À travers l'écorce [Fan-fiction sur Johanna Mason] [Chapitre 19 en ligne !]

Opération finale


- Coin a dit que ce n'était pas forcément vrai, je suis sûr qu'il est vivant.

Mais depuis quand je crois ce que cette garce de Coin raconte? Je m'assis sur le sol à côté d'Annie. Elle ne réagit pas et continue de se balancer d'avant en arrière, ses bras encerclant ses genoux. Son visage livide est trempé de larme.

Depuis le départ de Finnick, elle vit au rythme des annonces du Capitole et des spots pro-rebelles. Elle mange à peine, dort encore moins et sa santé mentale commence réellement à m'inquiéter. Annie à toujours été dans un monde à part mais jamais comme ça, jamais je l'ai retrouvé en train de se frapper la tête contre un mur en criant.

Aujourd'hui, Finnick est mort. Enfin, c'est ce qu'on dit dans les médias capitoliens. Pourtant je ne peux m'empêcher de douter mais je ne dis rien à Annie, elle n'a pas besoin d'entendre ça. Je la connais suffisamment pour savoir qu'elle n'attends pas que je la console avec des paroles dont la véracité reste encore à prouver et puis de toute façon, je doute qu'elle m'écoute.

J'ai assez de respect pour elle pour la laissez seule avec sa peine, elle sait, nous savons toute les deux que cette nuit, elle dormira avec moi, c'est ainsi depuis le départ de Finnick, chaque nuit, elle vient me rejoindre, se roule en boule contre moi et me murmure des propos qui parfois ne veulent rien dire mais souvent, raconte ses craintes. je l'écoute, la berce et la réconforte. C'est tout ce que je peux faire.

Je me lève et marche vers la porte quand soudain, elle murmure mon nom. Si faiblement que je pense avoir mal-entendu mais je m'arrête tout de même.

- Je suis enceinte.

L'espace d'un instant j'ai envie de lui demander si elle est sure. Le fait qu'Annie ait des relations sexuelles me parait déjà suffisamment étrange alors je n'essaye même pas de l'imaginer élever un enfant. Mais je sais qu'elle est sure et qu'elle ne ment pas, Annie ne ment pas, elle est bien trop ... Annie pour ça.

- On est pas dans la merde.

Et je sais déjà que ça ne fait que commencer.





- Comment réagira Finnick quand il rentrera ?

Si il rentre.

- Il sera l'homme le plus heureux du monde, ne te fais pas de soucis pour ça Annie.

Nous saluons rapidement la mère de Prim avant d'aller rejoindre Beetee et Haymitch. Cela fait trois jours que je suis au courant de la grossesses d'Annie et à certains moments, je me demande encore si tout ça est vrai.

Nous sommes arrivé à la salle de réunion après tout le monde. On s'assoit près de la porte afin de sortir plus rapidement. Beetee m'offre un café bien chaud, j'y rajoute quatre sucres et le tends à Annie, elle en a plus besoin que moi ces derniers temps, elle dors à peine plus de quatre heures et je n'ai franchement aucunes idée de combien de temps elle pourra tenir à ce rythme-là. Je prends le gobelet d'Haymitch, boit une gorgée et le lui rend sans qu'il fasse le moindre commentaire.

- Bonjour à tous et à toutes ! s'exclame joyeusement Plutarch.

Il est suivit de près par Coin qui affiche un léger sourire. Je me tends immédiatement suivit par mes camarades, Annie exceptée qui est plus préoccupée par son café que par ce qu'il ce passe autour d'elle.

- Mes amis, commence la femme d'une voix forte pour être entendue de tous. Aujourd'hui est un grand jour !

Je ricane, si nous sommes ses amis alors je n'ose même pas imaginer à quel point la situation est critique. Et je ne dois pas être la seule à le penser car plusieurs personnes affichaient une moue dubitative voire franchement septique.

Coin commence son discours en parlant du courage de ceux qui se battent, de ces héros morts pour un monde libre et puis elle parle de l'escouade 4-5-1, infiltrée au Capitole elle raconte le danger de leur mission et là façon dont ils la mènent à bien. Mais elle ne dit rien à propos des corps retrouvé par les Pacificateurs dans les sous-terrains et que le Capitole n'a pas encore identifié.

C'est au tour de Plutarch de prendre la parole :

- Préparez-vous mes amis, bientôt une nouvelle ère régnera sur Panem loin de la peur engendrée par les Hunger Games et la maltraitance du Capitole !

Je me retiens de bâiller et me contente de lever les yeux au ciel, ces deux là ne font que se répéter, encore et encore. A les entendre tout va bien dans le meilleur des monde ! Je m'apprête à me lever et à sortir d'ici mais Coin fait une annonce :

- Mme Everdeen, préparez le matériel pour soigner les blessés, vous allez intervenir sur place pour l'opération finale !

Confirmation


Je prends place dans l'hovercraft à côté d'Annie. L'engin démarre en grondant pourtant à l'intérieur personne ne parle et il règne un silence presque morbide.

Lorsque nous arrivons enfin au Capitole j'ai du mal à reconnaître le paysage. Les bâtiments sont toujours là, tous plus grands et plus laids les uns que les autres mais il n'y a presque pas de lumière. On nous fait entrer dans une voiture noire qui traverse la ville déserte. Nous arrivons devant les grilles du palais de Snow gardé par des rebelles clairement reconnaissable à leur uniforme gris.

On nous fait descendre juste devant les portes et je ne peux m'empêcher d'éprouver un sentiments de gêne comme à chaque fois que je me trouve devant cette immense bâtisse. Sauf que cette fois, l'endroit semble presque abandonné. Les Capitoliens ne sont pas là à danser, chanter, faire la fête.

On nous guide jusqu'à nos appartements privé. Tout, du sol au plafond, des rideaux aux couvres-lits empeste l'argent mal propre. Heureusement, ma demande d'avoir des appartement reliés à Annie à été prise en compte.

- Mademoiselle Mason vous êtes attendue par notre nouvelle Présidente, déclare quelqu'un derrière moi.

- Dors, dis-je à Annie. Je reviens bientôt.

