LittleSunshine Fait des noeuds avec Finnick
Messages : 3008 Date d'inscription : 09/08/2012 Age : 107 Localisation : Quelque part
| Sujet: [FIC] La Mer pour seule amie (72ème Hunger Games) Mer 15 Aoû - 21:41 | |
| Bonjour à toutes et à tous,
Je vous propose ce soir le premier chapitre de ma première fanfiction sur l’univers d’Hunger Games. Le titre est pas top mais je n'ai pas vraiment d'idées (je suis pas douée pour trouver des titres XD) Sinon, n'hésitez pas à faire des remarques aussi bien négatives que positives (dans l'autre sens ça marche aussi)
Résumé : Séraphina, orpheline de mère, est arrivée dans le District Quatre à l’âge de treize ans. Etant originaire du Capitole, elle se retrouve mise au banc du District. Rejetée même des années plus tard, elle n’a pour seule amie qu’une jeune fille dont le physique fait fuir les autres et un fiancé caché dont la bâtardise a longtemps fait jaser. Malheureusement, les Hunger Games sont toujours là. Et cette 72ème édition pourrait bien briser le semblant de bonheur de la jeune femme. - Chapitre 1:
Nous prenons notre petit-déjeuner en silence ce matin-là comme chaque année. Même Esméralda, malgré son exubérance habituelle, ne parle pas. Papa a l’air grave. Il n’a jamais aimé le jour de la moisson. Trop de mesures de sécurité à prendre selon lui. Je sais toutefois qu’il n’y a pas que cela. Malgré son statut de chef des Pacificateurs, Papa n’aime pas voir des jeunes aller se faire massacrer dans l’arène surtout qu’il connait la plupart d’entre eux.
Je ne peux m’empêcher de penser à Zéphyr pour qui cette moisson doit être la dernière. Je prie de tout mon cœur pour qu’il ne soit pas tiré au sort. Je songe aussi à Chiara, ma meilleure et unique amie. Il lui reste deux moissons à subir.
— Vous devriez aller vous préparer les filles, déclare mon père. La moisson ne va pas tarder à commencer !
Je me lève pour faire rapidement la vaisselle laissant le temps à ma sœur d’aller se doucher. Je grimace en songeant à la voix et aux manies de Cassianka communément appelée Cassy. C’est l’hôtesse du District Quatre et je dois avouer qu’elle ne fait pas honneur au Capitole. Bien au contraire. Toutefois, je pense qu’ils ont fait exprès de choisir les gens les moins futés du Capitole pour accueillir les tributs.
L’année passée Cassy avait la peau violette claire. Ses cheveux, ses vêtements ainsi que ses ongles étant quant à eux de couleur mauve. Je l’avais trouvé affreuse toutefois je lui avais menti lorsqu’elle m’avait posé la question lui assurant que son style était divin.
Lorsque Cassy venait au District Quatre, elle discutait souvent avec Esméralda et moi. Sans doute nous prenait-elle en pitié, nous qui avions connu les fastes du Capitole avant de déménager chez notre « soi-disant » oncle à la mort de notre mère. J’avais treize ans à l’époque et Esméralda onze. Je ne sais pas comment notre père a réussi à avoir notre garde. Tout ce que je sais c’est qu’il a prétendu que nous étions les enfants de son défunt frère et de son ancienne maîtresse et que cela avait semble-t-il marché. Nous avions été plutôt mal accueillis à notre arrivée au Quatre. Il faut dire aussi que nous ne passions pas vraiment inaperçue. J’avais les cheveux bleus à cette époque et des vêtements flashy tandis qu’Esméralda était habillé de différentes teintes de rose.
J’ai vite compris que pour m’intégrer, je devrais entrer un minimum dans le moule. J’ai arrêté les colorations retrouvant mon roux naturel et ai commencé à m’habiller comme les gens du Quatre. Toutefois, cela n’a pas changé le regard des gens sur moi. Pour eux, j’étais et je serai toujours la fille du Capitole.
— A toi, Phina ! s’exclame ma sœur.
Je me tourne vers elle. Les cheveux teints en violet, habillée d’une jupe courte et d’un haut noir qui met en valeur sa poitrine, Esméralda n’a pas fait le choix de se fondre dans le District. Le fait de s’être fait rejeter a accentué au contraire son envie de sortir du lot.
Je vais prendre ma douche. Je sais que nous sommes peu à posséder l’eau courante dans le district. Zéphyr ne l’a pas chez lui. Sa mère est obligée d’aller à la rivière tous les jours. Je brosse mes cheveux et décide de mettre un ruban. J’attrape la robe qu’Esméralda m’a choisie dans son armoire. D’un vert sombre, elle m’arrive un peu au-dessus des genoux. Je suis obligée d’être un minimum présentable le jour de la moisson.
Je mets les boucles d’oreille en or que j’ai hérité de ma mère. C’est une des dernières choses qu’il me reste d’elle. Puis je me maquille.
Je rejoins quelques minutes plus tard ma sœur. Notre père est parti. Il doit superviser ses subalternes. J’enfile mes chaussures à talons vertes tout droit importées du Capitole. Nous sommes parées pour la Moisson. Nous passons entre les rangs des habitants du District pour aller nous installer sur l’estrade à côté de la mairesse. Je remarque alors Cassy. La peau teinte en vert clair et les le reste vert foncé. Je retiens une grimace en me rendant compte que je suis visiblement à la mode du Capitole. Cassy se dirige vers nous pour nous saluer. Elle claque deux bises à Esméralda avant de se tourner vers moi. Elle me regarde d’un air appréciateur.
— Dommage que tu ne te sois pas fait de teinture, cela t’irait encore mieux !
Je me force à lui sourire. Elle commence à parler du Capitole et des fêtes sublimes auxquelles elle a participé dernièrement. Je fais mine de l’écouter tout en surveillant les personnes qui arrivent. Je vois Chiara qui se place avec les filles de son âge. Non loin, Zéphyr arrive au bras de sa mère. La pauvre femme est pâle comme un linge. Je me retiens de poser une main sur mon ventre encore plat. Je croise le regard de Zéphyr qui me sourit, je souris aussi.
— Cela n’avait rien de drôle, Séraphina ! s’exclame Cassy. — Je comprends, je réponds.
Cassy secoue légèrement la tête. Sans doute me prend-t-elle pour une idiote. Elle me salue avant de se diriger vers le micro. Je m’assieds à ma place et cache mes doigts pour les croiser. Si je les croise jusqu’à la fin de la Moisson, ni Chiara ni Zéphir ne seront tirés au sort.
Cassy tapote le micro avant de s’exclamer :
— Bonjour à tous ! Et bienvenue à la Moisson des 72ème Hunger Games !
Elle est de dos. Je ne vois donc pas son expression mais au son de sa voix je peux deviner que ses lèvres maquillées de verts doivent être étirées en un sourire joyeux.
— Mais avant de procéder à ce que vous attendez tous. Le Capitole vous propose une clip sur nos origines et celles des Hunger Games.
Le même clip que les années précédentes passent sur l’écran géant racontant la révolte des Districts et la création des Hunger Games à la fin de la guerre. La vidéo se termine par l’hymne de Panem. Je me lève pour la chanter mais ni le cœur ni l’esprit n’y est. Je ne peux m’empêcher de fixer Zéphyr. Cela se voit qu’il se force à prendre un air neutre comme la majorité des gens du Quatre.
— Honneur aux demoiselles, lance Cassy à la fin de l’hymne.
Elle plonge sa main dans le bocal et en retire un papier qu’elle déplie à l’aide de ses immenses ongles.
— Chiara Butterfly !
Je ne peux m’empêcher d’écarquiller les yeux tandis que mon cœur rate un battement. Ce n’est pas possible ! Elle ne peut pas avoir été tirée au sort. Je vois les filles autour d’elle s’écarter. Les Pacificateurs s’avancent pour l’encadrer et la mener sur l’estrade. Même si j’espère que quelqu’un se portera volontaire, je sais aussi que personne ne le fera. Elle monte sur l’estrade. Cassy se baisse pour lui serrer la main. Chiara observe la foule avant de me jeter un regard apeuré.
