre. Je suis exténuée. Je m’endors en fixant la petite lumière de ma chambre.
Une sonnerie me tire de mon sommeil sans rêve. C’est étrange, je ne me souvenais pas avoir programmé le réveil. La journée passe sans que personne ne le remarque. C’est comme si nous étions dans une petite bulle. Le temps n’existe pas. Nous nous préparons pour quelque chose qui n’arrivera pas. On m’habille d’une robe splendide. Encore plus belle que la précédente. Toujours dans le même ton de rouge, mais mille fois plus grandiose. Une traîne est fixée aux épaules, le bustier est serré et brodé de roses en fil doré, les manches ornées de dentelles. Avec mes cheveux relevés et la couronne posée sur ma tête, je n’ai plus l’air d’une princesse arrogante. J’ai l’air impérial d’une toute jeune reine. Mon maquillage ne me fait plus éternuer, et Solan réussit à me donner un visage encore plus hautain. Je fixe mon reflet et esquisse un léger sourire en coin.
- Je voudrais mourir avec cette robe, je murmure.
Il sourit. Et puis l’heure sonne. Personne n’a vu le temps passé. Quelqu’un s’est amusé à le faire passer plus vite. A dérégler l’horloge du monde. J’en suis certaine. Quelqu’un quelque part avance les aiguilles d’une montre à la vitesse de la lumière. Mais je crois qu’elle s’arrange pour les faire ralentir presque jusqu’à l’arrêt pour l’interview. Précisément lorsque c’est mon tour. Ce doit être un manque de sommeil. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir bien dormi. Non, c’est juste que cette personne doit me détester. Cette année, c’est à Plutarch Heavensbee de présenter l’émission. Je ne l’avais pas souvent vu auparavant. Il n’est monté Haut Juge que lors de la dernière Expiation, il n’avait donc pas grand intérêt.
Je rentre sur le plateau avec grâce et majesté, effectue une légère révérence avant de prendre place près du fauteuil de Plutarch. J’ai trois minutes de paroles. C’est bien suffisant. Mais tout le monde est soufflé, Plutarch le premier. Le silence s’installe, tout le monde n’a d’yeux que pour moi. Je fais un petit sourire. Moqueur, particulièrement ironique, d’un joli teint de rose et froid comme la neige.
- Allons Plutarch, vous ne comptez pas gaspiller mes trois minutes de paroles à regarder ma robe n’est ce pas ?
Eclat de rire général. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle. Cependant, cela semble ramener mon interlocuteur à la réalité. Il me sourit et prend en main un verre d’eau, sans en boire une goutte. Il commence à parler, je réponds. Les mêmes questions que pour les tributs précédents. Je souris, il sourit. Nous nous jaugeons, nous regardons, nous lançons des éclairs. Je suppose que c’est normal d’haïr cet homme. Comment apprécier quelqu’un qui vous demande comment vous aller alors qu’il vous envoie vous faire tuer ? Et puis, juste avant la fin des trois minutes, me demande :
- Dites moi, mademoiselle Snow, qu’est ce que c'est d’être la petite-fille d’un meurtrier ?
Sur le coup, j’avoue que je ne m’y attendais pas. Je sais bien qu’il me haie, comme la plupart de la population de Panem, mais je ne m’attendais vraiment pas à cette question. Surtout avec si peu de finesse. Sans tact ni compassion. Comme ça. Je ne pensais pas qu’il ferait appel à mon grand-père. Je ne pensais pas qu’il serait si mesquin. Qu’il s’abaisserait à ce niveau. Il ne me connait pas. Ils ne me connaissent pas. Personne ne me connait. Et il se permet de me poser cette question.
- Plutarch, vous devriez faire attention à vous. Parce que quand j’aurai gagné les Hunger Games, vous serez sur ma liste noire. Et je m’arrangerai pour que vous ne soyez pas le seul à souffrir. D’ailleurs, je vous conseille de ne pas toucher à votre verre d’eau. On ne sait jamais.
Je me lève. Mes trois minutes sont écoulées. Et mes propos ont l’air d’avoir fait leur effet. Ils se sont tous décomposés et Plutarch repose le verre d’eau. Au lieu de rejoindre les autres tributs, je quitte le plateau la tête haute, un grand sourire sur mon visage. Même si ce n'était que de vaines menaces, des paroles en l'air, ils ont raison de ne plus me considérer comme une petite chose inoffensive. Ils ont eu tort de me moissonner. Car s’ils espéraient la mort de tous les tributs, ils ont promis l’immunité du vainqueur. Ils pensaient surement que je mourrai vite et facilement. Ils n’auraient jamais dut me sous-estimer. Ils vont le regretter. Je suis Anaon Snow. Et je n’ai pas l’intention de perdre les Jeux de la Faim.
Chapitre III.- Spoiler:
Je suis réveillée par Solan qui frappe à ma porte. Il est tôt. Je vais lui ouvrir, et c’est lui qui me ramène à la réalité. Tout était trop simple. La matinée commençait, trop belle. Il fallait un nuage.