Je la regarde s'allonger et mes yeux s'attardent jusqu'à son ventre. Elle n'est pas encore enceinte de 3 mois et j'ai déjà l'impression que son ventre à démesurément grossi.

Je quitte la chambre escortée par trois rebelles et un frisson parcours mon dos, cette situation ressemble à s'y m'éprendre au jours ou les pacificateurs m"ont amené à ma cellule.

On me fait entrer dans un salon immense. Autour d'une grande table en bois sombre et dont le plateau est d'un marbre blanc scintillant horriblement vulgaire sont installés des visages plus ou moins familier. Je reconnais Haymitch, Plutarch, Coin, Gale et plusieurs autres meneurs que je voyais souvent dans le District 13, le reste des personnes présentes me sont étrangères. Je m'assois à côté d'Haymitch, juste en face du minier.

- Très bien, commence Coin en se levant, nous sommes ici pour faire le point à propos de..

- Où est Finnick ?

La question qui trottaient dans ma tête depuis mon arrivée au Capitole franchit mes lèvres et je reconnais à peine ma voix qui plonge dans les aigus. Je regarde les gens autour de moi, la plupart baissent les yeux mais Gale, lui me fixe. Une longue cicatrice rosâtre s'étale sur son cou, il a perdu du poids, n'étant pas très gros à l'origine il est devenu carrément squelettique et ses yeux gris sont cerné comme si il n'avait pas dormir depuis plusieurs jours ce qui doit être le cas.

On se fixe en silence. Dans ses yeux sombres je vois la douleur, la colère, le désespoir et d'autres sentiments tels que le remord. Je sens les larmes monter au fur et à mesure que je comprends ce, qu'au fond, j'ai toujours su.

- Johanna je vous présente mes..

- Il est mort.

La bombe est lâchée. Coin, coupée dans son discours grince des dents. Je sens Haymitch poser la main sur mon bras. Les prunelles grisent de Gale continuent de me fixer et brillent d'une lueur coupable. Comment Finnick est-il mort ? Est-ce de sa faute ? De celle de Peeta ou de Gale ?

- Le soldat Odair s'est vaillamment battu jusqu'au bout, il est mort avec honneur et courage, en véritable héros.

- Qu'en savez-vous ? Tout ce que vous avez fait c'est rester assise dans votre foutu bureau à décider de la vie des autres, vous ne valez pas mieux que Snow !

- Je vous prie de ne pas me manquer de respect mademoiselle Mason, rétorque froidement Coin, je suis votre nouvelle Prési...

- Allez vous faire foutre !

Je me lève faisant tomber ma chaise. Je suis furieuse. Parce que la mort de Finnick aurait pu être évitée si Coin l'avait voulut..

- Johanna..

Je tourne la tête pour voir Annie dans l'encadrement de la porte. D'un mouvement rapide je me dégage des gardes du corps de Coin.

- Annie, qu'est-ce que tu as entendu ?

Elle m'offre un sourire triste et rentre dans la pièce

- Rien que je ne sache déjà.

- Finnick.. Il est..

- Je sais, soupire-t-elle tristement. C'est étrange mais je le savais déjà, au plus profond de moi, je le sentais. Ca ne s'explique pas vraiment..

Tout le monde se tait, on s'attendant à tout sauf à ça. Pas de cris, ni de larmes, pas d'hurlements, de gémissements, rien. Elle se contente de fixer un point imaginaire derrière nous, sa main caressant son ventre.

- Annie ? demande Haymitch en observant sa main.

- Oui, dis-je en la regardant, elle est enceinte.

Sous le drap


- Tu n'es pas obligé Gale.

Le garçon hausse les épaules. Il a toujours une mine de déterré et j'en viens même à me demander comment il reste debout.

- Si.. Je suis responsable de sa mort, j'aurais pu l'éviter, j'aurais dû l'éviter..

C'est tout ce que je sais, que Gale, Katniss et Peeta l'ont vu mourir, assassiné par des mutations génétiques.

- Tu as fais ce que tu devais faire, c'était ce que Fin voulait.

On continue de marcher en silence. J'ai peur, non, je suis térrifiée, mes jambes tremblent et si ça ne tenait qu'à moi, je serais restée dans mes appartement, en train de pleurer dans les bras d'Annie, allongée dans un lit.

- Il est encore temps de revenir en arrière, me chuchote Gale comme s'il avait lu dans mon esprit.

Je secoue la tête, je dois le faire, pas par fierté mais parce que Finnick est, était mon meilleur ami, je dois lui dire adieu, je le lui doit bien..

On arrive au sous-sol du bâtiment, on nous fait entrer dans une pièce blanche qui empeste le désinfectant. Plusieurs tables d'autopsies sont alignées et sur l'une d'elle, il y a un corps couvert d'un draps blanc. Finnick, mon ami, le meilleur, le seul. J'ai envie de remonter le temps, revenir en arrière juste avant qu'il parte et l'en empêcher.

Je m'avance en essayant de retenir mes tremblements. Je sens la présence de Gale derrière moi.

- Haymitch ne devrait pas tarder.

J'hoche la tête et essaye de parler mais ma respiration se bloque dans ma gorge. J'ai envie de vomir et pourtant j'ai n'ai même pas vu le corps. Il faut que je me ressaisisse, je suis Johanna Mason bon Dieu ! La fille qui a décapité des gosses à coup de haches, celle qui a planté l'arme dans la poitrine d'un tribut et l'a ouvert en deux sans même verser une seule larme.

La porte s'ouvre et Haymitch pénètre silencieusement dans la pièce. Nous sommes désormais trois, juste trois comme je l'avais demandé. Je m'approche de la table.

- On peut demander à quelqu'un de le faire, propose le garçon du 12.

Je refuse d'un signe de tête et prends le draps pour le soulever après avoir fermé les yeux. J'entends Haymitch grogner et Gale déglutir. Mes paupières papillonnent mais je garde les yeux clos.

J'effleure du bout des doigts le corps de Finnick et je note les changement. Je sens des creux, des bosses, le fil qu'on utilise pour recoudre. J'arrive à son visage et je m'arrête. Je respire profondément, m'obligeant au calme.