— Et bien passons maintenant aux garçons, déclare Cassy en mettant la main dans le bocal.
Je croise les doigts à m’en faire mal. Elle déplie le papier et lance :
— Et le tribut masculin du district Quatre est…
Je la maudis de maintenir ainsi le suspens. Ne se rend-t-elle pas compte qu’elle fait assez de mal comme ça ?
— Zéphyr Coopers.
Je me sens mal. Ce n’est pas possible. Il ne peut pas avoir été choisi. J’entends un cri de femme. La mère de Zéphyr essaye de se frayer un chemin dans la foule mais des Pacificateurs la retiennent. Zéphyr encadré de deux d’entre eux s’avance vers l’estrade. Je croise son regard et me force à ne pas pleurer. Je dois rester forte. Lui marche la tête haute.
— C’était ta mère ? demande Cassy en souriant. — Oui, répond Zéphyr la voix rauque. — Elle a l’air fier de toi !
Je retiens un rire nerveux. La mère de Zéphyr a l’air au contraire désespéré de le voir nommer tribut. Je sens une larme couler le long de ma joue. La main d’Esméralda se pose sur la mienne. Je ne dois pas pleurer. Pas en public. Pas devant les caméras du Capitole. Je relève la tête et force mes lèvres à esquisser un sourire arrogant. Ma meilleure amie et mon fiancé viennent d’être nommés comme tribut et peut-être qu’aucun d’entre eux ne reviendra.
- Chapitre 2:
Je me regarde dans la glace du salon. C’est la seule glace que nous ayons à la maison. Elle est ébréchée à plusieurs endroits mais nous n’avons pas les moyens d’en acquérir une nouvelle. Maman travaille à la poissonnerie centrale et gagne une misère. Quant à moi, la pêche au grand large n’est pas toujours lucrative. J’arrange ma chemise, mets bien mon col. Ma mère me regarde faire le visage fermé. Je sais qu’elle ne peut s’empêcher de penser au pire. Sans doute a-t-elle rêvé cette nuit que mon nom serait tiré.
— Il va falloir y aller, maman, déclaré-je.
Ma mère semble sortir de pensées particulièrement sombres. Je la vois se forcer à me sourire. Elle se lève et passe son bras sous le mien. J’aimerais la rassurer mais je ne sais que dire. Je suis son fils unique et je sais que chaque année, elle tremble à l’idée de voir mon nom sortir. Je lui tapote gentiment la main.
Nous sortons de la maison où nous vivons. Elle ne possède que deux pièces mais nous avons la chance d’avoir un toit sur la tête. Nous nous dirigeons vers la place principale du District. Mon regard croise celui de Séraphina. Elle discute avec Cassy, l’hôtesse de note district. Elle me sourit, je réponds à son sourire du mieux que je peux. Mon ventre me fait mal. C’est ma dernière moisson. J’ai pris un certain nombre tesserae et mon nom apparaît donc vingt-deux fois. C’est toutefois moins que Grady qui est marqué quarante fois.
Je me place près des garçons de mon âge. Tout le monde semble inquiet moi le premier. Je ne peux pas être tiré cette année. Je lance un regard vers Séraphina. Elle a reporté son attention vers Cassy. Leur conversation se termine. Séraphina va s’asseoir à côté de sa sœur tandis que Cassy s’approche du micro.
Elle a l’air encore plus ridicule que l’année passée avec sa peau verte claire et sa robe verte foncée. Ses cheveux sont de la même couleur que sa robe tout comme ses ongles de sorcières. J’ai l’impression de voir une plante qui a pris une apparence humaine.
— Bonjour à tous, déclare-t-elle. Et bienvenue à la Moisson des 72ème Hunger Games !
Elle parle d’une voix joyeuse comme si nous allions être tirés au sort pour un séjour de rêve. Ses lèvres vertes s’étirent en un sourire.
— Mais avant de procéder à ce que vous attendez tous. Le Capitole vous propose un clip sur nos origines et celles des Hunger Games !
Ce clip qu’on nous oblige à regarder tous les ans pour que les districts n’oublient pas. Le Capitole veut nous montrer qu’il détient tous les pouvoirs, comme si nous pouvions encore en douter. Cassy semble en transe récitant le texte qu’elle connaît visiblement par cœur. Le clip se termine par l’hymne de Panem. Je vois Séraphina qui se lève pour le chanter. Je chante moi-même sans conviction.
— Honneur aux demoiselles, lance finalement Cassy en mettant la main dans le bocal.
Elle déplie le papier avec une lenteur délibérée qui me fait la détester encore plus.
— Chiara Butterfly !
Je regarde dans la direction de Séraphina qui semble avoir des difficultés à cacher sa peine. Chiara est sa meilleure et unique amie. Je vois les autres s’écarter autour de Chiara. Cassy semble surprise en constant la particularité physique de Chiara. Les Pacificateurs viennent se poster à côté d’elle et l’escortent jusqu’à l’estrade. Ses jambes plus courtes que la normale l’handicapent pour monter les marches pourtant elle reste très digne.
Cassy la regarde étrangement. Peut-être est-ce la première fois qu’elle voit une naine. Chiara est en tout cas la seule que je connaisse L’hôtesse se penche pour lui serrer la main avant de retourner près du micro.
— Et bien passons maintenant aux garçons, déclare Cassy en mettant la main dans le bocal.
Je sens mon rythme cardiaque s’accélérer. Elle déplie le papier avec lenteur avant de déclarer :
— Et le tribut masculin du district Quatre est…
Son sourire s’agrandit. On dirait qu’elle prend plaisir à nous faire souffrir.
— Zéphyr Coopers !
Je sens tous les regards se tourner vers moi et une chape de plomb me tomber sur les épaules. Ce n’est pas possible, je ne peux pas voir été tiré au sort. J’attends ma mère pousser un cri terrible. Je me tourne vers elle et la voit pousser les gens pour me rejoindre. Elle est arrêtée par des Pacificateurs. Deux d’entre eux m’escortent vers l’estrade. Je vois la mine triste de l’un d’eux qui n’est autre que Garrett. Ce dernier a le béguin pour ma mère depuis des années. J’avance vers l’estrade la tête haute. Je ne veux pas que le Capitole voit ma faiblesse. Je croise le regard de Séraphina. Elle est livide et je devine qu’elle doit se forcer pour ne pas pleurer.
— C’était ta mère ? demande Cassy en souriant. — Oui, répond Zéphyr la voix rauque. — Elle a l’air fier de toi !
Je me retiens de grimacer. Cela se voit que Cassy ne sait pas ou ne veut pas savoir ce que représentent les Hunger Games pour nous. Je serre la main de Cassy avant de me tourner vers Chiara. Elle me regarde visiblement malheureuse. Elle sait tout. Séraphina lui a dit. Je lui serre la main.
— Applaudissez bien fort les tributs du Quatrième District ! s’exclame Cassy en frappant dans ses mains fébrilement. Joyeux Hunger Games et puisse le sort vous être favorable ! ajoute-t-elle avec une joie effrayante.
- Chapitre 3:
Je me précipite vers la pièce où attend Zéphyr. Les Pacificateurs s’écartent pour me laisser entrer. Sa mère est déjà là en train de le serrer contre son cœur. Elle sursaute en m’entendant entrer et s’écarte de lui. Zéphyr ouvre ses bras dans lesquels je viens me réfugier. Je me mets sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Il me serre un peu plus contre lui.
— Reviens-moi, soufflé-je contre ses lèvres.
Je vois bien dans ses yeux qu’il doute. Je l’embrasse une deuxième fois avant d’enlever une des boucles d’oreilles de ma mère.
— Elle te portera chance, dis-je en la lui mettant dans la main. — Tu es sûr ? — Prends-la, insisté-je en l’embrassant une dernière fois. Je t’aime. — Je t’aime aussi, dit-il.
Je sens sa main qui caresse mon ventre. Je lui souris. Je quitte à regret la pièce mais j’y suis obligée. Je dois aussi aller voir Chiara. Je frappe à la porte avant t’entrer. Les parents de Chiara sont là. Ils ont pleuré, je le vois. Ils embrassent leur fille une dernière fois avant de sortir. Je me jette dans ses bras. Chiara, ma seule amie. La seule qui m’ait acceptée.