- C’est le jour J.
Il me sourit doucement et nous montons sur la terrasse. Il m’aide à m’accrocher à l’échelle qui nous emmène dans l’hovercraft. Le trajet passe dans un brouillard épais et un silence pesant. Personne ne parle, et il n’y a bientôt plus aucun bruit. J’en profite pour graver une superbe image de Solan dans mon esprit. Il est très beau en réalité. Je n’avais jamais vraiment fait attention avant. Je ne fais plus attention à rien. On m’emmène, je me laisse faire. On emprunte des couloirs, on passe dans des pièces à se demander ce qu’elles font là. On nous laisse dans ma chambre de lancement. Mon styliste s’occupe de m’habiller, et ni l’un ni l’autre ne parle. Nous savourons cet instant de calme, jusqu’à ce que je décide de rompre le silence.
- Pourquoi suis-je là ?
J’exprime dans cette seule phrase toute l’angoisse qui m’étreint depuis le levé du jour, l’appréhension de ce que je vais affronter, la peur de ne plus jamais revoir ma mère. L’envie de vivre me pousse à craindre ce qu’il va se passer. Un instinct de survie me plonge dans un malaise purement inutile. Mais pour rien au monde je ne le montrerais. Ma question, posée sur le ton le plus neutre, ne me trahirait pas si la peur ne se lisait pas dans mon regard.
- Parce qu’ils crient vengeance, me répond Solan calmement. Ils veulent pouvoir admirer ta mort. Et ils veulent quelque chose de plus sanglant que celle de ton grand-père. - Il y avait beaucoup de sang pourtant. Ca a taché toute sa chemise.
Il me tourne autour et j’en profite pour me regarder aussi. Je porte un pantalon en toile brun, assez large mais qui me recouvre des hanches jusqu’aux chevilles, avec une tunique à manches longues et amples assortie. J’ai des chaussures style bottines à lacets. Je remarque aussi une capuche à mon haut et Solan m’attache une sorte d’écharpe autour de la taille. Je suppose qu’on peut la porter comme on veut. Il me pousse doucement sur la plateforme qui va m’emmener dans l’arène. Il nous reste à peine quelques minutes.
- Fais attention à toi, Anaon, et prouve-leur que tu ne te laisseras pas faire. Je t’interdis de mourir.
Il me plante un baiser sur le front avant que le tube de verre ne se referme sur moi et me coupe du monde. Il me laisse là sans aucun autre conseil. Je murmure un adieu, et il doit lire sur mes lèvres car il secoue la tête en souriant et dit quelque chose qui ressemble vaguement à un « à bientôt ». Je ferme les yeux et me laisse hisser jusqu’à la surface.
Quand je les rouvre, je dois cligner des yeux plusieurs fois et mettre ma main en visière. Je constate qu’ils ont décidé de ne pas me laisser à mon avantage. L’arène est un immense désert. Des dunes à perte de vue sous un soleil de plomb. Du sable partout. Non, pas partout. Une ombre verte se dresse derrière moi. C’est très mal parti, pour une princesse des glaces. Autour de moi, vingt-trois autres tributs aussi déterminés que moi à rester en vie. Au centre : la Corne d’Abondance. Je m’accroupis pour prendre de l’élan le moment venu. Le compte à rebours défile. Je fais le vide dans ma tête.
- 5 … 4 … 3 … 2 … 1 … Que les soixante-seizième Hunger Games commencent !
Et puisse le sort vous être favorable. Je ne laisse pas un millième de seconde à mes adversaires et je bondis en avant en courant à toute allure vers la Corne. J’y suis en quelques secondes alors que les autres tributs ne sont qu’à mi-chemin. Je prends la première chose qui me tombe sous la main, et profitant de mon élan, escalade la Corne. Je me retrouve en haut avant d’avoir pu souffler. Dans ma main droite, un fouet. Quatre adolescents foncent directement vers la forêt. A une vingtaine de mètres de moi, dix-neuf tributs s’essoufflent. Au premier coup, cinq d’entre eux saisissent qu’ils n’atteindront pas les objets les plus intéressants et s’en vont en emportant deux ou trois bricoles inutiles. Les autres se prennent ma cravache avec des cris. Ils n’abandonnent pas pour autant. Ils se rassemblent comme des moutons en un petit paquet, ce qui m’aide à les tenir à distance. Ils s’imaginent que je vais m’épuiser à continuer comme ça. Alors que je pourrais faire ça toute la journée.
Ma main claque et un tribut femelle tombe. Elle se relève mais les autres n’ont toujours pas compris. Quand un seul parvient à franchir mon mur de résistance, les autres s’arrêtent presque le temps que je m’acharne sur lui. Il s’étale de tout son long et ne bouge plus, inconscient. Je reconnais parmi ceux qui restent Katlyn et Groomer. L’une a la joue en sang et l’autre se tient ridiculement le bras. Cinq bonnes minutes plus tard, ils battent en retraite vers la forêt en boitant, en se traînant et en pleurant.