Et j'ouvre les yeux. Pour les refermer immédiatement avec un cri d'horreur. Je n'ai eu qu'une brève vision de ce qui fut autrefois un beau jeune homme souriant et plein de vie. De lui, il ne reste que des lambeaux de chair. De longues cicatrices couvrent sa peau, souvenirs de coups, de griffures et de morsures.

Gale s'approche de moi, peut-être pour me serrer contre lui ou pour me montrer qu'il est là, je ne sais pas, je le repousse. Je me force à regarder de nouveau le cadavre devant moi. Il lui manque une jambe, une main, les mutations lui ont même arracher des bouts entiers de chair laissant derrière eux de trous pareils à des cratères.

Je me précipite vers une poubelle pour vomir tout ce que j'ai avalé ces derniers jours. Je sens la main d'Haymitch sur mon épaule. Il me murmure qu'avec un peu de chance, il n'a pas sentit grand chose. Gale m'apporte un verre d'eau, il est blême, encore plus qu'avant et j'ai l'impression qu'il va tomber dans les pommes d'une minutes à l'autre.

- Tu n'es pas obligé de le faire, me dit-il, personne ne t'en voudra.

- Si, moi. Je m'en voudrais.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Parce que Finnick l'aurait fait à ma place.

Je regarde enfin son visage. Son visage qui, hier était si beau et aujourd'hui traversé par une longue balafre sur le côté droit et une multitudes de cicatrices rosâtres sur l'autre partie. Sa lèvre inférieure est fendue, il a un oeil au beurre noir et ses cheveux ont été arraché par poignées entières.

Pourtant il reste étrangement beau. Je me souviens avoir lu sur le rapport des médecins légiste que le corps à été préservé de l'explosion grâce à la peau des mutations génétiques qui étaient plus résistantes que n'importe quoi.

- Tiens ce sont ses objets personnels.

Je prends la boîte que me tend Haymitch. Dedans j'y trouve ses vieux bracelet en cuir typique du District 4, deux autres bracelets en or décorés de flammes, son alliance et une petite pochette remplit de photos. Dessus il y a Mags, Annie, moi, d'autres vainqueurs avec lesquels il était ami, de vieilles photos de ses parents, la plage et la mer, certaines sont déchirées, tachées de sang, gondolées, cornées et délavées à plusieurs endroits comme si on avait pleuré dessus.

- Partez.

Ma voix n'est qu'un murmure et pourtant elle semble raisonner dans la pièce. Gale me regarde, hésitant mais finit par suivre Haymitch et je me retrouve seule. Avec Finnick. Mort.

Dernier adieu


Une fois seule je pose la boîte sur le sol et m'approche à nouveau de la table métallique.

- Je suis complètement folle, Annie a vraiment déteint sur moi, je n'arrive pas à croire que je vais faire ça...

Je regarde derrière moi pour vérifier que la porte et bien fermée, il ne manquerait plus que quelqu'un arrive, j'aurais l'air de quoi moi ? D'une folle en train de parler à un cadavre.

- Je t'en veux Finnick, sérieusement, à quoi tu pensais en te sacrifiant comme ça ? Tu voulais être un héros ? Et bien tu l'es mais en attendant, je fais quoi moi ? Elle est enceinte Finnick, merde t'as mis Annie en cloque, je sais pas comment tu as fais, enfin si je sais mais merde, tu pouvais pas te protéger, tu crois que c'était le moment pour prendre le risque de lui mettre un poisson dans le filet ?

Je serre les poings, je suis tellement en colère contre lui, il est censé être responsable, veiller à ce qu'il n'arrive rien à Annie, et un bébé ce n'est pas rien.

- A quoi tu pensais ? Est-ce que tu le savais ? Sérieusement Odair, je te fais la promesse de veiller sur ta copine mais j'ai jamais promis que je veillerais sur votre rejeton en plus, merde c'est pas mon rôle ! Tu me vois changer des couches ? J'ai déjà assez de problèmes comme ça et toi, comme si ça suffisait pas non seulement tu meurs, ce qui, entre nous est le pire des sale coup que tu pouvais me faire face de morille, mais en plus tu me laisse sur les bras une gamine à moitié cinglée que tu as mise enceinte !

Je me retourne pour donner un coup de pieds dans la boîte, qui valse un peu plus loin vomissant tout son contenu.

- Et je fais quoi moi maintenant ?! J'ai fais une promesse, une putain de promesse et je suis obligée de la tenir parce que je suis Johanna Mason et que je tiens toujours mes promesses mais ça c'était pas dans le contrat, tu m'entends ?!

Je me rends compte de la stupidité de mes propos, bien sûr qu'il ne m'entend pas, il est mort, mort.

- Je.. je suis prête pour ça Fin', ce n'est pas moi, je ne suis pas douée avec les gosses, je les détestes, ça hurle pour un oui ou pour un non, ça vomis, ça pleure, j'ai pas la patience qu'il faut pour un élever un môme ni pour m'occuper d'Annie, toi tu aurais pu le faire mais toi, toi tu es mort et maintenant je suis dans une belle merde !

Je fixe ses lèvres, on dirait presque qu'il a ce fichu petite sourire en coin qui me donner envie de lui en foutre une.

- Comment je vais faire sans toi Finnick ?

Je me mords les lèvres pour ne pas pleurer, pleurer c'est bon pour ceux qui ont le temps, moi je ne peux pas, je dois m'occuper d'Annie.

- Tu.. On.. Tu étais le seul à me comprendre Fin, le seul à me supporter, je n'ai plus personne maintenant, tu étais ma famille, tu étais tout ce qu'il me restait... Je vais le faire, je vais m'occuper d'eux, pour toi, parce que tu aurais fait la même chose pour moi même si ce n'est pas demain la veille que je mettrais une fille enceinte..

Je ricane à ma propre blague, elle est d'une nullité absolue, Finnick l'aurait adorée.

- Alors, au revoir.. Je suppose qu'on se reverra.

