Les derniers Hunger Games

Effie Trinket était sur la grande estrade de la place centrale du Capitole. Celle-ci était magnifiquement décorée, très sophistiquée. Des enfants, habillés proprements, normalement, sans extravagances, attendaient devant l'estrade. Ils étaient effrayés, inquiets, terrorisés. Ils étaient rangés par sexe et par âge : d'un côté les filles, de l'autre les garçons, devant les plus jeunes - 12 ans - jusqu'aux plus âgés - dix-huit ans. Effie, quant à elle, les regardait, avec son éternel sourire, et son éternelle bonne humeur. Devant se tenait trois grosses boules de verres, posées l'une à côté de l'autre sur une table de marbre. Derrière Effie, sur d'élégantes chaises, étaient assises douze personnes.
Effie, quand tout le monde fut à sa place, entama son discours :
- Bienvenue à tous ! Je suis Effie Trinket, mais je ne doute pas que vous me connaissez tous ! Comme vous le savez sûrement, vous êtes ici pour assister à la première Moisson au Capitole. En effet, cette année, et ce pour la première et dernière fois, les vingt-quatre tributs seront moissonnés au Capitole, et non dans les Districts. Cette décision a été prise par les anciens vainqueurs des Hunger Games. Ils ont déclaré vouloir vous faire souffrir, comme vous les avez fait souffrir pendant soixante-quinze ans. Ainsi, vingt-quatre d'entre vous iront se battre à mort dans une arène, et l'unique survivant sera célèbre et couvert de richesse ! A présent, passons au tirage... Les dames d'abord, évidemment ! Ah... et puisse le sort vous être favorable !
Il n'y eu aucune réaction parmi la foule. Effie s'approcha de la boule de verre de gauche. Personne ne la quittait des yeux. Effie plongea la main dans la multitude de papiers. Elle tourna et retourna sa main, avant de choisir le papier qui semblait lui convenir. Elle le sortit, l'ouvrit et lut le nom inscrit :
- Alvina Macarsh !
Au bout d'une minute ou deux, une fille de douze ans, petite et frêle, le teint pâle, s'avançait en tremblant vers l'estrade. Elle gravit les marches et rejoignit Effie qui l'attendait avec impatience.
Alvina pleurait. Elle faisait de son mieux pour le cacher avec ses cheveux châtains clair qui lui tombaient sur les épaules. Derrière Effie, l'une des douze personnes fit un geste vers Alvina, mais une autre lui posa la main sur le bras, et la première personne se rassit sur sa chaise.
- A présent, passons aux garçons !
Elle ignora la boule du milieu et se dirigea vers celle de droite. Elle plongea la main dans les papiers, et, après un court instant, elle en ressortit un qu'elle ouvrit.
- Octave Luniluk !
Un garçon brun de dix-huit ans, grand, fort, l'air féroce, se dirigea d'un pas décidé vers Effie. Il voulait peut-être montrer aux autres concurrents qu'il était redoutable. Effie déclara qu'il était maintenant temps de décider qui serait leur mentor.
- Les douze personnes que vous voyez derrière moi sont douze anciens vainqueurs, et ils sont vos mentors potentiels. La boule du milieu contient douze papiers : leurs douze noms. Je vais tirer au sort le mentor d'Alvina et d'Octave, et je ferais de même pour les prochains tributs !
Elle joignit le geste à la parole, et elle plongea la main dans la boule du milieu. Celle-ci n'était pas pleine, elle ne contenait que douze papiers. Elle en ressortit l'un deux, l'ouvrit et s'exclama :
- Le mentor d'Alvina et d'Octave est... Beetee !
Beetee, ancien vainqueur du district Trois, participant à la troisième Expiation et pillier de la seconde rébellion, se leva de sa chaise. Il s'approcha d'Alvina et d'Octave, prit à chacun une épaule, et les entraîna vers les doubles portes de chênes situées à droites des vainqueurs. Lorsqu'ils eurent tous trois disparus derrière les portes, Effie annonça :
- Eh bien voilà, il ne reste plus que vingt-deux tributs à choisir et onze mentor !
Sur ce elle s'approcha de la boule de verre des filles, et en sortit le nom d'une très belle blonde aux yeux bleus de quinze ans, grande, mince, élégante : Lucie Fleuvet.
Elle tira ensuite le nom d'un garçon de seize ans, banal, mais plutôt bien bâti, et qui semblait posséder une réelle force : Shean Martins.
Effie tira le nom de leur mentor, Johanna Mason. Celle-ci disparut avec eux derrière les portes en chêne.