Je descends pour constater mon butin. Je récupère un sac que je remplis d’eau, de nourriture et de médicaments. Je sais que les autres ne me laisseront pas assez de temps pour prendre tout ce que j’aimerais, et de toute façon, je ne pourrais pas tout emporter. Je me contente donc du nécessaire. Je prends un autre sac contenant un sac de couchage, des allumettes et des lunettes de soleil. Je les mets immédiatement, ce qui soulage mes yeux déjà douloureux. Ils ont toujours été fragiles. Je prends aussi des lunettes de nuit. Je m’empare d’une ceinture avec deux poignards et la glisse à ma taille, sous mon foulard. Je rabats ma capuche sur ma chevelure en bataille et attrape mon fouet. Avant de partir, je mets le feu à ce qui reste de la Corne d’Abondance. Ainsi, si je ne peux pas avoir tout ça, eux non plus.
Je me dirige en courant le plus loin possible de la forêt, sans jamais la perdre de vue. Je ne m’arrête que lorsque le soleil est haut dans le ciel. Il doit être midi. Il fait trop chaud pour continuer. L’air vibre et forme de petite vaguelette. Je m’installe entre deux grandes dunes de sable, et inspecte rapidement mon équipement. Je découvre qu’un de mes sacs à dos peut se transformer en tente. Je souris et vide une gourde d’eau en entier. Je ne me suis même pas arrêter pour boire, et mon corps me le fait remarquer. J’attends deux ou trois heures en suant à grosses goutes, puis je me remets à marcher.
Cette fois, je tourne un peu, de façon à ne plus être dos à la forêt, mais qu’elle soit à ma gauche. Elle ne ressemble plus qu’à un gros point vert. Je m’arrête de temps en temps pour boire un peu et continue. Je reste sur mes gardes, au cas où on veuille me tendre un piège. Mais aucun tribut ne se montre jusqu’au soir.
Je monte mon campement sous une dune de sable un peu plus grande que les autres. Je mets mes affaires à l’intérieur de ma tente et la recouvre de sable, qu’elle ne soit pas repérable trop facilement. Elle est juste assez grande pour m’accueillir avec mon deuxième sac et mes armes. Je m’installe et allume une petite lampe dissimulée dans une poche de mon sac. Je le fouille encore pour vérifier s’il ne me réserve pas d’autres agréables surprises, et je découvre avec plaisir un petit flacon pour purifier l’eau, deux petites gourdes vides et un petit paquet de pastilles très rafraichissantes. J’en prends une et ma température chute merveilleusement de presque quarante degrés à au moins trente-cinq degrés, sans aucun vertige ou autre désagrément. Ce doit être pratique lors d’une journée sous le soleil et pour les grosses fièvres. Ou alors, c'est juste un impression.
Je sors la tête hors de ma tente en attendant l’hymne. Un coup de canon résonne et le visage du garçon de la Corne d’Abondance apparait. Je rentre sous la tente et commence à m’endormir, un sourire sur les lèvres. Et puis l’évidence me frappe. Je comprends. Il n’y a pas eu de bain de sang cette année. Il me reste encore vingt-deux tributs à tuer.
La nuit passe lentement. Elle est très fraîche, comparé à ce matin. Mais je ne trouve pas le sommeil aussi facilement que je l’aurais espéré. Je pense à ce qu’il va se passer. J’ai peur. Vingt-deux adolescents contre moi. Au début, je croyais naïvement que ma volonté de vaincre remporterait tout. J’avais tort. Je ne pensais pas aux autres tributs qui sont tout aussi prêts à défendre leurs vies que moi. Je sais qu’ils n’ont jamais eu à se confronter à quoi que ce soit, et déjà, la nature se chargera de quelques uns. Mais les autres ? Si la faim, la soif, la chaleur ou les animaux un peu trop agressifs se chargent d’une partie de mes concurrents, je ne pourrais pas ignorer ceux qui restent jusqu’à ce qu’ils s’entretuent. Et je suis certaine que les juges ne me laisseront pas ce plaisir. Et puis je n’ai pas non plus toute la vie. J’ai assez de nourriture pour un bon moment encore, mais il va bien falloir que j’aille me chercher de l’eau, car mes réserves ne vont pas tarder à s’épuiser. Et à mon avis, le seul point d’eau que l’on pourrait trouver se trouve dans la forêt. Je vais devoir m’y rendre. Je préfère en finir au plus vite.
A l’aube, je suis déjà prête à partir, et déjà en sueur. Le voyage sera encore plus long qu’à l’aller. Et je n’ai pas assez dormi. Sous le soleil, avec la chaleur, ça ne pardonne pas. Je suis très tôt épuisée, mais je ne m’accorde pas une pause. Je meure d’envie de prendre une douche la plus froide possible. Mes lunettes soulagent mes yeux, mais ils me brûlent encore. La capuche de mon haut rabattue sur ma chevelure en bataille, je suis un peu protégée, mais la canicule reste étouffante. J’ai tellement chaud qu’à un moment, j’ai l’impression de voir trois ombres au loin. Et puis je secoue la tête, et elles s’effacent doucement. Mais peut être n’était-ce pas une illusion ? Non, je ne pense pas. Et de toute manière, il fait trop chaud pour penser. Le soleil tape et ne me laisse aucun répit.