— Tu l’as vu ? demande-t-elle.
Je hoche la tête ne pouvant plus retenir mes larmes.
— Je ferai tout ce que je peux pour qu’il revienne.
Mon cœur rate un battement en comprenant qu’elle ne croit pas à sa chance.
— Ne fais pas ça, Chiara ! — Sa vie est bien plus précieuse que la mienne. Et tu ne seras bientôt plus la seule à avoir besoin de lui, ajoute-t-elle en posant un regard entendu sur mon ventre.
Je la reprends dans mes bras.
— Tu es ma meilleure amie, Chiara, déclaré-je. Je ne veux pas te perdre. — Dis-toi qu’il faut mieux que tu me perdes moi plutôt que lui, réplique-t-elle en me repoussant légèrement.
Petite par sa taille, Chiara est si grande à l’intérieur. Je décide de ne pas insister, elle ne m’écoutera de toute manière. J’enlève ma deuxième boucle d’oreilles et la lui mets dans la main. Elle écarquille les yeux en reconnaissant le bijou auquel je tiens tant.
— Tu es sûre ? — J’ai donné l’autre à Zéphyr. J’espère qu’elles vous porteront chance.
Elle aporte à son cœur et déclare :
—Je ferai tout ce que je peux pour pouvoir l’amener dans l’arène.
Je l’enlace une dernière fois quand des coups sont frappés à la porte. La porte s’ouvre et un des hommes mon père nous déclare que la visite est terminée. Je me sépare de Chiara à regret et sort dans le couloir. Ma sœur est adossée au mur dans une pose qu’elle veut sans doute lascive. Elle discute avec Finnick Odair. Sa main se pose sur le torse du jeune homme. Finnick sourit. Un étrange jeu de séduction s’est mis en place entre eux depuis qu’Esméralda a quinze ans. Bien que tout le monde sache ici que Finnick ne voit qu’en Annie Cresta, devenue folle suite aux Jeux, ils continuent leur étrange relation. Je m’approche d’eux.
— Tu le feras. Tu me le jures ? demande-t-elle d’une voix langoureuse. — Je te le promets, Esmé.
Je devine qu’Esméralda arbore un immense sourire.
— Tu rendras visite à Annie durant mon absence ? — Bien sûr ! J’aime bien Annie, tu sais… — Tiens ! Bonjour Séraphina, lance-t-il en me voyant. — Bonjour Finnick, répliqué-je.
Je vois ma sœur s’éloigner un peu de lui.
— Il va falloir que j’y aille. Au revoir Séraphina. Au revoir Esmé, ajoute-t-il d’une voix suave.
Il lui fait un clin d’œil avant de s’éloigner.
— N’oublie pas ce que tu m’as dit ! s’exclame Esméralda. — Toi non plus, réplique-t-il en nous faisant un signe de la main. — Je peux savoir à quoi tu joues ? questionné-je. — J’ai demandé à Finnick un coup de pouce, répondit-elle. — Je ne parle pas de ça !
Esméralda soupire légèrement.
— Ce n’est qu’un jeu entre nous, Phina. Arrête de te faire du mauvais sang ! — Tu sais qu’il ne tombera jamais… — Je le sais ! me coupe-t-elle. Et ne t’inquiète pas ! Je ne suis pas amoureuse de lui, non plus. Tu as pu voir Zéphyr ? demande Esméralda.
Sa question me ramène à mes malheurs. Je hoche la tête en essayant de retenir mes larmes. Esméralda me prend dans ses bras tout en m’entraînant à l’extérieur du bâtiment. Nous devons sortir avant que les tributs ne soient escortés vers le train.
— Ça va aller, essaye de me rassurer Esméralda.
Mais cela ne fait que m’angoisser encore plus. Je commence à trembler. Ma sœur accélère le pas. Elle sent que je ne vais pas tarder à craquer. Je vois Cassy se diriger vers nous. Elle me lance un regard inquiet en voyant mon expression.
— Ça ne va pas, Séraphina ? demande-t-elle.
J’ai envie de lui répondre que rien ne va depuis qu’elle a tiré au sort le nom de deux des personnes les plus proches de moi. Mais je ne peux pas répondre. Je continue de trembler sans pouvoir me contrôler.
— C’est une crise de panique ! Cela lui arrive souvent, intervient Esméralda en commençant à m’emmener plus loin. — Je ne peux rien faire pour l’aider ? questionne Cassy visiblement soucieuse. — C’est gentil de le proposer mais non. Je vais la ramener à la maison. — Je vais vous aider, déclare l’un des subalternes de mon père.
Il prend mon autre bras pour me soutenir. Ils m’installent sur un fauteuil du salon de la maison. Je reconnais alors Garrett. Je sais par Zéphyr que le Pacificateur a des sentiments pour sa mère. Rien que penser à lui me fend le cœur. Esméralda revient avec un verre d’eau.
— Chiara est une gamine débrouillarde, Mademoiselle Mitchell. Je suis sûr qu’elle va s’en sortir.
Je me rends compte alors que tout le monde va croire que je pleure uniquement la perte de ma meilleure amie. Après tout personne ici, sauf Esméralda, ne sait ma liaison avec Zéphyr. Je lève mes yeux vers Garrett et comprends en voyant l’expression sur son visage qu’il ne pense pas ce qu’il a dit. Je devine qu’il espère le retour de Zéphyr. Il ne veut sans doute que le bonheur de celle qu’il aime.
— Vous devriez aller voir, Madame Coopers, Garrett, dis-je finalement. — Vous croyez ? — Allez-y ! l’encouragé-je.
Je le regarde s’éloigner le cœur lourd. Esméralda me prend dans ses bras. Je la serre un peu plus contre moi et pleure de nouveau.
- Chapitre 4:
Dans le train, nous retrouvons Cassy et Finnick Odair dans le wagon-repas. Cassy ne peut s’empêcher d’étudier Chiara du regard. Sans doute se demande-t-elle combien de temps Chiara survivra dans l’arène. Je m’assieds à côté de cette dernière qui se hisse sur sa chaise. La table est remplie de nourriture comme aucun de nous n’en a encore vu. Chiara prend sa serviette et la pose délicatement sur ses genoux. Cassy la regarde faire ébahie. Je décide d’imiter Chiara avant de me servir en petits pains.
— Alors ! Je suppose que vous vous demandez si les autres tributs ont le même traitement que vous ! s’exclame Cassy.
Je vois Finnick lever les yeux au ciel. Lui sait que ce n’est pas ce qui nous inquiète le plus.
— Et bien vous devez savoir que les cuisiniers du Capitole préparent les mêmes plats pour chaque district. Même les Un et Deux !
Elle semble trouver cela formidable. Comme si le Capitole nous faisait un cadeau incroyable. Cette femme est effrayante de bêtise.
— Vous souhaitez être coaché ensemble ou séparément ? demande Finnick après quelques secondes de silence.
Avant que j’ai pu répondre, Chiara déclare :
— Ensemble !
Je lui lance un regard surpris. Chiara me fixe de ses yeux foncés. Je baisse les miens gêné. J’ai toujours l’impression qu’elle lit en moi comme dans un livre ouvert et cela me met mal à l’aise.
— Et si je ne veux pas ? demandé-je. — Tu n’y es pas obligé, se contente de répondre Finnick. Mais une alliance peut toujours être bénéfique dans l’arène.
Lors de son édition, Finnick s’est allié avec le tribut féminin du Quatre et cela s’est mal fini pour elle. Blessée par un autre tribut, il n’avait rien pu faire pour la sauver. Des scènes ainsi se passent tous les ans aux Hunger Games et je dois avouer que je me vois mal regarder mourir Chiara sans pouvoir l’aider.
— De toute manière, tu n’es pas obligé de prendre ta décision tout de suite, continue Finnick. La nuit porte conseil.
Je vais directement dans ma chambre et serre la boucle d’oreille de Séraphina contre mon cœur. Je repense à la première fois que je l’ai vu, la première fois que je lui ai parlée, la première fois que nous nous sommes embrassés. Je m’endorme mélancolique songeant que je ne connaîtrais peut-être jamais mon enfant. Que je serais comme mon père l’a été pour moi un inconnu.