Camille Anasabel, une fille de dix-huit ans à la silhouette et au visage très masculins, et Charles Pever, un jeune garçon de quatorze ans, blond, séduisant, mais portant sur le visage une expression d'infinie tristesse, eurent pour mentor Enobaria.
Flavie Zaldi, âgée de treize ans, et Pierre Tod, âgée de dix-sept ans, eurent pour mentor une gagnante du district Cinq.
- Nous avons à présent huit tributs, Alvina Macarsh et Octave Luniluk, dont le mentor est Beetee, Lucie Fleuvet et Shean Martins, avec Johanna Mason, Camille Anasabel et Charles Pever, avec Enobaria, et enfin Flavie Zaldi et Pierre Tod, avec une ancienne gagnante du district Cinq. Il nous reste à présent seize tributs à désigner, et huit mentor à attribuer. Passons maintenant au choix du neuvième tribut !
Et elle piocha à nouveau un papier dans la boule de verre des filles.
- Athéna God.
Ceux qui s'attendait à voir en elle une guerrière ne furent pas déçus : elle était non seulement magnifique, éblouissante, mais semblait également forte, cruelle, féroce. Elle gravit dignement les marches jusqu'à l'estrade et n'adressa même pas un regard à Effie, ni aux huit vainqueurs restants. Elle se planta simplement devant la foule, et la regarda d'un air supérieur, bien qu'elle n'ait que seize ans. Effie s'approcha ensuite de la boule des garçon, et en tira le nom de Marc Fleuvet, un beau garçon de douze ans, brun, les yeux marron. Il ne dégageait pas l'élégance ni la grâce de sa soeur, Lucie.
A l'annonce de son nom, un murmure de désaprobation parcourut la foule, et une femme hurla, hystérique :
- MON FILS ! VOUS M'AVEZ DEJA PRIS MA FILLE, ALORS POURQUOI PRENDRE MON FILS A PRESENT ?
La voix venait de derrière les enfants, dans la foule des parents venus assister à la mise à mort de leurs enfants.
Sur l'estrade, Athéna et Effie, regardaient avec stupéfaction la mère en pleurs, tandis que Marc, même s'il s'efforçait de ne pas pleurer, était extrêment triste, et horrifié. Pour lui, la vérité était sombre : il devrait être tué ou tuer sa soeur.
Mais à ce moment précis, Haymitch Abernathy se leva de sa chaise et dit :
- Pendant des années et des années nous avons vu nos enfants, nos frères, nos soeurs, nos amis partir mourir dans l'arène, et vous, oui, vous, vous regardiez ce spectacle en vous amusant. Il est juste, qu'à présent, se soit à nous de savourer la mort de vos enfants !
A ces propos la femme s'arrêta d'hurler, et bien que ses sanglots restaient parfaitement audibles, elle essayait de se faire la plus petite possible : elle savait que ce qu'avait dit Haymitch était vrai.
- Bien, dit Effie, nous allons à présent savoir qui sera le mentor d'Athéna et de Marc.
Et sur ce, elle tira un nom de la boule centrale :
- Haymitch Abernathy !
Haymitch se leva de mauvaise grâce de sa chaise sur laquelle il s'était rassis, et emmena avec lui Marc et Athéna.
Un gagnant du district Sept devint le mentor de Carl Field, un roux de dix-huit ans, et d'Emmy Mouse, une brune de quatorze ans.
- Nous sommes à présent à la moitié de la sélection. Plus que douze tributs à choisir !
Elle choisit un papier pour les filles, et ce fut le nom de Lola Clarks qui en ressortit.
Cette fille de seize ans était, comme Lucie Fleuvet, très belle. Ses longs cheveux châtains foncés lui tombaient dans le dos, ses yeux marrons noisette brillaient toujours, et ses traits étaient dessinés à la perfection. Elle s'avança légèrement vers l'estrade, bien que son expression trahissait une inquiétude intense.
Le garçon sélectionné avec Lola fut Georges Pesky : un blond de près de deux mètres, fort, mais âgé d'à peine seize ans.
Effie s'approcha de la boule centrale et, après avoir choisit un papier, appela :
- Annie Cresta !
Annie disparut alors avec Lola et Georges.
Effie refit alors la même chose qu'elle faisait depuis le début : elle piocha un nom. Cette fois-ci, les noms de Tayla Swift, une rousse au regard intelligent de seize ans, et Hugo Bones, un garçon sans qualité particulière à première vu âgé de dix-sept ans, furent tirés. Leur mentor se trouva être une ancienne gagnante du district Un.