Le temps poursuit sa course, j’en fais de même. Mes jambes avancent toutes seules. Je n’ai pas la force de m’arrêter. Cela fait un bon quart d’heure que je marche avec des mouches devant les yeux, qui apparaissent et disparaissent après plusieurs minutes. Mais je suis le mouvement, mon corps obéit à l’objectif que je me suis donné : arriver à la forêt avant la nuit. Et puis à un moment, je m’arrête net. Quelque chose ne va pas. Il y a un épieu planté dans le sable à deux pas de moi. Je le regarde. Mais je comprends trop tard. Un deuxième épieu est lancé. Il n’effleure que ma hanche grâce à un réflex que je ne m’explique pas. Un groupe de trois ou quatre tributs s’approche lentement. Parmi eux, Antel, Katlyn et Groomer. Je n’ai pas bougé. Je ne peux plus. Mes jambes sont fixées au sol, désertées de leur automatisme qui m’avait bien aidé jusque là. Mais de toute façon, je n’ai même pas envie de m’enfuir. Mes sacs sont trop lourds. Mes mains tremblent trop pour prendre un couteau. Je ne suis même pas capable de me défendre. Alors c’est comme ça que ça va finir ? Non, je ne veux pas. Mais mon corps et mon esprit s’en mêlent. Les autres me regardent, presque étonnés. Et puis d’un coup, tout s’inverse. Tout devient noir. Je m’écroule au sol.
Chapitre IV. - Spoiler:
J’ai soif. Je vais mourir. J’ai soif. J’ai mal. Je vais mourir. J’ai soif. J’ai mal. Je saigne. Je vais mourir. J’ai soif. J’ai mal. Je saigne. J’ai faim. Je vais mourir.
Je gémis. Le soleil me brûle les yeux. Je ne vois rien. Je ferme les paupières. Ce n’est pas mieux. J’ai chaud. J’ai soif. Ma peau est brûlante. Réfléchir. Je dois rebrancher mon cerveau. Le reconnecter à mon corps. Mes mains. Mon ventre. L’épieu. L’enlever. Il faut que j’enlève l’épieu. Mes mains essaient de bouger. J’ouvre les yeux. Je ne vois toujours rien. Ouvrir les paupières. Les fermer. Ouvert. Fermé. Ca ne change pas. Attrapé, l’épieu. Ca fait mal. J’essaie de tirer. Pas assez de force. Plus de sang. Le cri ne franchit pas mes lèvres. Il est bloqué. Il m’empêche de respirer. Je tire plus fort. Je me cambre. L’épieu est sorti. J’ai mal. Le brouillard.
Je ne rêve pas. Je suis coincée dans ce corps trop lourd. Je ne peux pas monter, rejoindre les étoiles. Quelque chose me retient. Le sang. Il coule à nouveau. Maman, j’ai mal. Mais je ne sais pas où. Aide-moi Maman. Ca brûle. Je n’aime pas ça. Elle m’empêche de passer de l’autre côté Maman. S’il te plait, aide-moi. Je ne supporte pas la douleur. Je me vide de mon sang Maman. Mais lentement. Aide-moi Maman. Fais que ça aille plus vite. S’il te plait. Que ça s’arrête. Enfin. Que je puisse aller pourrir la vie de Grand-père. Fais vite Maman. Je souffre. S’il te plait …
J’inspire. L’air rentre dans mes poumons. Il me brûle la gorge. J’expire. C’est horrible. Respirer est un calvaire. Je ne vois rien. Je ne suis même pas sûre d’être consciente. Je ne peux pas bouger. J’ai mal. J’essaie de cibler la douleur. J’essaie de me calme. J’essaie de me rappeler, j’essaie de faire remonter les souvenirs. Je ne vois rien. Tout est flou. Tout est tâché de rouge. J’ai mal. Je suis déshydratée. Il y a quelque chose de poisseux sur ma peau. Mes vêtements me collent au corps. J’entends un râle. Lointain. Eteint. Mais je crois qu’il vient de ma gorge. Je dois me réveiller. Mais les ténèbres sont là. Trop vite.
Je gémis. Je suis là. Je ressens à nouveau. Il n’y a plus juste du rien. Je suis là. Je respire. C’est dur. Mais je le fais. Je reprends la vie avant qu’elle ne me glisse entre les doigts. Je regarde un petit point blanc. Il m’attire. Il est là, il grandit. Il me tend presque la main. Alors je m’y accroche. Et je me laisse guider.