Je suis réveillé le lendemain matin par de discrets coups frappés à la porte de mon compartiment. Je me redresse en me frottant les yeux avant d’inviter la personne à entrer. Chiara pénètre dans la pièce. Elle me fixe de ses yeux bruns.
— Tu as pensé à ce que j’ai dit ? demande-t-elle d’une voix douce. — A l’alliance ?
Elle hoche la tête en s’asseyant sur une chaise.
— Je ne sais pas si c’est une bonne idée, Chiara, avoué-je. — Moi non plus je ne veux pas te voir mourir, Zéphyr, déclare-t-elle.
J’ouvre la bouche en une expression surprise. Cette fille est d’une perspicacité effrayante.
— Mais tu dois penser à… Tu-vois-Quoi, continue-t-elle. Et je pense que je peux t’aider. — Je pensais bien qu’elle te l’avait dit, déclarai-je. — Et ? Tu penses t’allier à moi ?
Je la regarde me demandant ce qu’elle pourrait m’apporter. Une expression lasse apparaît sur son visage.
— Tu dois te dire que je ne t’apporterai rien, n’est-ce pas ?
Elle esquisse un sourire.
— J’ai l’habitude d’être sous-estimée, cela peut être un atout. — Mais pourquoi voudrais-tu m’aider ?
Elle trace un cercle sur son genou gauche pensive.
— Parce que je sais qu’on a plus besoin de toi au Quatre que moi, répond-t-elle tout simplement. — Et ta famille ? demandé-je. Tu y as pensé ? tenté-je la raisonner.
Chiara détourne le regard. Elle semble émue.
— Elle est mon amie, Zéphyr, et je ferai tout pour que tu reviennes, lâche-t-elle avant de se lever.
Je la suis du regard alors qu’elle quitte la pièce. Je suis choquée par ses paroles, par son désir de me ramener à tout prix au Quatre. Je quitte mon lit et vais me doucher. Je mets l’eau à vingt-cinq degrés. Le jet glacé finit de me réveiller et m’éclaircit les idées. Je repense aux paroles de Chiara et à sa proposition d’aide. Cela me paraît surréaliste qu’elle veuille que je gagne à ce point. N’a-t-elle personne pour qui se battre ?
- Chapitre 5:
Je suis assise face à la mer seule comme avant. Je caresse le sable chaud pensive. Je me rappelle la première fois où Zéphyr m’a embrassé. C’était ici dans cette petite crique. Nous nous retrouvions depuis près de deux ans en secret. Le secret avait toujours fait parti de notre relation. Je ne voulais pas que les autres s’en prennent à lui comme ils avaient fait avec Chiara.
Je sens les vagues me lécher les orteils. C’est Zéphyr qui m’a appris à nager. Avant d’arriver au Quatre, je n’avais jamais vu la mer. Un jour, je suis allée me baigner pour essayer mais j’ai été emportée au loin par le courant. C’est Zéphyr qui m’a sauvée la vie. A treize ans, il nageait déjà avec une habilité impressionnante. J’ai appris plus tard qu’au Quatre on les mettait dans l’eau dès le berceau. Accrochés sur le dos de leur mère, ils allaient sous l’eau avec elles pour pêcher des crustacés. Zéphyr peut donc rester sous l’eau plus longtemps que la normale tout comme une bonne partie des gens du Quatre.
— La diffusion va commencer dans cinq minutes Séraphina, déclare Esméralda à ma droite. — Je ne veux pas y aller. — Tout le monde est obligé d’y assister tu le sais bien.
Aujourd’hui c’est le jour de la parade. Je vais voir défiler Chiara et Zéphyr sur le char du Quatre. Sans doute seront-ils habillés de filets de pêche comme chaque tribut du Quatre depuis des années.
— Tu viens alors, insiste Esméralda d’une voix douce. — J’arrive, répliqué-je en me levant.
Je me frotte les mains pour enlever le sable et suis Esméralda vers la ville. Tout le District Quatre a dû venir voir le défilé. Certaines personnes font des dizaines de kilomètres chaque année pour assister aux Jeux. Ils sont obligés de venir sous peine de sanction.
Je m’installe au premier rang entre ma sœur et la mairesse. L’hymne de Panem retentit. Nous devons nous lever pour la chanter, une main sur le cœur comme le veut la tradition. Je me rassois à la fin. Les présentateurs Caesar et Claudius apparaissent à l’écran. Les cheveux de Caesar sont teints en vert. Cela doit être la mode cette année. Tandis que la peau de Claudius a une couleur étrange un mélange de marron et de jaune.
— Bonjour Claudius. — Caesar, je vois que vous avez encore changé de couleur de cheveux, plaisante-t-il.
J’entends le rire des spectateurs. Je ne vois vraiment pas ce qu’ils trouvent drôle.
— Et vous de couleur de peau !
Un nouveau éclat de rire éclate sur le plateau.
— Nous n’avons pas oublié de saluer quelqu’un Claudius ? — Bien sûr que non puisse que nous allons le faire maintenant. — Bonjour Paaaaneemm ! s’exclament les deux hommes en chœur. — Aujourd’hui, nous sommes réunis… — En ce jour pour célébrer le mariage, le coupe Caesar en riant. Vous êtes très cérémonieux, Claudius, plaisante l’homme en riant. —Désirez-vous vous y essayer, Caesar ?
Je les maudis intérieurement de nous faire ainsi attendre. Je veux voir Zéphyr. L’appréhension me donne mal au ventre.
— Mais avec plaisir, Claudius. Aujourd’hui a donc lieu le défilé des tributs. Lequel sera votre favori ? Nous vous invitons à voter à la fin du défilé.
Je serre les dents tandis qu’un message explique comment voter en bas de l’écran.
— Le défilé va commencer dans quelques minutes mais les plus folles idées ont déjà été entendu concernant les tenues des Districts. — Paraît-il que les tributs du Un auraient des tenues entièrement composées de véritables pierres précieuses, intervient Claudius. — Mais le plus intéressant concerne les rumeurs concernant les tenues des tributs du Quatre. — Ce n’est, en effet, un secret pour personne que la condition de la tribut féminine est inédite pour les Hunger Games. Je me demande ce qu’a trouvé son styliste pour la sublimer. — Je crois que vous n’êtes pas le seul à vous poser la question Claudius, réplique Caesar.
Je serre les poings contre mes cuisses. Je ne supporte pas qu’il parle de mon amie ainsi.
— Oh ! Je crois que le défilé ne va pas tarder à commencer ! s’exclame Claudius.
Les visages des deux hommes disparaissent de l’écran pour faire place à une arène en délire. J’ai presque envie de vomir en voyant tous ces visages exaltés. Certains ont déjà choisi leur camp et agitent frénétiquement des drapeaux aux couleurs de leur favori. Je me force à rester stoïque. Je sais que nous sommes filmés.
Le char du district Un pénètre dans l’arène. Les rumeurs étaient vraies leur tenues brillent de mille feux. Elles semblent composées de rubis et d’or. Les deux tributs se tiennent droit, un fin sourire étire leurs lèvres tandis qu’ils saluent la foule. Des fleurs sont lancées dans leur direction ainsi que des choses un peu plus embarrassantes. Le jeune homme récupère en effet un soutien-gorge en dentelle. Il fait un sourire charmeur dans la direction d’où il a été lancé et hume le sous-vêtement. Je ne peux m’empêcher de grimacer. Le Capitole est peuplé de gens étranges.
Les autres chars entrent les uns après les autres.
— Et voici les tibuts du District Quatre ! Chiara Butterfly et Zéphyr Coopers dans des tenues qui reflètent magnifiquement bien leur district.
Comme je m’y attendais Zéphyr a été affublé d’un filet de pêche qui a été mis comme une toge, une sorte de filet de pêche avec des mailles plus fines cache les parties stratégiques de son corps. Il est beau à en damner à un Saint. Depuis que je le connais je lui ai toujours vu une petite ressemblance avec Finnick Odair mais à cet instant leur ressemblance est décuplée. Je ne peux m’empêcher de songer à Mrs Coopers qui n’a jamais dit à son fils qui était son père. Serait-ce possible ? Je me force à ne pas me tourner vers Mrs Coopers et Mr Odair et décide reporter mon attention sur Chiara.