Ce fut ensuite au tour de Maria Planatia d'être choisie. Une petite fille, à la cheveulure blonde brillante, âgée de douze ans, s'approcha en tremblant de l'estrade. Il y avait dans ses yeux quelque chose de doux et d'attendrissant.
Thomas Picti la rejoignit bientôt. Lui était âgé de dix-sept ans, il était grand, et il semblait solide. Cependant, il était aussi très beau.
Effie fit durer le suspens, prenant le temps de choisir le mentor de la petite fille qui ressemblait à un ange, et du grand et beau solide Thomas. Elle en choisit un finalement, et, après l'avoir lu, s'exclama :
- Le mentor de Maria et de Thomas sera... Katniss Everdeen !
Katniss, se leva, ses yeux gris balayèrent la foule, puis elle s'approcha de Maria et de Thomas, sa natte brune bondissant sur son épaule au rythme de ses pas. Tous trois disparurent par la porte.
Un ancien vainqueur du Un devint le mentor de Louise Snow, âgée de quinze ans, et de Tom Francie, âgé de treize ans.
A l'annonce du nom de la jeune Snow, la foule gronda, comme pour lui rappeller que tout ce qui arrivait actuellement était de la faute de son grand-père. Même les mentors lui adressèrent des regards haineux.
Un ancien vainqueur du Deux devint le mentor Mia Wasikova, âgée de quatorze ans, ainsi que de Harry Mean, seize ans.
Enfin, Peeta Mellark fut désigné mentor de Pauline Duvan, âgée de quinze ans, et de Gaspar Famarada, âgé de dix-sept ans.
- Eh bien voilà, les vingt-quatre tributs sont maintenant désignés ! Je vous souhaite un bon retour chez vous, et j'espère que vous allez vous régaler devant ces Hunger Games inédits ! Et puisse le sort vous être favorable !
Le soulagement se lisait sur le visage de tous les autres enfants épargnés, mais parfois se mêlait également du chagrin à ce soulagement : certains d'entre eux allaient peut-être, ou sûrement, perdre un ami, un frère, une soeur, un membre de sa famille.

INDEX DES TRIBUTS (pour ne pas se perdre) :

Alvina Macarsh (12 ans) + Beetee
Octave Luniluk (18 ans) + Beetee
Lucie Fleuvet (15 ans) + Johanna Mason
Shean Martins (16 ans) + Johanna Mason
Camille Anasabel (18 ans) + Enobaria
Charles Pever (14 ans) + Enobaria
Flavie Zaldi (13 ans) + une gagnante du Cinq
Pierre Tod (17 ans) + une gagnante du Cinq
Athéna God (16 ans) + Haymitch Abernathy
Marc Fleuvet (12 ans) + Haymitch Abernathy
Emmy Mouse (14 ans) + un gagnant du Sept
Carl Field (18 ans) + un gagnant du Sept
Lola Clarks (16 ans) + Annie Cresta
Georges Pesky (16 ans) + Annie Cresta
Tayla Swift (16 ans) + une gagnante du Un
Hugo Bones (17 ans) + une gagnante du Un
Maria Planatia (12 ans) + Katniss Everdeen
Thomas Picti (17 ans) + Katniss Everdeen
Louise Snow (15 ans) + un gagnant du Un
Tom Francie (13 ans) + un gagnant du Un
Mia Wasikova (14 ans) + un gagnant du Deux
Harry Mean (16 ans) + un gagnant du Deux
Pauline Duvan (15 ans) + Peeta Mellark
Gaspar Famarada (17 ans) + Peeta Mellark

Après l'annonce de leur noms, les tributs eurent le temps de dire adieu à leur famille et leurs amis. Puis, les vingt-quatre partirent directement au Centre d'Entraînement. Là, ils rencontrèrent leurs stylistes respectifs, et, le soir venu, ils étaient sur les chars, près à défiler devant les citoyens de Panem, qui, pour ceux qui n'avaient aucun de risque de perdre quelqu'un, étaient aussi enthousiastes que lors d'Hunger Games classiques. Les mentors soutenaient leurs tributs, leur donnaient des indications, avec l'aide des stylistes. Après tout, il fallait faire le plus d'effet possible. Si, lors de la Moisson, qui avait été retransmise dans tout Panem, les tributs ne font pas grande impression, le défilé en char et peut-être l'une des seules occasions pour se rattraper.
Chaque duo de tributs avait une couleur attribuée.
C'est ainsi que le premier char fut lancé, devant une foule colorée en délire.