Je m’étrangle. L’air rentre, sort, rentre, sort. Ca va trop vite. Ca fait mal. Je ne vois rien. Je n’entends rien. Mais je sens mes mains sur ma gorge, sur ma poitrine, essayant vainement de ralentir le processus. Mais je n’y arrive pas. Alors je laisse faire. C’est épuisant. Et puis ça se calme. Mes paupières s’ouvrent doucement. Je ne distingue rien. Mais lentement, surement, le mécanisme de la vie revient. Mes mains m’obéissent à nouveau. Mes orteils s’agitent. Mais je ne peux pas bouger plus. J’ai encore trop mal. Et ça n’ira pas en s’arrangeant. Se remettre en mouvement. Se reconnecter avec la réalité. Se rappeler. Petit à petit.
Qui es-tu ? Je m’appelle Anaon Snow.
Quel âge as-tu ? J’ai douze ans.
Où es-tu ? Je ne sais pas. Cherche. Je crois qu’il y a du sable. C'est déjà ça.
Quel est ton souvenir le plus net ? Maman me prend dans ses bras.
Combien de temps s’est-il écoulé depuis ? Je n’en ai aucune idée. Un siècle. Peut être deux.
Que s’est-il passé entre les deux ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Avant ça, on a tiré mon nom. Pour les Hunger Games. J’ai porté une robe sublime. Il y avait un garçon aux cheveux verts. Une femme qui a dit vouloir me garder en vie. Des tenues d’entraînement. D’autres adolescents. Le plateau télé. Un odieux personnage. J’avais la robe la plus belle du monde. Je sais ce qu’il s’est passé entre temps. On m’a envoyée dans l’arène.
Pourquoi t’y a-t-on envoyé ? Parce que mon Grand-père était le président. C’était un meurtrier.
Comment est-elle cette arène ? Il y a du sable. C’est le désert. Il y a une forêt. Je crois. Et vingt-trois autres tributs à tuer. Non. Vingt-deux.
Comment es-tu arrivée là ? J’ai marché. Il faisait chaud. Je suis tombée. J’ai eu mal. Et puis plus rien.
Comment vas-tu te sortir de là ? Je dois me soigner. Je dois avoir des médicaments. J’avais deux sacs. Et des armes. Mais on a du me les prendre. Je n’ai plus rien. Je vais devoir me lever, chercher un point d’eau. De la nourriture. Rejoindre la forêt.
Combien de temps es-tu resté inconsciente ? Je ne sais pas. Et bien réfléchis ! Il fait chaud, mais moins qu’à midi. Le soleil doit être bas. Quelques heures dans le meilleur des cas. Au pire, peut être deux à trois jours. Non. Pas autant. Entre six et trente six heures peut être. Oui, on va dire ça. Entre un quart de jour et un jour et demi.
Que vas-tu faire après Anaon ? Je vais assassiner tous les autres tributs pour rentrer chez moi.
Bien. Première étape. M’asseoir. Ensuite, me lever. J’essaie d’abord de me redresser. Mais c’est impossible. Je me mords la lèvre tellement j’ai mal. Je roule sur le ventre. Mon cri est étouffé par le sable. Mes mains prennent place de parts et d’autres de mes oreilles. Elles repoussent le sol, faiblement, lentement mais surement. Douloureusement, je finis par m’asseoir sur les talons. Mes mains se plaquent sur mon bas ventre. Je rouvre les yeux, mais j’ai encore du mal à voir. Je distingue vaguement des formes. Des formes basses et claires. Ce doit être les dunes de sable. Et un peu plus loin, une masse assez important se dresse. Foncé. Ca pourrait être du vert. Ca devrait être la forêt. Elle n'est pas si loin. Même très proche.
Je prends une grande inspiration. J’ai assez attendu. Il faut que je me lève. Je cuis au soleil. Ma blessure me fait souffrir. Mais tant pis. Je me mets à genoux. Puis je lève un pied. Je lève le deuxième le plus vite avant de hurler. Je ne saignais plus. Mais ça recommence. Je serre mes mains sur la plaie, mais ça ne sert à rien. Pour m’éviter de me baisser, j’enlève mon haut. Je ne sais pas trop comme je m’y prends, mais j’arrive à ne pas me faire trop mal. Je crois que j’ai enlevé les manches avant de faire passer ma tête, mais je n’ai pas trop compris ce que j’ai fais. Je suis comme une machine. J’agis automatiquement. Je déchire le tissu et m’en fais un bandage serré. Ca fait mal au début. Et puis ça passe. Et ça soulage quand je marche. Un petit pas après l’autre. Je gémis. Mais je ne m’entends presque pas. C’est comme si mon corps était piloté par quelqu’un d’autre. Comme si j’étais ailleurs. La douleur s’estompe petit à petit. Enfin non. C’est juste que je finis par l’oublier. Je marche, je marche, et j’oublie. Ou plutôt je me traîne. Je ne pense plus. Je laisse mon corps avancer, presque en rampant.