Sa tenue est faite de coquillages et descend jusqu’à ses pieds. Ses cheveux qu’elle a long sont parsemés de coquillages eux aussi. Sa place a été surélevée pour que le haut de sa tête arrive à l’épaule de Zéphyr. Je remarque qu’elle se tient à la rambarde pour ne pas tomber. Elle fait signe avec sa main gauche. Je retiens un soupir en entendant les femmes hystériques crier le nom de mon fiancé.
J’ai à peine le temps de voir que Chiara glisse de son estrade que Zéphyr la rattrape avec rapidité. Il la porte telle une princesse et les cris de la foule se font plus forts et plus aigus. Les commentateurs n’ont cessé de parler durant tout le défilé mais je n’ai pas vraiment fait attention à ce qu’ils disaient tous ce que je sais c’est la presque chute de Chiara et le sauvetage de Zéphyr vont faire parler le Capitole.
- Chapitre 6:
Je dépose Chiara sur le sol lorsque le char s’arrête. Elle me fait un sourire reconnaissante avant de se diriger vers Finnick et Cassy.
— Fabuleux ! Absolument fabuleux ! s’exclame Cassy. La manière dont tu as rattrapé Chiara ! Merveilleux !
Je lance un coup d’œil dans la direction de Finnick qui me fixe de manière étrange. Je devine qu’il remarque mon regard car il détourne les yeux pour se tourner vers Chiara.
— Ta robe te va à ravir, Chiara.
Toute autre fille du district aurait sans doute rougi face au compliment de Finnick mais elle se contente de lui sourire et de le remercier. Cassy nous propose de retourner à nos appartements. Nous avons un étage rien que pour nous. Je remets des vêtements normaux avec bonheur. Me promener à moitié nu devant un parterre d’inconnus n’a jamais fait parti de mes activités favorites. Je mets la main dans la poche de mon pantalon et récupère la boucle d’oreille de Séraphina. Je m’assieds sur mon lit pour la contempler. Je sais que Séraphina tient beaucoup à ce bijou qui lui a été légué par sa mère.
On frappe à ma porte, je cache la boucle d’oreille dans mon dos tandis que la porte s’ouvre sur Finnick. Il a ce même regard étrange et semble me détailler. Je me retins de lui demander ce qu’il lui prend.
— Comment s’appelle ta mère déjà ? demande-t-il.
Je lui lance un regard surpris.
— Penelope. Pourquoi ?
Je le vois pâlir tandis qu’il essaye de garder contenance.
— Comme ça. Je me posais la question, c’est tout. Et ton père ? questionne-t-il avec prudence.
Finnick n’a pas grandi dans le même quartier que moi et ne connaît sans doute pas mon état. Son père a la chance de posséder un bateau et sa famille a toujours habité dans un quartier bien plus aisé que le nôtre.
— Je n’ai pas de père. — Comment ça ?
Sa curiosité commence à m’agacer mais je réponds tout de même :
— Je ne sais pas qui est mon père. — Ah, je vois… dit-il pensif. — Il y a un problème, Finnick ? interrogé-je intrigué. — Non, non… Je vais te laisser, déclare-t-il en quittant la pièce.
Je fronce les sourcils en me demandant quelle mouche a bien pu le piquer. Je caresse le métal précieux du bijou de Séraphina pensif. Je me couche sur mon lit et fixe le plafond. Phina me manque. Ma mère aussi, j’espère que Garrett saura la consoler s’il m’arrive quelque chose. Je sais que les Pacificateurs n’ont pas le droit de se marier mais peut-être réussira-t-il à lui donner envie de continuer.
Je ne sais combien de temps je reste à fixer le plafond mais lorsqu’on vient frapper à ma porte pour m’annoncer le dîner, je n’ai toujours pas changé de position. Je me lève et range la boucle d’oreille dans la poche de mon pantalon. Lorsque je pénètre dans la salle à manger. Tout le monde est déjà installé autour de la table. Je m’installe entre Chiara et ma styliste, Petrovia.
— Vous avez fait grand effet sur le public ! s’exclame Cassy en souriant. Tout le monde ne parle que de vous. Les femmes se battent pour acheter des pins, des drapeaux à ton effigie Zéphyr. Attends, j’ai réussi à en avoir un.
Elle cherche au fond de son sac et en ressort un drapeau qu’elle déroule. J’écarquille les yeux en me voyant en tenue de parade. Je me demande comment ils ont pu fabriquer ces objets si vite. Un photographe est bien venu nous immortalisé avant le défilé mais tout de même.
— Tout le monde ne cesse de parler d’une nouveau Dieu du Quatre et de te comparer à Finnick.
Je jette un coup d’œil dans la direction de ce dernier. Nos regards se croisent. Je n’avais jamais fait attention mais nos yeux ont à peu de choses près la même teinte de vert. Je passe la main dans mes cheveux bruns.
— Et Chiara ? demandé-je.
Cassy me lance un regard surpris sans doute peu de tributs s’intéressent au sort de leur camarade de District. Elle se tourne tout de même vers Chiara et déclare avec un sourire moins large que celui qui m’était adressé.
— Les sponsors te trouvent très intéressante. Et les Capitoliens te trouvent mignonne. Tu étais tellement jolie dans ta robe aussi. Sineriane a vraiment fait du bon travail !
Se rend-t-elle compte que ce qu’elle dit peut blesser Chiara ? Je ne pense pas non. Je me suis rapidement rendu à l’évidence que Cassy vivait dans son monde de confort et de superficialité. Elle ne savait pas mesurer ses paroles mais ne le faisait nullement par méchanceté. Je dois avouer que depuis toutes ces années Séraphina a raison. Les gens du Capitole ne se rendent pour la plupart pas compte de l’horreur des Jeux.
Je me sers en salade et passe le plat à Chiara qui me le demande.
— Vous avez une idée de ce que vous montrerez aux Juges ? questionne Finnick qui n’a pas cessé de me fixer depuis le début du repas.
Chiara et moi échangeons un regard.
— Je n’en suis pas encore sûr, avoué-je. — Je pense que je leur montrerai mes talents de faiseuse et lanceuse de filet, réplique-t-elle.
Je suis surpris qu’elle sache déjà ce qu’elle veut faire. Puis, je me rappelle à quelle vitesse, elle fabrique des filets avec n’importe quoi. Je jette un coup d’œil à Finnick en me rappelant la manière dont il a gagné les Hunger Games.
— Ça pourrait marcher, déclare-t-il pensif. Et toi, Zéphyr, tu devrais penser sérieusement à ce que tu vas faire.
Je me contente de hocher la tête ne sachant pas quoi répondre.
— Et surtout ne montrez pas ce que vous savez faire durant l’entraînement. Il faut mieux que les Carrières vous sous-estiment. Vous vous demandez sans doute pourquoi ? ajoute-t-il en voyant mon regard interrogateur. Les Carrières chercheront d’abord à éliminer les tributs qui les inquiètent. Ils ne se soucieront pas de vous si vous faites profil bas. — Et la corne d’abondance ? questionne Chiara après quelques secondes de silence. — Le mieux que vous puissiez faire c’est d’attraper un sac si vous en avez la possibilité avant de vous enfuir. — Il n’y a pas de couteau dans les sacs, je suppose, remarqué-je. — Cela dépend.
Pensif, je me demande comment je pourrais me faire un épieu si je n’ai pas de couteau avant de songer que je pourrais toujours utiliser un silex s’il y en a là-bas. Je sens le regard de Chiara sur moi, elle me sourit. Je détourne le regard mal à l’aise.
— J’ai réfléchi au fait de vous entraîner ensemble, déclare Finnick. Je crois que tu devrais accepter la proposition de Chiara. Tout le monde va la sous-estimer et ça ne peut que vous être profitable.