Je me penche pour embrasser la commissure de ses lèvres avant de le recouvrir du drap puis je ramasse le contenu de la boîte étaler sur le sol avant d'ouvrir la porte.

- Tu vas me manquer Finnick Odair.

Distribution


Lorsque je rentre dans mes appartements, je les trouves vides. J'appelle Annie mais aucune réponse. Je sens la panique m'envahir, peut-être est-elle sortie et elle s'est perdue, peut-être a-t-elle fait une bêtise, une grosse bêtise.

Je me retourne prête à hurler au kidnapping et je tombe sur Annie, qui me regarde tranquillement.

- Bordel Cresta je t'avais dit de rester ici et de m'attendre !

Elle hausse les épaules et part s'asseoir sur un sofa pour manger des gâteaux.

- J'avais faim et j'avais envie de marcher, je suis aller voir Beetee et Enobaria.

- Enoba.. Tu es sérieuse ? Tu es allé voir Gold Teeth ?

- Ce n'est pas très gentille de l'appeler comme ça.. Tu savais que les poules mangent des cailloux ?

Je décide d'ignorer sa dernière remarque et pose la boîte sur le lit. Annie ne bouge pas et fixe et point sur le mur lambrissé. En soupirant, je me poste devant elle sans qu'elle réagisse, elle continue de regarder devant elle comme si j'étais transparente.

Je la prends par la main et la force à se lever avant de la conduire sur le lit ou elle s'assit en tailleur, les yeux toujours dans le vague.

Je sors un à un les objets et les poses sur la couverture.

- C'est moi qui l'ai prise.

Elle me montre une photo où s'étale un paysage marin, une plage de sable blanc, une mer translucide et Finnick en train de frapper sur une planche en bois à l'aide d'un marteau.

- Qu'est-ce qu'il fabriquait ?

Elle penche la tête sur le côté et fouille parmi les photos avant de les aligner dans un ordre bien précis.

- Un bateau murmurais-je. Le bateau, celui à côté de la cabane ?

Elle sourit et regarde les autres objets. Pas très loin du quartier des vainqueurs, il y a une plage qui leur est réservée et sur cette plage si on cherche bien, il y a une crique, juste après le rocher plat couvert de mousse et celui qui, si on de penche d'un certain angle, ressemble à un trident. Je serrais capable de trouver l'endroit les yeux fermés alors que je n'y ai jamais posé le pied, Finnick me l'a décrit tellement de fois. C'est son endroit, son petit coin de paradis. C'est là qu'il passe le plus clair de son temps lorsqu'il est au District 4. Il a commencé à y construire une cabane quand il a su par Mags qu'Annie dormait souvent là-bas, il ne voulait pas qu'elle soit trempée en cas de pluie, Finnick était toujours si prévoyant et protecteur envers Annie. Peu à peu, cette cabane destinée à abriter la jeune fille lors de ses errance nocturnes s'est transformée en rêve, son rêve de gosse. Une maison, sa maison, pas celle clinquante du Capitole qui semble sans âme, non, une de ses maison qu'on ne trouve qu'au District 4, fabriquée avec amour, imprégnée de la fringance salée de l'océan. Cette maison où il pourra vivre heureux, avec Annie et leur tripotée de marmots. Quel grand rêveur ce Finnick.

Et puis un jour, en se baladant sur le port comme il aime le faire, Finnick découvre un bateau, ou plutôt l'épave d'un bateau qui n'avait pas su résister à une énième tempête. Il n'en faut pas plus pour que Finnick le ramène sur la crique. Je me souviens encore de son coup de téléphone, de sa voix excitée. "J'ai toujours voulu avoir un bateau Johanna ! C'était un de mes rêves, en faire un, comme mon père, et son père avant lui !". C'est ainsi qu'est né le Survivant, enfin, naître est un grand mot, aux dernières nouvelles, le bateau n'était pas fini "presque, encore quelques petites retouches!" disait Finnick. Le Survivant ne renaîtra jamais, il n'a pas survécu.

- Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de tout ça..

- On a qu'à partager.

Elle prends les deux bracelet en or et m'en tend un. Perplexe je le prends, j'avais pensé qu'elle voulait tout garder. Après quelques minutes le tri est fait: elle garde l'alliance et le bracelet de cuir ainsi que la moitié des photos.

- Annie.. pourquoi tu ne pleures pas ?

- Je ne sais pas, c'est comme si je n'y arrivais pas. Peut-être que le bébé prend toutes mes larmes.

- N'importe quoi, dis-je en souriant. C'est pas une éponge.

- Je ne sais pas, quelque chose me bloque.. Les hormones sans doute

Je lève les yeux au ciel.

 - Je sais qu'il est mort Johanna, je le sais mais d'une certaine manière il est toujours là, dit-elle en caressant son ventre.

- Je t'en supplie Annie, dis moi que tu ne vas pas l'appeler Finnick, ça serrait vraiment trop glauque.

Pour toute réponse elle m'offre un sourire énigmatique avant de se déconnecter de la réalité

- Bah, grognais-je. Rien ne dit que ce ne sera pas une fille.

D'une flèche deux coups


- Johanna arrête de marmonner dans ta barbe.

Je foudroie Annie du regarde à travers le miroir. Elle est vraiment très belle avec sa jupe marron et son haut vert bouteille. Ses cheveux caramel tombent en une cascade de boucles dans son dos. Je commence à comprendre ce que Finnick lui trouvait. Elle dégage quelque chose de doux, une aura de bonté, tout en elle hurle sa gentille: ses geste lents et calmes, son adorable petit sourire, sa voix mesurée, son regard doux.

- Tiens-toi droite, me gronde-t-elle gentiment.

J'obéis et je la sens zipper ma robe. Je me contemple dans la glace. Bon, au moins je n'ai plus l'air d'un squelette même si c'est pas encore ça. Il faut dire que nous sommes arrivés au Capitole, je mange encore plus qu'Hylas celui qui tirait le noms de tribut et qui a tiré le mien. Je me souviens n'avoir jamais vu un homme aussi gros de ma vie mais ça, c'était avant que je participe aux soirées mondaines capitolienne. En tout cas, je me suis assez remplumer pour ne plus avoir l'air d'une de ces gosses des bas quartiers qui mangent un repas convenable une fois l'an. Je suis encore un peu plate mais mon soutien à gorge arrange un peu ça. Ma robe moulante bleu marine s'arrêter aux genoux et avec mes talons mes jambes paraissent sans fin.