Je m’appuie au tronc d’un arbre. J’ai réussi. J’y suis arrivée, par je ne sais quel miracle. Si les autres adolescents ne sont pas encore au courant de ma survie, mes gémissements ne vont pas tarder à leur mettre la puce à l’oreille. Ma blessure saigne, mais je l’ignore. J’essaie d’en faire de même avec la douleur, mais c’est plus compliqué. Mais peu importe. La deuxième étape, c’est trouver un point d’eau. Il faut que je boive. Je ne me suis pas traînée jusqu’ici pour mourir de soif. Et ça risque de ne pas tarder si je ne me bouge pas. Je crois bien que la lumière baisse. Je vois toujours en noir et blanc. Ou plutôt en lumière et en ombre, ce serait plus exact. Mes mains semblent pleines de sang. Elles sont collées à mon bandage. Je ne sais pas pourquoi, c’est un réflex d’appuyer dessus. Pour comprimer la plaie, peut être. Ou la douleur. Peut être les deux.
J’ai beau regarder autour de moi, je ne vois pas la moindre gouttelette d’eau. Et je suis trop fatiguée pour me remettre à marcher. Je suis brûlante de fièvre. Je me laisse doucement glisser jusqu’au sol. Au moins, je suis à l’ombre. Et cette forêt parait immense. Peut être qu’il n’y a personne dans cette petite partie. Peut être pas. Je suis exténuée. Je meurs de soif. J’ai la bouche sèche. Une migraine. La tête qui tourne et du mal à me concentrer. Je ne sais pas depuis combien de temps j’ai bu. Je n’ai plus rien. Une idée me traverse l’idée. Mais je fais vite une crois sur l’option « parachute ». Aucun ne tombera du ciel pour moi.
Je ferme les yeux. Je me repose. J’attends. Je ne sais pas exactement quoi. La fin peut être. Ou que l’eau tombe du ciel. Je ris doucement. C’est douloureux, mais ça fait du bien. Je ris, parce que j’ai rêvé le contact de l’eau. J’ai cru sentir la goutte sur ma peau, tellement j’en ai besoin. C’est drôle. Oh, encore. Je garde les yeux fermés. C’est agréable cette sensation, d’avoir un peu d’eau sur soi. Et je sais que si j’ouvre les yeux, elle disparaîtra. Je souris béatement. Une, deux, trois, quatre. C’est bien, cette sensation de rêver. Je me demande si je peux aussi me donner l’impression d’être guérie. J’essaye, mais ça ne vient pas. J’ai toujours aussi mal, et je sens toujours le sang salir mon haut devenu pansement en toile. Et ça continue. Je me laisse doucement bercer par cette eau purement imaginaire, et j’en entends même le bruit, de loin.
Non. Ce n’est pas possible. Je rouvre les yeux et relève la tête. Il y a bel et bien de l’eau qui tombe du ciel. Je crois que ça s’appelle pleuvoir en fait. C’est merveilleux. Non, c’est un miracle. Je fais un immense sourire et ouvre grand la bouche pour l’accueillir. Je crois même que je bénis le ciel. Chose tellement rare. Qu’elle est bonne cette eau ! Je ne sais pas qui, comment, pourquoi, mais si je n’étais pas en train de me réhydrater, je crois que je le remercierais. Merci, bon sang, merci. Je suis là, sous l’arbre, et il pleut. Le feuillage empêche la tempête de me tomber sur la tête, il laisse juste de quoi me désaltérer. De quoi me sentir mieux. De quoi atténuer un tout petit peu la douleur. De quoi me rafraîchir et m’empêcher de bouillir.
Cette fois, je crois bien que la nuit tombe. Mais ça ira. Je suis trempée. Je ne risque plus d’avoir chaud. Ca devrait calmer la fièvre. Ca va m’aider à reprendre des forces. Demain, tout ira mieux. Je me roule en boule entre les racines de l’arbre et ferme les yeux. Dans cette petite niche, peut être qu’on ne me trouvera pas. Mais j’ai mal. Tellement mal encore. Je saigne, j’en suis sûre. Je me laisse bercer par le bruit de la pluie qui tombe. Mais un autre bruit attire mon attention. Un bruit de pas. Enfin je crois. J’ouvre les yeux. Je ne vois rien. Pas même les ombres. Il n’y a plus d’ombres, idiote, c’est la nuit ! Je me redresse lentement en gémissant. J’étais enfin à l’abri …
[b]Chapitre V.- Spoiler:
- Drôle de cachette, Blanche-Neige.
Je suis en danger. Lumière rouge dans ma tête. Mon corps ne réagit pas. Je ne bouge pas. Je suis morte. Je ne vois rien. De quel côté regarder pour qu’il ne le remarque pas ?
- Il faut se battre, mon poussin. Tes jambes sont encore fortes. Alors lève-toi et marche.
C’est la voix de Maman. Elle vient me chercher. Elle vient m’emmener loin de cet endroit. Elle vient me sauver. Fais attention à Wayn Maman. Il veut me tuer. Il va me tuer. Fais vite Maman, partons. Prends ma main.
- Maman ? Maman où es-tu ? Ma main Maman …
Maman ne vient pas. Je tends les mains vers elle pourtant. Mais elle ne vient pas. Je ne vois rien Maman, tu dois venir me chercher. Je ne pourrais pas venir. Maman, dépêche-toi ou il va me tuer. Maman s’il te plait. Maman ?