Je plonge mon regard dans celui de Finnick. Je ne me rappelle pas que les autres tributs l’aient sous-estimé durant ces propres jeux. Cela aurait plus tôt été le contraire même, surtout à partir du moment où il avait empalé la Carrière du Un. Je retiens une grimace de dégoût. Il va falloir que je prenne sur moi si je veux gagner. Je repense à Séraphina et à l’enfant qu’elle attend. Je prendrai sur moi et je gagnerai. Je le dois.
- Chapitre 7:
Papa n’est pas souvent à la maison depuis le début des Jeux. Cette période est toujours critique pour les Pacificateurs qui craignent un soulèvement de la population. Je déjeune avec ma sœur quand une soudaine envie de vomir me prend à la gorge. Je me précipite vers les toilettes. J’entends les pas de ma sœur derrière moi.
— Tu te rends compte ce que cela implique, déclare-t-elle.
Je m’essuie la bouche avant de me tourner vers elle. Esméralda n’était pas au courant de mon état. J’avais trop peur de sa réaction.
— Je le sais parfaitement Esmé. — Si Zéphyr ne revient pas. — Il reviendra, répliqué-je catégorique. C’est bien ce que tu as demandé à Finnick, non ? — Finnick n’est pas tout puissant, tu le sais.
Je ne réplique rien et me lève. Je me dirige vers le lavabo pour me laver les dents. Je devine qu’Esméralda observe mon reflet dans la glace.
— Je vais voir Annie, ce matin. Tu veux venir ?
J’aime bien Annie mais je ne sais si voir une gagnante des Hunger Games devenue à moitié folle soit bon pour ma santé mentale.
— Cela lui fera plaisir de te voir, ajoute ma sœur. — D’accord, cédé-je finalement. Mais laisse-moi lui faire des gâteaux.
Je vois Esméralda esquisser un petit sourire. Elle sait que jamais je ne me permettrais d’aller chez les gens les mains vides. Je me mets aux fourneaux. Nous ne manquons de rien Esmé et moi du fait que nous habitons avec le chef des Pacificateurs. Satisfaite de mon gâteau aux fruits confits, je le démoule et le mets dans un plat que je recouvre d’un torchon.
— Prête ? — On ne peut plus, répliqué-je.
Nous arrivons au village des vainqueurs une dizaine de minutes plus tard. Je frappe à la porte. C’est Mags qui nous ouvre.
— Annie est dans le jardin, dit-elle en nous laissant entrer.
Nous traversons la maison. Annie est assise sur sa balançoire se balance doucement. Nous nous approchons d’elle. Elle semble dans un autre monde. Elle fixe la mer le regard absent.
— Bonjour Annie, déclaré-je.
Elle tourne son visage vers nous. Ses lèvres esquissent un sourire en nous voyant.
— Séraphina ! Esméralda ! Comme je suis contente de vous voir ! s’exclame-t-elle d’une voix douce. — Nous aussi, Annie, répond ma sœur en s’asseyant par terre. — J’ai fait du gâteau. Tu en veux ? questionné-je en imitant Esmé. — Avec plaisir, je… Oh mon Dieu ! Je ne vous ai pas proposé à boire ! s’écrie-t-elle en se levant précipitamment.
La panique se lit dans sa voix j’essaye de la rassurer en lui assurant que nous n’avons nullement soif. Elle s’apaise légèrement et se rassoit.
— Ton gâteau est à quoi ? questionne-t-elle quelques secondes plus tard. — Aux fruits confits. Tu en veux ? — J’aimerais y goûter, oui.
Esméralda me tend le couteau qu’elle a toujours sur elle et j’entreprends de couper trois belles parts de gâteau.
— Il est délicieux, Séraphina, déclare Annie après y avoir goûté.
Je décide de m’appuyer contre un des pieds de la balançoire. Esméralda fait pareil de l’autre côté.
— La mer est si calme aujourd’hui, murmure Annie.
Nous ne répondons rien. Nous avons l’habitude qu’Annie parle toute seule.
— Et sinon comment allez-vous ? demande-t-elle.
Je la vois rougir violemment. Elle se tourne vers moi catastrophée.
— Oh ! Je suis désolée, Séraphina ! Je suis stupide tellement stupide ! Stupide ! Stupide fille ! s’exclame-t-elle en ramenant ses mains de chaque côté de son visage. — Ce… Ce n’est pas grave, Annie et tu n’es pas stupide, tu n’es pas stupide, essayé-je de la rassurer. Ce n’est pas grave…
Je me lève, Esméralda aussi. Mes mots semblent l’apaiser car elle arrête de se balancer d’avant en arrière.
— Je suis désolée Séraphina. Désolée, continue-t-elle tout de même.
Je décide de la prendre dans mes bras. Annie s’accroche à moi comme à une bouée tout en murmurant sa litanie. Esméralda et moi échangeons un regard. Je sais qu’Esméralda ne peut s’empêcher de culpabiliser en la voyant ainsi. Elle déteste ne pouvoir rien faire pour la soulager.
— Annie, j’ai un secret à t’avouer, murmuré-je à son oreille.
Nous nous écartons l’une de l’autre. Elle fixe de ses yeux bleus.
— Un secret ? — Tu promets de ne le répéter à personne. — Bien sûr, répond-t-elle en me souriant. C’est une bonne nouvelle au moins ? — Une bonne nouvelle, oui.
J’approche ma bouche de son oreille et murmure :
— Je suis enceinte et je veux que tu sois la marraine.
Annie porte ses mains à sa bouche, je devine qu’un sourire illumine son visage. Ses yeux semblent avoir retrouvés un semblant de vie.
— Oh mais c’est merveilleux ! Je suis tellement contente pour toi, Séraphina ! s’exclame-t-elle joyeusement.
Je suis contente de la voir ainsi toutefois cela ne dure pas. Ses sourcils se froncent, son front se plisse. Elle lève un regard inquiet vers moi.
— Et le papa ? demande-t-elle dans un murmure.
Je me sens rougir légèrement. Comme une idiote, je n’avais pas pensé qu’elle me pourrait me poser ce genre de questions.
— Nous ne sommes plus ensemble. — Ah ! C’est vrai pourquoi ? — Il avait honte d’être avec moi, répliqué-je au tac-au-tac.
J’ai honte de mentir à Annie mais je ne me vois pas lui dire que le père de mon enfant participe aux Hunger Games et risque de mourir à chaque instant. Cela risquerait de la replonger dans une nouvelle crise.
— Pourquoi aurait-il honte de toi ? — Parce que je suis la nièce du chef des Pacificateurs, parce que je suis Capitolienne. — De toute façon, c’est un crétin qui ne se rend même pas compte de ce qu’il rate ! intervint Esméralda. — Je suppose qu’il serait malvenu de te demander de qui il s’agit. — Je suis désolée, Annie.
Cette dernière me fait un sourire indulgent.
— Il n’y a pas de quoi. Il est normal que tu gardes son nom pour toi. Je suis déjà contente que tu m’aies choisi comme marraine. Tu n’avais pas pensé à… ?
Elle s’arrête dans sa phrase sans doute se rend-t-elle compte que ce qu’elle voulait dire pourrait me blesser.
— J’ai pensé à elle, en effet, avoué-je. — Je comprends, répond-t-elle visiblement pas vexée.
Cela me rassure. Nous discutons encore quelques minutes puis décidons de nous retirer.
— Tu as dit ça sur le coup, n’est-ce pas ? Tu n’avais songé pas à ce qu’elle soit la marraine avant ? questionna Esméralda dans murmure.
Nous marchons dans la rue.
— Je n’y avais pas songé avant c’est vrai. Mais je suis sûre qu’elle fera une bonne marraine, rétorqué-je tout aussi doucement.
Esméralda ne répond rien se contentant d’esquisser un sourire. Elle passe son bras sous le mien et nous rentrons à la maison en silence.
- Chapitre 8:
La première journée d’entraînement vient de se terminer. Cassy n’arrête pas de parler depuis tout à l’heure, j’ai l’impression que ma tête va exploser. Elle m’énerve à piailler sans discontinuer. Finnick fait mine de l’écouter mais je devine qu’elle l’agace aussi.