- J'aime beaucoup ta coiffure.

Je sourit à mon reflet, un coiffeur tout de mauve vêtu est passé il y a quelques jours, désormais on dirait que je viens de lancer une mode et pas qu'on m'a rasé pour me torturer. Ma coupe aurait pu faire garçon manqué mais le type qui s'est occupé de moi a du talent, mon visage parait plus dur, j'ai l'air sombre et intimidante.

- Rappelle-moi pourquoi j'y vais ?

- Parce que la Présidente Coin te l'a demandé et que tu rêve de voir Snow mourir.

Je fais la moue, elle n'a pas tort, je suis même jalouse que ce soit Katniss qui puisse le faire. J'enfile une veste noir, embrasse Annie sur la joue. Je me suis arrangée pour qu'elle reste ici, même si ces derniers jours elle a l'air atrocement normal, je ne veux pas qu'elle rechute avec une de ces crises dont elle a le secret. Je suis un peu inquiète à l'idée de la laisser seule même si Paylor, une femme du huit qui semble commander les Rebelles, m'a assuré qu'elle serait sous bonne garde, je ne suis pas tranquille.

- Pas de bêtises Cresta, tu me le promets ?

- Pas de bêtises toi non plus Johanna.

- Je te le promets si tu me le promets.

- Très bien, promis, pas de bêtises.

- Promis.

Elle me sourit une dernière fois et je sors des appartements, aussitôt deux types en gris armés jusqu'aux dents viennent m'escorter. A-t-on peur que je parte en courant ? Pour louper la mort de Snow ? Dans leur rêves !

J'arrive devant un grand balcon, dès que je sors à l'air libre, je vois les habitants du Capitole, vêtus de couleurs vives poussant des cris de joie. Je salue la foule, plaquant un grand sourire sur mes lèvres et part rejoindre Gale, Haymitch, Beetee et cette traînée d'Enobaria sans arrêter d'agiter la main. Ces gens savent-ils à quel point je les hais ? Avec les autres gagnants, nous sommes placé légèrement de côté pour que tout Panem n'ai d'yeux que pour Coin.

- Tu fais vraiment vulgaire.

Je n'ai pas pu retenir la remarque et Enobaria m'offre un immense sourire faisant luire ses canines en or qui s'accordent à merveille avec sa tenue, toute en dorure et en paillette. A vomir.

- Je te retourne le compliment.

Je n'ai pas le temps de répliquer que des trompettes - des trompettes, sérieusement ?- retentissent pour accueillir Coin. Tout sourire, elle salue la foule, c'est son heure de gloire. Elle est habillée d'une robe grise à la coupe abominable et ses cheveux terne sont maintenus en un chignon strict. Et dire qu'elle passe pour la sauveuse du monde. Juste en face de nous, les portes d'un second balcon s'ouvrent et Peeta apparaît sous les hurlements de la foule. Il est rejoint quelques minutes plus tard par Katniss. Le peuple crie, applaudit, appellent ses héros. Nous, nous sommes silencieux et regardons les visages maigres, couverts de cicatrices et de lambaux de peaux des deux amants maudits.

- Oh mon Dieu, murmure Beetee.

Nous ne les avons pas vu depuis qu'ils sont partis, Coin ne nous l'avait pas permis, je commence à comprendre pourquoi. Ce sont des loques, des épaves humaines. Je soupire alors que Coin demande le silence. Je n'écoute pas son discours et me contente de fixer la foule multicolore. Katniss sort l'unique flèche de son carquois et bande son arc. La tension est palpable. Je vois les traits tirés de son visage grossit par l'écran géant qui bougent au rythme du conflit intérieur qui l'agite. Qu'est-ce qu'elle fabrique ? Pourquoi hésite-elle ? Si elle ne tue pas Snow, je me ferrais un plaisir de le faire mais je ne comprends pas, elle tient sa vengeance alors pourquoi, pourquoi hésite-t-elle ?

Elle vise, mâchoire serrée. Panem tout entier retient son souffle, Snow et elle se regardent, comme s'il n'y avait qu'eux. On dirait qu'ils se parlent. Soudain, une lueur déterminée envahit ses yeux gris. Elle tire, Coin tombe.

La suite, je ne l'ai pas vraiment compris, il y a eut un silence lourd suivit par des cris, la foule s'est mise à s'agiter. J'ai vu des Rebelles encercler Katniss tandis qu'elle se débattait comme une bête sauvage avant que d'autres ne nous fassent rentrer à l'intérieur.  

Répercussions


- Elle a tuée Coin...

Je lance un regard furieux à Beetee qui, assit sur un fauteuil semble encore sous le choc. Moi, j'enrage. Dire que je suis triste de la mort de Coin, ça se serrait mentir, j'en suis ravie, j'en sauterais presque de joie mais quelque chose m'en empêche.

- Ce n'était pas à elle de faire ça, écumais-je s'en m'arrêter de tourner en rond.

Elle, elle devait tuer Snow, un point c'est tout. Mais si une personne devait tuer cet imposteur, c'était moi, moi pas elle ! Mais bien sur, il faut toujours que Madame Katniss Everdeen n'en fasse qu'à sa tête, lui demander d'obéir ne serait-ce qu'une fois est bien trop demandé pour la fille du feu !

- Quand reviennent Haymitch et Gale, s'enquit l'homme du 3.

- J'sais pas

Je continue de grommeler des insultes destinées à la fille du feu. Je lance un regard mauvais à Enobaria qui me le rend sans s'arrêter de taper ses ongles sur la tables. Tous les gagnants, un peu moins d'une dizaine maintenant, sont réunis dans la même pièce, il ne manque qu'Haymitch qui est parti avec Gale s'occuper de ses deux tributs. Je tourne en rond comme un lion en cage jusqu'à ce que les deux hommes arrivent enfin, une vingtaine de minutes plus tard. Je leur saute presque dessus pour savoir où on en est, parce que c'est évident qu'on est encore une fois dans la merde. Toujours à cause d'Everdeen. Toute mon antipathie pour cette fille revient au galop, j'ai envie de lui fracasser le crâne contre une de ces foutue table en acajou !