- Blanche-Neige ?..
Il approche Maman. Fais vite. Emmène-moi avec toi Maman, emmène-moi loin ! Emmène-moi au château de la princesse qu’il y a dans l’histoire … Tu sais, l’histoire que tu me racontais, quand j’étais enfant ? Le château avait l’air si beau … Tu disais qu’il était comme le mien. Tu disais qu’un jour, nous irions peut être. Il faut y aller aujourd’hui Maman. Allons-y avant qu’il ne soit trop tard. Il y a un tableau blanc. Très blanc et très lumineux, dans ma tête. Mais je vois ma mère ! Maman, attends-moi, je suis là. J’essaie de me lever, mais je n’y arrive pas. Mes jambes sont trop lourdes. Et tu t’en vas Maman, tu t’en vas sans moi. Tu n’as pas le droit. J’arrive, ne pars pas si vite ! Reviens ! Maman, reviens ! Je t’en supplie !
- Maman …
Le noir. Plus rien. Maman est partie. Elle ne reviendra pas. Je le sens au fond de moi.
[Maintenant]
Je cours, elle court, il court, nous courons. Nous battons la campagne ! Ce serait une jolie balade. Si nous n’étions pas poursuivis. Si nos vies n’étaient pas en danger. Si nos séjours sur cette terre ne s’achèveraient pas sous peu. La forêt est jolie, cela dit. C’est un bel endroit pour mourir.
- Ca suffit !
C’est Antel. Tout le monde s’arrête. Il se retourne, et Sigrid et moi l’imitons. Nous sommes épuisés. Mais mon binôme a raison. Plutôt se battre que de fuir. Si ça doit finir, au moins que ça aille vite. Nous sommes à un contre trois. C’est fini. On a aucune chance de s’en sortir.
[Avant]
J’ouvre les yeux. La première chose qui me frappe : Je vois clair et mieux qu’avant. La seconde : je n’ai plus mal et j’ai un pansement au ventre. La dernière est une jeune fille aux yeux clairs et familiers. Le tout souffre d’une grande crise d’amnésie.
- Tu te réveilles enfin, déclare la voix d’Antel.
Il est là aussi. Plus loin, faisant rôtir deux lapins sur une broche. Je ne comprends rien, mais je me garde bien de demander des explications. Je les trouve par moi-même. Les deux sacs que j’avais sont près de mon binôme. Je referme les yeux. Le soleil est haut dans le ciel. Il doit être environ midi. Je suis guérie, je suis vivante, je suis en pleine forme. Je retrouve espoir. Peut-être que Maman avait raison. Peut-être que si je me bats jusqu’au bout, la vie aura quelque chose de bien à m’offrir. Mais je n’y crois pas. La vie ne m’a jamais fait de cadeau. Et j’en vois la preuve dans les cris d’autres tributs qui se rapprochent de nous.
[Maintenant]
Je sors mes dagues de leurs fourreaux. J’ai l’air ridicule dans ma posture de défense. Et misérable avec mes deux malheureux cure-dents. Ma robe traine sur le sol. C’est la seule chose qui me redonne un peu de ma majesté. Antel dégaine son épée, Sigrid prend en main son couteau. Je sais qu’elle ne tuera pas. Elle n’est pas faite pour cela. Elle a le don de guérir. Elle n’ira pas à l’encontre de ses principes. Je la respecte pour cela, mais je ne pourrai pas nous défendre toutes les deux.
- Anaon !
Mon prénom. Antel me prévient. En un quart de seconde, je dévie le coup qui m’était adressé. Mes attaquants forment un cercle autour de moi. Mes alliés sont dans des positions similaires. Nous sommes faits comme des rats. Mais nous vendrons chèrement notre peau.
[Avant]
Je pensais avoir le temps de m’apitoyer sur mon sort. Et ben même pas. Des voix nous parviennes, et des bruits de course. On nous a repérés. Et On ne nous veut pas que du bien. Je ne sais plus combien nous sommes en tout de tributs. Je n’ai pas le temps de refaire le compte. Sigrid me force à me lever. J’ai du mal à croire que je suis aussi en forme. Il ne doit me rester qu’une cicatrice. Combien de temps suis-je resté inconsciente ?
- Fais vite, ils sont nombreux.
Antel prend mes sacs et nous entraîne au pas de course vers le Nord, je crois. Nous abandonnons le campement. J’entends d’ici des éclats de voix, ils arrivent. La traque commence ici, mes amis.
[Maintenant]
Ils fondent sur moi à tour de rôle. Ils sont hilares, pourtant leur petit jeu ne m’amuse pas. Je ne tiendrai pas comme ça très longtemps. Je n’ai pas dormi depuis au moins trente six heures. Mais c’est ça, les Hunger Games, n’est-ce pas ? Il faut se battre jusqu’à la mort. Il n’en restera qu’un. « Sigrid, à droite ! » Je ne comprends pas pourquoi je la préviens, pourquoi nous nous aidons mutuellement. Je devrais les laisser, tenter de fuir et les laisser se faire tuer. Ce n’était pas dans mes plans. Je n’avais pas prévu ça. Je ne devais pas avoir d’alliés. Ca ne devait pas se passer comme ça.
