Alphas - science fiction

Autant dire que faire une série avec des gens normaux qui ont des supers pouvoirs est difficile. Heroes n'a pas tenu sur la longueur, No Ordinary Family a été un échec, il n'y a que du côté des anglais où Misfits continue de faire son bonhomme de chemin.

Alphas, nouvelle série de la chaine SyFy, tente donc de venir sur un terrain difficile et surtout très fréquemment traité (et je ne parle pas du cinéma où les X-Men règnent en maitre).

L'histoire se déroule aujourd'hui. Des gens ont des capacités hors du commun, qui proviennent toutes d'une sorte d'évolution de l'activité du cerveau. Aidés par le Dr Rosen (le très bon David Straithairn), certains d'entre eux ont été recrutés et forment un groupe qui intervient dans les affaires où le FBI n'a plus les moyens de le faire. Le groupe Alphas se retrouve confronté, dans cet épisode pilote, au Ghost, un Alpha qui peut convaincre les gens de faire ce qu'il veut en les touchant. Ce Ghost est en réalité envoyé par une organisation que notre groupe de « héros » (je mets les guillemets car nous allons voir qu'ils n'ont rien des héros traditionnels) pensait avoir détruite, une organisation d'Alphas terroristes et extrémistes, dont le but est justement d'éliminer le Dr Rosen et son équipe. Au cours de l'aventure, l'équipe fait la connaissance de Cameron Hicks, un Alpha qui n'a pas encore pris la pleine mesure de sa capacité.

Car c'est là où la série se différencie des autres. D'ordinaire, dans les séries à pouvoir, l'histoire commence alors que les personnages découvrent leur pouvoir : ils sont étonnés, déstabilisés, ils en ont peur et doivent se former pour en acquérir pleinement la mesure. C'est ce que nous avions vu dans Heroes notamment avec Peter Petrelli. Ici la série commence in medias res.
L'équipe est formée depuis un bon moment (ce qui permettra aux scénaristes de revenir sur le passé de Rosen qui, à mon avis, est bien plus qu'un simple docteur, mais également sur la formation de l'équipe), les membres se connaissent, s'apprécient ou non, et contrôlent leur pouvoir. Seul Cameron Hicks, nouveau venu dans l'équipe devra être formé.

L'une des qualités de ce pilote à mon sens, est justement de nous présenter les personnages comme une équipe qui est appelée en derniers recours (un peu comme dans The A Team) et non comme des super héros. En effet, les personnages ont un pouvoir mais ce pouvoir implique une sorte de contre-pouvoir. La jeune fille qui peut multiplier ses capacités sensorielles ne peut gérer qu'un sens à la fois : si elle « multiplie » sa vue, elle ne peut alors plus utiliser ses autres sens. Le jeune qui peut lire les ondes électriques (pouvoir très original par ailleurs) s'intègre de fait très mal dans un environnement social humain. X qui peut développer une force surhumaine ne peut le faire que pendant un certain laps de temps. Enfin Nina, qui par la parole peut faire faire ce qu'elle veut aux gens, semble avoir un passé lourd et sombre que nous apprendrons à connaître. L'intérêt de la série est que pour être utiles, ils doivent fonctionner en équipe. Seuls, ils ne servent à rien car leurs pouvoirs respectifs peuvent facilement être pris en défaut, mais en équipe, en complément les uns des autres, ils forment un groupe très efficace. Autre bon point de la série, les scènes d'action sont plutôt vives et prenantes malgré des effets spéciaux pas toujours totalement maîtrisés.

Bref, la série surprend par sa capacité à nous plonger d'entrée de jeu dans une histoire qui tournera autour de ce groupe d'Alphas extrémistes (merci X-Men pour le scénario), et par son traitement différent des « pouvoirs » des personnages. Bien sur elle n'est pas exempte de tout reproche, la présentation des pouvoirs est assez ridicule et cheap, les acteurs ne sont pas forcément tous au top, mais le pilote se laisse regarder de manière assez plaisante et fait ce qu'on attend de lui : poser les bases d'une histoire, en laissant assez de zones d'ombre, autant dans le passé des personnages que dans le futur de l'histoire, et présenter les protagonistes.