Nos regards se croisent. Il esquisse un sourire sympathique que je me force à lui rendre. Lui aussi m’agace. La veille, il est venu me voir dans ma chambre et a recommencé à me poser des questions sur mon enfance, ma mère. Il semblait vraiment s’y intéresser et n’hochait pas la tête bêtement comme il le fait à l’instant. Et je dois avouer que cela me gênait légèrement. Le fait qu’ils doivent se rendre à une fête l’a empêché de continuer trop tard. Il m’a semblé ennuyé tandis que j’eus du mal à cacher mon soulagement.
Je jette un coup d’œil dans la direction de Chiara qui mange en silence. Elle semble perdue dans ses pensées complètement déconnectée de la réalité et je ne peux que l’envier. Je vais me coucher directement après le repas, je me mets au lit et éteins la lumière peut-être que cela dissuadera Finnick de venir me parler. Je sais que si Séraphina était là, elle me dirait d’être plus patient et aimable. La pensée d’une remarque de Phina me fait sourire, elle me manque.
J’entends la porte qui s’ouvre doucement. Contre le mur je vois une ombre. Je devine qu’il s’agit de Finnick. J’essaye de prendre une respiration régulière, il ferme la porte avec douceur. J’attends que les pas s’éloignent dans le couloir avant de me retourner dans le lit. Je cherche l’anneau dans ma poche de pantalon avant de retirer ce dernier. Rien que le contact du métal précieux me rassure. Je sais que Séraphina est d’une manière ou d’une autre près de moi.
Je suis réveillé le lendemain matin par de discrets coups frappés à ma porte. Je marmonne quelque chose qui se rapproche de : « J’arrive » tout en m’étirant. Je me lève, enfile mon pantalon. Je me dirige vers la salle à manger. Tout le monde est déjà autour de la table.
— Prêts pour votre deuxième jour ? demande Cassy visiblement excitée.
Nous nous contentons de hocher la tête tandis que je contiens un bâillement.
— Fatigué Zéphyr ? Tu t’es pourtant couché tôt hier, lance Finnick.
Je lève mon visage vers lui. Nos regards se croisent, je vois de la malice dans ses prunelles. Je comprends qu’il a deviné que je ne dormais pas vraiment la veille. Après le petit-déjeuner, je vais me laver et mettre ma tenue d’entraînement. Chiara m’attend devant l’ascenseur. Nous montons dedans en silence. Il nous amène aux portes de la salle d’entraînement. Lorsque nous y pénétrons la plupart des autres tributs sont déjà là.
Les Carrières s’amusent au lancer de couteaux. Je croise le regard de celle du Deux. Elle me fait un sourire étrange que je n’arrive pas vraiment à définir. Nous décidons d’aller à l’atelier des plantes comestibles ensemble. Nous y passons la matinée puis allons déjeuner. Nous nous installons tous les deux à une table. Nous ne préférons pas avoir affaire à nos potentiels futurs victimes ou meurtriers.
Je sens le banc s’affaisser à ma droite. Je tourne le visage surpris vers les opportuns. Il s’agit des Carrières. La fille du Deux est la plus près de moi. Je retourne à mon repas et porte mon verre à mes lèvres.
— Salut Beau Gosse.
Je m’étouffe à moitié face à sa remarque. « Beau Gosse », elle pense vraiment pouvoir m’embobiner avec des compliments.
— On t’a vu hier au lancer d’épieu. T’as l’air doué.
Je me pince les lèvres en me maudissant. J’ai eu la mauvaise idée hier de montrer un de mes talents. Comme un idiot, j’ai fait ce que Finnick et Cassy m’ont déconseillé.
— Et on s’est dit que peut-être tu voudrais t’allier à un groupe sûr, continue-t-elle.
Je la sens qui se rapproche de moi sur le banc. Elle pose sa main sur ma cuisse. Je contiens mon énervement et décide qu’il ne serait pas approprié de la repousser violemment. Doucement, je prends sa main et l’enlève de ma cuisse tout en disant :
— Je ne suis pas intéressé. — Tu préfères rester avec la naine ! se moque l’un des tributs masculins.
La fille du Deux me fixe. J’ai la désagréable impression qu’elle essaye de m’évaluer. Les trois autres quant à eux rient à la blague sur Chiara. Je serre les poings sur la table. Je sais qu’il serait stupide de m’énerver mais je déteste qu’on se moque des autres à cause de leurs différences. J’ai trop subi de moqueries à cause de mon statut de bâtard pour les supporter encore. Je jette un coup d’œil dans la direction de Chiara. Elle secoue la tête négativement avec lenteur.
— Oh comme c’est mignon, continue le tribut d’un air moqueur, elle ordonne, tu obéis, c’est ça, Beau gosse !
Il crache presque le dernier mot. Visiblement, lui ne désire pas que je rentre dans l’alliance. Cela tombe bien, moi non plus je ne désire nullement avoir affaire à leur bande.
— Tu sais que tu n’as aucune chance si tu restes avec elle, Beau Gosse, déclare la fille du deux sans prêter attention à son condisciple.
Leur arrogance m’énerve. Ils croient vraiment qu’eux seuls peuvent gagner les Hunger Games.
— Je vous trouve bien arrogants, rétorqué-je d’une voix que je voulais calme. — Nous sommes entraînés pour écraser les autres tributs, s’irrite le garçon. — Cela ne vous empêche pas de perdre les Jeux quelques fois. — Tu as utilisé le bon mot, Beau Gosse, quelques fois. Et cette année… Le vainqueur sera un de nous. — Si tu le dis, répliqué-je. — Si tu changes d’avis, tu sais où nous trouver, déclare la fille du Deux en se levant.
Tous les autres la suivent pour s’installer à une autre table. Je sens le regard de Chiara sur moi. Je plante mes yeux dans les siens.
— Quoi ? J’ai dit quelque chose que je n’aurais pas dû dire ?
Elle esquisse un sourire malin. Je fronce les sourcils.
— Tu ne penses tout de même pas que… Tu… tu es folle ?
Elle se contente de sourire encore plus. Il faut que j’en parle à Finnick. Lui arrivera sans doute la convaincre que ce n’est pas une bonne idée.
— Je trouve au contraire que c’en est une très bonne, répond Finnick lorsque je lui explique la situation. — Et mon alliance avec Chiara ! On en fait quoi ? On tire une croix dessus ?
Chiara et Finnick échangent un regard entendu. Je me sens stupide de ne rien comprendre à leurs manigances.
— Cela ne m’empêchera de veiller sur toi de loin, déclara Chiara. — Veiller sur moi ! Veiller sur moi ! Et pourquoi ne songes-tu pas d’abord à veiller sur toi ! m’irrité-je. — Personne ne m’attend vraiment là-bas et tu le sais, rétorque-t-elle calmement. — Et tes parents ! Tu as pensé à eux ?
Elle esquisse un petit sourire. J’ai l’impression qu’elle voit la réalité sous un angle totalement différent du mien.
— Je leur ai fait mes adieux, ils savent que je ne reviendrai pas. — Comment peux-tu être si… si défaitiste. Je… Je suis sûr que tu as la capacité de gagner.
Elle ne répond rien et se tourne vers Finnick pour dire visiblement décidée:
— Il doit s’allier aux Carrières.
- Chapitre 9:
Je vais vers la plage lorsque je croise la mère de Zéphyr. Nos regards se croisent. Je sens le sien descendre vers mon ventre encore plat. Elle n’a pas manqué de remarquer le geste de tendresse de son fils durant nos adieux. Je ne lui ai encore jamais parlé et je n’ai jamais imaginé notre première rencontre ainsi. Elle me sourit légèrement et me fait signe de la suivre à l’intérieur de sa maison. J’hésite un instant mal à l’aise avant d’y pénétrer. C’est une maison en bois composée d’une seule pièce, le seul moyen de ne pas avoir froid l’hiver se trouve être une petite cheminée. Je savais que Zéphyr n’était pas riche mais voir sa maison dans le dénuement le plus total me tort le ventre.
— Une tisane ? questionne-t-elle.
J’accepte par politesse et la voix me verser une tasse brûlante. Je la remercie. Nous restons silencieuses quelques minutes. J’ai l’impression qu’aucune de nous n’osent le briser. Finalement c’est elle qui se lance :
— Vous connaissez mon fils depuis longtemps ? — Cinq ans. Il m’a sauvée la vie alors que j’étais sur le point de me noyer, réponds-je.