[Avant]
- « Comment est-ce que je suis arrivée ici ? - Antel t’a trouvé. Tu étais mal en point. Tu as été inspirée, de prendre autant de médicaments, répond-elle. - Je sais. Pourquoi m’avoir sauvée ? - Parce que ça valait le coup. »
Je n’en saurai pas plus. Tant pis. Je n’ai qu’à considérer que je suis en vie par miracle. Ce n’est pas tout à fait faux non plus. Je regarde le ciel étoilé. Nos poursuivants nous laissent la nuit pour répit. Nous en avons besoin. Mais demain, la chasse reprendra. Je n’ai pas l’habitude d’être la proie. Et j’ai horreur de ça. Je fixe les visages qui défilent dans le ciel. Il y en a cinq. Antel m’a dit que pendant mon long sommeil, trois autres tributs étaient morts. Ce qui fait neuf. Neuf, en comptant le premier mort. Je ne crois pas qu’il y en ait eu pendant ma traversée du désert. Nous sommes encore treize …
[Maintenant]
Je tourne sur moi-même à l’intérieur de leur petit cercle. Je ne dois pas les avoir dans mon dos. Il faut que je me trouve une sortie. Ils se rapprochent, ils attaquent, et je suis pieds poings liés. J’ai beau donner des coups et atteindre mes cibles, je ne tiendrai pas plus longtemps.
- Ah !
C’est moi. Ca y est, je ne tiens plus. Un m’a eu au bras. Je jette un coup d’œil. Ce n’est qu’une égratignure. Mais je suis mal barrée. Un autre m’envoie un couteau. Je ne m’explique pas mon réflex. Je ne m’explique pas cet instinct de survie qui me hurle tous mes mouvements. Tout ça m’est inconnu. Grandir au Capitole m’a appris à me méfier des gens aux gros ventres et aux lunettes multicolores. Grandir au Capitole m’a appris que les rayures et les poids ne sont pas à mettre sur un même vêtement. Grandir au Capitole m’a appris qu’il ne faut jamais contrarier son supérieur hiérarchique. Grandir au Capitole m’a appris à tuer les ennemis qui tenteraient de me barrer la route. Personne ne m'a jamais dit qu'ils tenteraient de riposter.
[Avant]
Et le coup de canon résonne. Plus que douze. Qui est le dernier mort ? Je l’ignore. Et je m’en moque. Je préfère ne pas les connaitre. Les connaitre entrainerait des scrupules, de la culpabilité. Quelque chose que je n’ai, il me semble, jamais ressenti. C’est tout le contraire que ce que Papi Meurtrier a essayé de m’apprendre. « Il faut connaitre son ennemi, le comprendre, le surprendre pour mieux lui enfoncer la dague dans le dos ». Phrase surprenante, venant de lui, car il préférait empoisonner les gens. Enfin, non. Il préférait que JE les empoisonne. Etrangement, personne ne s’est jamais inquiété qu’une gamine serve les invités. Les pauvres ont du être surpris. Mais ont-ils au moins compris leur erreur ? Je n’en suis même pas certaine. J’en suis là de mes réflexions, mais la voix d’Antel me tire de mes pensées.
- Il faut qu’on reparte. Je les entends arriver.
Il a raison. Des bruits de pas me parviennent. Tout cela parait tellement irréel. Je n’ai pas tous les éléments du puzzle. Sigrid ne m’a toujours pas dit comment je m’en étais sortie. Comment elle m’avait soignée. Comment m’avait-elle trouvée. Je ne comprends rien. J’en ai marre.
[Maintenant]
Ils sont toujours là, tournants autour de moi comme des vautours. Nous ne cessons de nous regarder en chiens de faïences. Je ne sais pas ce qu’ils attendent pour me tuer. Ce serait tellement facile. Mes coéquipiers ne pourraient même pas m’aider. Antel arrive à les tenir en respect, mais il ne tiendra pas indéfiniment. Comme moi, il tombera. Et Sigrid peine à se défendre. Je n’ai pas le choix. Il faut que je me sorte de ce pétrin. La meilleure défense reste l’attaque, il parait. Je dois tenter une percée. Mais par où ? Il n’y a que deux mètres entre nous. Ils devraient me tuer. Mais tant pis pour eux. Un cri retentit. J’ai quitté mon cercle. Un des adversaires de mon binôme est à terre. Et le son du canon résonne. Il est mort. Nous sommes trois contre huit maintenant. Mais la lutte est loin d’être finie.
Ils finissent par tomber, tous, un à un, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. Nous avons vaincu, même au prix de sang et de douleur. C’est un élan d’espoir et de courage qui nous envahit. Mais je ne pense pas que ça dure. Nous étions douze. Neuf sont morts. A présent, tout se joue entre nous trois.
Dernière édition par Sansa Ogary le Jeu 24 Jan - 2:22, édité 14 fois | |
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