- Elle va être jugée et condamnée, soupire Haymitch l'air las. Je ne pense pas qu'elle risque grand chose, Coin n'était pas encore très connue surtout par rapport à Katniss.

- Et puis, on pourra toujours plaider le choc poste-traumatique lors de son jugement, ajoute Gale.

Choc post-traumatique, c'est ça, autant dire la vérité : cette fille a un sérieux problème, il doit manquer des cases, des pièces ont du être oubliées à la fabrication ou alors sa mère la berçait trop près du mur, ce qui expliquerait la stupidité dont elle fait preuve un peu trop souvent.

- C'est qui est sûr c'est qu'il ne l'a tueront pas, continue Haymitch. C'est un symbole bien trop fort de la rébellion pour ça.

J'hoche la tête, ça m'aurait embêter que Katniss soit tuée, je n'aurais pas pu le faire moi même. Je vais m'asseoir dans le sofa, à côté d'Annie qui émiette un gâteau entre ses doigts, se moquant totalement de ce qu'il se passe même si je sais qu'elle me demandera surement un résumé de l'affaire un peu plus tard. Doucement, je récupère les miettes tombées sur sa jupe et les balance en direction d'Enobaria qui me regarde d'un air outré avant de se lever pour partir.

- Une minute, fait Haymitch en lui bloquant le passage. J'ai pas finis.

- Je ne reste pas une seconde de plus dans cette pièce avec vous ! crache-t-elle.

- Tu nous en vois désolés, surtout moi, j'aime tellement passer du temps avec toi, dis-je d'un ton ironique

Elle me foudroie à nouveau du regard, ses yeux rétrécissent jusqu'à n'être plus que deux fentes haineuse. Je lui envoie un baiser du bout des doigts, je crois que si je n'avais pas cette fille sur qui passer mes nerfs, j'aurais déjà arracher la tête de la moitié du Capitole.

- On a besoin de témoins pour Katniss.

- Je ne vois pas en quoi ça me concerne.

- Tu vas témoigner pour elle, rétorque calmement Gale sans prêter attention au visage furieux de la gagnante du deux.

- Bonne idée, je vais aussi témoigner, déclare Beetee. Il faut qu'on viennent de District différents. Johanna, Erin, Erza, Harper ?

- Je suppose que je n'ai pas le choix, grommelais-je

Les autres gagnants hoche la tête.

- Et toi beau brun, tu es des notre ?

- Oui, me reponds Gale. Je suis un proche de Katniss, il est logique que j'en sois.

- Ah oui, son cousin, ricannais-je

Je le regarde serrer les mâchoires. J'adore embêter Gale, j'adore le voir essayer de contenir sa fureur. Ce garçon est une boule de colère sous le point d'exploser et j'attends impatiemment de le voir craquer.

- Et Peeta ? demande Annie en sortant de sa léthargie

- Il est.. sous bonne garde.

- Aura-t-il un procès lui aussi ?

- Non, il n'a tué personne.

- Peut-on aller le voir ?

Haymitch hoche la tête. Annie se lève, époussette sa jupe et prend ma main. Je la suis jusqu'à la porte que vient de passer Enobaria. On nous escorte jusqu'à une chambre où se trouve le garçon. Il est assit sur un lit, les yeux perdus dans le vide dans une expression qui me rappelle Annie. Cette dernière, dès qu'elle voit le garçon me lâche, s'agenouille à sa hauteur et le prend dans ses bras.

- Annie.. Annie je suis tellement désolé. Pour Finnick, je n'ai pas pu.. Annie, pardonne moi.

Il pleure maintenant, les épaules secouées de sanglots, Annie le berce, comme on le ferait avec un enfant qui vient de faire un cauchemar.

- Tu n'y es pour rien Peeta, ce n'est pas ta faute, répond la jeune femme d'une voix douce, maternelle.

- J'aurais pu l'en empêcher, non, j'aurais dû, je n'ai rien fait, je l'ai laissé mourir, je..

- Qu'aurais-tu pu faire ? dis-je en m'asseyant à ses côtés. Je connais Finnick depuis des années, tu n'aurais pas pu l'aider. Il a fait son choix Peeta, c'était sa décision, il s'est sacrifié pour vous, gâcher la chance qu'il vous a offert de vivre, aurait été une insulte à sa mémoire et à son sacrifice.

Il ne dit rien, le visage enfoui dans le cou d'Annie qui lui caresse les cheveux.

- Et.. Et Katniss ? finit-il par demander.

- Elle va s'en sortir, comme toujours. On témoignera en sa faveur lors de son procès.

- Je veux y être.

Son ton est ferme résolu. Je sais déjà qu'il ne changera pas d'avis alors autant gagner du temps.

- Je préviendrais Haymitch.

- Merci Johanna.. Et toi aussi Annie.

- De rien blondinet, de rien.

La Paix

- Youhou, mon petit piranha doré, t'es là ?

J'attends quelques secondes devant la porte avant qu'Enobaria ne l'ouvre, uniquement vêtue d'un peignoir court, très, très court et d'une serviette enroulée sur la tête.

- Et bien, c'est pas trop tôt, tu aurais au moins pu avoir la décence de t'habiller, carrière de mes fesses.

J'entre dans ses appartement et m'installe dans un hideux fauteuil en cuir vert pomme, les jambes sur l'accoudoir, je fixe le bouts de mes escarpins noir tout neufs qui me font un mal de chien. Du bout des pieds je les retire, les faisant tomber sur la moquette et penche la tête en arrière pour regarder la brune faire des aller-retour entre le salon et la salle de bain.

- Je peux savoir pourquoi tu es là Mason ? finit-elle par demander

- Pour vérifier que tu ne seras pas en retard au procès.