Elle esquisse un sourire dans lequel je peux déceler de la fierté.
— Et cela fait combien de temps que vous êtes … ? — Trois mois environ. — Trois mois… Zéphyr le sait depuis longtemps ? — Dès que je l’ai su. — Vous aimez mon fils, n’est-ce pas ? — Profondément. — Et vous pensez pouvoir le rendre heureux ? Je ne vous dis pas cela pour être méchante, explique-t-elle. C’est juste qu’étant donné votre statut, je dois avouer que je me pose des questions concernant votre avenir commun.
Je suis trop inquiète pour Zéphyr pour m’offenser. Aussi, j’essaye de faire taire la petite voix qui me murmure que Zéphyr ne rentrera peut-être pas.
— Vous avez peur que je me lasse de lui et décide de retourner au Capitole ? questionné-je calmement. — J’ai surtout peur que le Capitole vous sépare et que mon fils ne s’en remette pas. — Je comprends, répliqué-je. — J’ai appris que la petite Chiara était votre amie aussi, dit-elle après quelques minutes de silence. On m’a raconté que vous l’avez défendu contre des garçons qui se moquaient d’elle, il y a quelques années et que depuis plus personnes ne l’embête.
Je n’étais pas au Quatre depuis longtemps lorsque j’ai rencontré Chiara. Des garçons l’avaient prise à parti à cause de sa taille. Ils lui tiraient les cheveux, l’insultaient de mots écœurants. J’ai croisé les yeux bruns de Chiara et j’ai su à cet instant que je ne pouvais pas laisser faire ça. J’avais encore le look du Capitole à cet époque et je savais qu’ils risquaient de s’en prendre à moi par la suite mais je m’en moquais.
— Laissez-la ! me suis-je exclamée d’une voix que j’avais voulu autoritaire.
Ils ont tous tourné leur regard vers moi. J’ai vu des sourires mesquins se dessiner sur leurs visages.
— Et que comptes-tu faire pour nous arrêter, sale Capitolienne ! — Je sais me battre, ai-je répliqué en montrant mes poings.
J’ai, en effet, pratiqué la boxe quelques années au Capitole. Maman voulait que je sache me défendre un minimum. Les garçons ont éclaté de rire et l’un d’eux est venu vers moi. Avant qu’il est pu faire quoique ce soit je l’ai frappé dans la mâchoire. Une douleur cuisante a parcouru mon poing droit mais l’autre semblait avoir encore plus mal que moi. Il m’a lancé un regard éberlué.
— Elle est cinglée !
Du sang coulait de sa bouche, il se l'est essuyé et à de nouveau voulu me frapper. Je me suis poussée au dernier moment et je l’ai vu tomber emporté par la violence de son coup. Les autres ont regardé leur copain à terre et ont finalement décidé de battre en retraite. C’est ainsi que mon amitié avec Chiara a commencé.
La voix de Mrs Coopers me sort de mes pensées. Je reporte mon attention sur elle.
—… m’impressionner, disait-elle. Vous êtes quelqu’un de bien, Miss Mitchell.
Je me sens rougir légèrement face au compliment.
— Et je devrais vous apprécier pourtant je ne le peux pas.
J’écarquille les yeux ne comprenant pas pourquoi elle me dit ça.
— Avant vous, j’étais la seule dans le cœur de mon fils et maintenant je sais qu’il n’aura plus que vous en tête. — Vous resterez sa mère, Mrs Coopers. — Je le sais mais il est tellement dur de voir son enfant grandir et devenir un homme.
Cela me fait étrange de parler de Zéphyr de cette manière. Cela me donne l’impression qu’il rentrera forcément ce qui ne sera peut-être pas le cas. Je ferme les yeux. Je dois me retirer cette affreuse idée de la tête. Zéphyr rentrera, je le sais au plus profond de moi.
— Finnick a promis de bien s’occuper de lui, déclaré-je.
Elle me lance un regard surpris.
— C’est son demi-frère, n’est-ce pas ? — Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? questionne Mrs Coopers méfiante. — Ils se ressemblent beaucoup vous savez enfin… Je l’ai remarqué durant la parade.
Mrs Coopers baisse la tête en se pinçant les lèvres.
— Je ne l’ai jamais raconté à personne, lâche-t-elle. Je… J’avais seize ans lorsque j’ai rencontré Protée. Il était plus vieux que moi mais tellement… Je crois que j’ai eu le coup de foudre en le croisant sur le marché où travaillait ma mère. Il était si beau, si… marié. Je ne sais pas s’il m’a remarqué tout de suite, j’ai appris en posant des questions qu’il avait un petit garçon d’environ deux ans. Je n’ai pas insisté. Je ne voulais pas être l’une de ces filles qui brise un mariage. J’ai passé les deux moissons suivantes en ne pouvant m’empêcher de penser à lui surtout que je le voyais tous les jours au marché. On se parlait souvent. Il était si drôle et il devait s’être rendu compte qu’il ne me laissait pas indifférente. Notre relation a débuté peu après mes dix-huit ans. Je pensais qu’il quitterait sa femme pour moi. J’étais naïve, déclare-t-elle en souriant.
Je l’écoute attentivement. Je sais que cela lui fait un bien fou d’avouer un secret qu’elle garde enfoui en elle depuis près de vingt ans.
— Je suis tombée enceinte. J’étais folle de joie mais sa femme aussi était enceinte. Elle a perdu son bébé à quatre mois de grossesse. Il devait choisir, il la choisit. Je suis tombée en disgrâce mes parents m’ont mise à la porte. Tomber enceinte hors mariage ne se fait pas au Quatre, Miss Mitchell. Vous devez le savoir. J’ai réussi à trouver un travail à l’usine et j’ai élevé mon fils.
— Mr Odair ne vous a jamais demandé de nouvelles ? — Bien sûr que si. C’est grâce à lui que Zéphyr n’est pas mort de la rougeole lorsqu’il était petit. Il… C’est lui qui a payé le traitement. Il veillait sur lui de loin sans pouvoir nous approcher. — Vous l’aimez encore ? demandé-je en souriant.
Je la vois rougir légèrement.
— Je crois que je vous en ai assez raconté, Miss Mitchell. Et puis, les notations ne vont pas tarder à être donner, ajoute-t-elle.
Je me lève comprenant qu’elle veut que je parte pour pouvoir se préparer. Je me dirige vers la place de la ville. Elle est déjà en train de se remplir. Je repère Esméralda qui me fait un signe de la main. Je me dirige vers elle mais entre en collision avec quelqu’un. Je lève mon regard en m’excusant. Il s’agit de Mr Odair. Mes yeux rencontrent les siens. Ils sont exactement de la même teinte que ceux de Zéphyr et de Finnick sans doute aussi.
— Veuillez m’excuser, Miss Mitchell. Je ne regardais pas où j’allais. — Ce… Ce n’est pas grave, Mr Odair, répliqué-je en souriant.
Il répond à mon sourire avant d’aller retrouver sa femme Je me dirige quant à moi vers ma sœur.
— Où étais-tu ? Je t’ai cherché partout. — J’étais chez Mrs Coopers, répliqué-je dans un murmure.
Je vis Esméralda ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais l’hymne de Panem commençait déjà à retentir. Je me lève une main sur le cœur et chante de mauvaise grâce mais avec le sourire. Le visage de Caesar et celui de Claudius apparaissent à l’écran. J’écoute à peine les blagues qu’ils sortent et desquelles ils rient tout seul. Mon cœur bat la chamade.
Les résultats sont annoncés District par District. Mon ventre se tord lorsqu’apparaît à l’écran le visage du tribut féminin du trois. Je déglutis difficilement. C’est au tour de Zéphyr. Son visage apparaît à l’écran orné d’un 9. Je ne peux m’empêcher de pousser un soupir de soulagement tandis que j’entends des applaudissements plus loin. C’est au tour de Chiara. Je ferme les yeux et les ouvre. Ce que je vois me sidère, je n’arrive pas à y croire. Ce n’est pas possible.
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Dernière édition par LittleSunshine le Dim 23 Sep - 13:30, édité 21 fois | |
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