Elle se retourne pour me fixer l'air de demander si je ne suis pas devenue cinglée.

- Tu te fous de ma gueule ? Il commence dans plus de deux heures !

- On sait jamais, dis-je en observant ma manucure. Des fois que tu oublierais ou un truc dans le genre.

Elle reste plantée là une bonne minute avant de se désintéresser de moi. Pendant plus d'une heure, je regarde cette bêcheuse se préparer. On aurait cru qu'elle allait à un de ces foutu gala que les riches du Capitole aiment à organiser. Mais je dois avouer qu'elle a une certaine classe avec sa robe émeraude s'arrêtant aux genoux. J'admire le dos de celle-ci, un chassé croisé de plusieurs bandes qui lui donnent une allure folle. Elle agrémente sa tenue de boucles d'oreilles en or ainsi que des talons hauts doré. Puis vient la coiffure. Je dois avouer être admirative devant l'élégant chignon retenu par des épingles dorées.

- Et ben dit donc, tu as fais ça toute seule ?

- Évidemment, nous sommes naturellement douées de nos mains dans le District Deux et puis, ça fait partie de notre éducation.

J'évite les sous-entendus obscurs qui me viennent en tête à la mention de "naturellement douée de nos mains", je ne crois pas qu'elle apprécierait les blagues que je pourrais lui faire. A la place je rebondis sur cette éducation qui ma toujours dégoûtée.

- Ca fait partie de votre éducation de savoir vous faire un brushing ? Ca explique pourquoi les carrières ont toujours une coiffure impeccable lorsqu'ils tuent de sang froid des gamins de douze ans.

Elle me foudroie du regard mais, à mon plus grand déplaisir, ne répond pas à ma pique et part se maquiller. Après trente minutes, je dois avouer qu'elle est vraiment pas mal.

- C'est fou, on dirait que tu te prépares à te faire sauter par un de ces vieux riche capitolien.

J'entends ses canines en or grincer. Je sais qu'elle meurt d'envie de m'en coller une mais je suis devenue intouchable, elle le sait autant que moi. Mes lèvres se fendent d'un sourire, je me lève et époussette inutilement ma robe bustier en cuir rouge avant de remettre mes chaussures.

- Et c'est toi qui me dis ça, grogne-t-elle en me regardant de haut en bas.

- Jolie n'est-ce pas ? dis-je en faisant un petit tour sur moi même. D'ailleurs, à ce propos, je me demandais si tu avais encore ce petit ras de cou rouge et noir, tu sais, celui avec les rubis ?

- Je me disais aussi, ta visite prends tout d'un coup un sens. Pourquoi te le prêterais-je ?

- Parce que tu m'aimes ? dis-je t'un ton innocent

Elle ricane et commence à vernir ses ongles avec une teinte émeraude pailleté d'or. Ah, les carrières et leur soucis du détails. Je me demande si Enobaria ne s'est pas trompé de District, je suis sur qu'en réalité elle s'appelle Emerald et qu'elle est né au District 1. D'ailleurs, il n'y avait pas une gagnante qui s'appelait comme ça ? Ou peut-être que c'était Ruby, un nom de pierre, ça j'en suis sur. Je me souviens qu'elle était particulièrement stupide, une rentre dans le tas très superficielle et qui s'énervait très rapidement. Je m'amusais toujours beaucoup avec elle, je me demande comment elle est morte... D'ailleurs, je dois avouer qu'avoir appris la mort d'autant de gagnants des Districts favoris m'a surprise, apparemment il y avait des rebelle même là-bas, comme ce Silk, le gagnant des 58ème jeux il me semble. Il faudra que je lui parle, d'après ce que j'ai entendu dire, il est toujours au District 1, je me renseignerais dès que j'en aurais fini avec Enobaria. Je bats des cils dans sa direction :

- Parce que tu es gentille ?

- Tu m'emmerdes Mason.

- Oh la la, tout de suite les vilains mots ! Pourquoi tant de haine ?

- Parce qu'on se déteste depuis des années avec application. Dit-elle d'un ton neutre, comme si cette conversation l'ennuyait profondément

- Oui, pas faux. Mais aujourd'hui, il est temps d'enterrer la hache de guerre et d'agir en adultes !

- Toi agir en adulte? C'est une blague?

- Pas du tout, je suis très sérieuse. Faisons la paix maintenant, tout de suite.

- Très bien, elle me tend la main. Mais je ne prêterais pas le collier.

- Pas de collier, pas de paix.

Je lève les mains devant moi en signe de refus. En face de moi, la métisse me regarde avec un air moqueur. Ses canines luisent et je dois avouer que j'en aurais presque un frisson dans le dos.

- Pourquoi tu veux tellement mon collier ?

- Enfin, Enobaria, regarde-moi ! Ce collier c'est le bouquet final et si tu me le prête...

- Qu'est-ce que j'ai en échange ?

C'est bien les gens du 2, avec eux, il n'y a rien sans rien, il leur faut toujours quelque chose, comme si le plaisir de donner ne suffisait pas !

- Mon affection éternelle.. pendant deux jours.  Et le sentiment de satisfaction de m'avoir fait plaisir.

Elle me fixe quelques instant, les sourcils haussés et une moue sur les lèvres ce qui équivaut chez elle à un mélange d'agacement, de désespoir, d'une folle envie de me tuer et d'une pointe d'amusement.

- Dans ma valise bleu derrière toi, soupire-t-elle. Et si tu prends quelque chose d'autres je le saurais et je te le ferais regretter !

- Comme si c'était mon genre.

Je vais ouvrir la dite valise remplie de bijoux tous plus précieux les uns que les autres. Je fouille quelques instants et finit par trouver l'objet de mes recherches. C'est un ras de cou en soie noir tacheté d'une multitude de minuscules rubis. Une merveille coûtant un prix faramineux. Une bagatelle quand on se fait sauter par les bonnes gens du Capitole. Je l'attache autour de mon cou et embrasse l'ancienne tribut sur la joue à son plus grand étonnement. Elle me fixe avec de grands yeux avant de poser sa main sur sa joue comme pour vérifier ce que je venais de faire avant d'essuyer les traces de mes lèvres impures sur sa peau divine.

- Ravie d'avoir enfin fait la paix avec toi.

Puis, je me dirige vers la sortie mais j'ai à peine le temps d'ouvrir la porte que je tombe nez-à-nez avec Gale, très chic dans son costume même s'il a l'air affreusement mal à l'aise.

- Johanna ? Tu.. tu étais dans les appartements d'Enobaria ? demande-t-il septique

- Te fais pas de bile mon beau minier, elle est en vie et intacte ! Mais toi pourquoi tu es là ? Tu voulais te la faire avant le procès ?

- Non ! s'indigne-t-il comme si je venais d'insulter sa famille depuis quatre générations. Haymitch m'a demandé de venir vous chercher toutes les deux.

J'hoche la tête et appelle Enobaria a grands cris. Lorsqu'enfin elle sorti, nous suivons Gale jusqu'à la salle du procès.

Interview

- Et voilà, une bonne chose de fait, sourit Plutarch.

- Une bonne chose ? Vous voulez rire j'espère ?

- Elle s'en tire bien, me rappelle calmement Haymitch

J'ai un mouvement d'épaules, sceptique mais je me tais et je suis Enobaria vers la sortie. Nous devons nous rendre au centre ville pour une interview avec Caesar Flickerman. Tous ensemble, enfin, les quelques gagnants qui ont été très médiatisés pendant la Rébellion.

- J'aimerais voir Annie avant.

- Impossible nous avons un emploie du temps à tenir, m'informe Plutarch

- Je recommence: je vais voir Annie avant, emploi du temps ou pas, je m'en contrefous.

Et sans demander mon reste je me dirige vers le palais, Peeta derrière moi. Lorsque nous arrivons, nous entrons dans la pièce, Annie est allongée sur le lit, les yeux fixés au dessus d'elle. Aujourd'hui n'est pas un bon jour. Je m'assois au bord du lit et passe ma main sur son front, dégageant des mèches rousses.

- Hey..

Elle semble ne pas me voir. Je caresse sa joue.

- Le jugement de Katniss a été rendu, elle est condamnée à rester au District 12 jusqu'à ce qu'elle aille mieux. Je vais passer l'après-midi en ville pour une interview.

- Non !

Sa voix a surgit si soudainement que j'en sursaute, elle se plaque contre moi, le visage caché par ses cheveux.

- Annie, je n'y vais pas de bon cœur crois-moi, mais je suis obligée, je reviens vite, promis.

- Ne me laisse pas seule.

J'aimerais lui dire qu'elle ne l'est pas mais elle sait autant que moi que c'est un mensonge. Je l'assoit sur le matelas, son visage est baigné de larme que j'essuie rapidement.

- Reste ici et ne sors sous aucun prétexte d'accord ? Ensuite, dès que je rentre, je te promets de rester avec toi.

- Jusqu'à quand ?

- Au moins jusqu'à demain voire plus tard. Mais ne sors pas d'ici, c'est clair ?

Elle hoche la tête et je laisse ma place à Peeta qui la serre brièvement dans ses bras. Ensuite nous sortons du palais, nous nous retrouvons dans une limousine qui nous escorte jusqu'au studio.

- On est obligé ? demandais-je une fois arrivée.

- Tu flippes Mason ? ricane Enobaria

- Dans tes rêves, mais contrairement à toi, je n'ai pas que ça à faire.

Je tire sur les manches de ma robe, nous sommes tous habillés en gris, comme les Rebelles. Je déteste cette couleur.

- Très bien tout le monde ! s'écria Caesar tout de jaune vêtue. C'est un plaisir et un immense honneur de vous accueillir à nouveau, enfin pour la plupart, dit-il en faisant un clin d'oeil à Gale qui reste impassible. Voilà comment nous allons procéder, vous allez faire votre entrée par couple de deux sauf Peeta qui arrivera seul et en dernier. Alors en premier : Enobaria et Erza, Beetee et Harper, Haymitch et Lyme, Pierce et Garett, Johanna et Gale et Peeta. Que la fête commence !

Je regarde le présentateur s'élancer sur le plateau sous les vivas de la foule. Avec sa théâtralité coutumière, il chauffe la salle et fait un récapitulatif des derniers événements puis il fait entrer les gagnants. Alors que les gagnants passent chacun leur tour je sens Gale se tendre à mes côtés.

- Très bien, lorsque tu entreras, tu leur feras un immense sourire, et tu vas sourire tout le long de l'interview. C'est simple, fait leur croire que tu les adores et que tu es ravi d'être ici. Tout va bien se passer et en cas de problème, je serais là.

Il hoche la tête et je saisis sa main tandis que Caesar nous annonce au public. Et tout se passe dans le meilleur des monde, le public hurle nos noms, on leur sourit. Caesar nous pose des questions simples, nous lui répondons par des réponses tantôt drôles, tantôt émouvantes. Je dois avouer que Gale s'en sort admirablement bien, le public, en particulier les femmes, semblent grandement l'apprécier ce qu'il remarque rapidement, il n'hésite pas à jouer de son charme. Et arrive le moment des questions d'ordre plus privé, Gale s'en sort encore une fois à merveille, il simule une amitié sincère et profonde avec Peeta et rassure Panem sur Katniss.

- Et Annie, comment vit-elle le décès de Finnick juste après leur mariage ? Et toi Johanna, comment vis-tu ma disparition de ton ami ? me demande Caesar

- Je vais bien merci. J'ai le soutiens de mes amis et celui de Panem, ajoutais-je en souriant à la foule.

Celle-ci sembla touché et répondit par des hourras et des sifflements. Le présentateur les arrête d'un signe de la main amical.

- Quant à Annie, repris-je. Nous sommes là pour elle et nous la soutiendrons durant cette épreuve, plus que tragique.

La salle applaudit, émue par mon ton larmoyant.

- Et.. il y a une rumeur comme quoi elle serait enceinte, est-ce vrai ?

Les spectateurs retiennent tous leur souffle. J'attends quelques secondes, de quoi faire monter la pression.

- Oui, c'est vrai.