Dans le premier char, la petite Alvina était risible comparée au grand gaillard féroce qu'était Octave. Cependant, ce dernier semblait s'être pris d'affection pour Alvina, car il lui avait passé le bras autour des épaules et lui soufflait des mots d'encouragements. Tous deux étaient habillés de vert - pomme pour Alvina, foncé pour Octave -.
Dans le second char, Lucie, plus belle que jamais, souriait à la foule, ses cheveux d'or relâchés volant derrière elle. Shean, plus grand qu'elle, semblait tout ausssi amical, et il adressait des signes de la main à tout le monde. La couleur rose qu'il portait ne le ridiculisait pas, au contraire. Son costume rose et argent le rendait tel un prince, tandis que Lucie, dont le rose allait à merveille, était sa princesse dans sa grande robe assortie, digne des plus grandes et plus riches princesses.
Camille et Charles apparurent vêtus de bleu dans le troisième char. Ils étincelaient, au sens propre du terme : leur costumes bleu semblaient projeter un doux éclat autour d'eux.
Flavie et Pierre, en rouge, apparurent souriants dans le quatrième char.
Ce fut maintenant le tour d'Athéna et de Marc, vêtu de jaune. A l'image de son nom, on avait voulu représenter Athéna telle une déesse, et l'effet était réussi : dans sa robe blanche et jaune style romain, elle regardait droit devant elle, imperturbable, et le très jeune Mark, à côté d'elle, bien que tout aussi magnifiquement vêtu et adoptant la même stratégie qu'elle - ignorer la foule - était quasiment invisible à côté de cette impitoyable déesse qu'était Athéna.
Carl Field et Emmy Mouse habillés d'orange, levèrent ensemble la main, comme Katniss et Peeta l'avaient fais lors de leur premier jeux, ce qui déclencha l'hystérie de la foule en délire. Cependant, la couleur oranger, qui se mariait très bien avec la chevelure brune d'Emmy, jurait horriblement avec les cheveux roux de Carl, et le public, comme éblouit par trop de couleur, finit par se désintéresser d'eux.
Vint ensuite le tour de Lola et de Georges, habillés de noir. La beauté de Lola était ainsi mise en valeur, et le géant Georges se remarquait par se chevelure blonde qui se détachait du reste de son costume.
Tayla Swift et Hugo Bones, malgré leurs tenues chiques violettes, ne firent pas grande impression sur le public : Tayla, bien qu'elle semblait intelligente, était banale, tout comme Hugo.
Maria Planatia et Thomas Picti arrivèrent vêtus uniquement de blanc, ce qui renforçait l'impression que la petite et chétive Maria était un ange, et donnait l'impression que Thomas était presque un dieu.
Tom Francie et Louise Snow, vêtus de marron, n'étaient pas exceptionnels. La foule ne s'intéressait pas à eux, leurs tenues étaient bien trop communes, ils n'attiraient pas l'oeil.
Mia Wasikowa et Harry eurent plus de chance : leurs tenues grises étaient très belles, très réussies, et la foule ne pouvait que s'extasier du superbe travail des stylistes.
Le dernier char arriva enfin, à son bord Pauline et Gaspar. Etant les derniers, ils avaient eu la chance - ou la malchance - d'avoir la couleur arc-en-ciel. Cependant, le costume de Gaspar lui allait à merveille, tandis que celui de Pauline était plutôt raté.
Les chars se stoppèrent lorsqu'ils arrivèrent à leur but. Au balcon, Paylor se leva. Le silence se fit. Et Paylor commença son discours :
- Bienvenue à tous !cVous avez fait une entrée spectaculaire, tributs et je salue votre sacrifice. A présent, vous allez être entraînés par des spécialistes, et vous allez apprendre à survivre. Je m'adresse à vous, à présent, sponsors. Choisissez bien lequel de ces tributs vous allez sponsoriser, car votre choix peut faire basculer la balance en faveur de l'un ou de l'autre. Eh bien, je crois que c'est tout... Ah si ! Une dernière chose... Puisse le sort vous être favorable !
Les chars repartirent en sens inverse.
Déjà les paris allaient bon train. On pensait que Octave et Athéna serait les deux derniers tributs, et on pariait sur la mort très proche d'Alvina, ou encore de Marc et Tayla.
Les tributs retournèrent au Centre d'Entraînement et se couchèrent, mais la plupart ne parvinrent pas à s'endormir. L'idée de très bientôt mourir les effrayait au plus haut point.

Le lendemain matin, les tributs descendirent tous s'entraîner. La tension était palpable. Certains commençaient déjà à repérer les tributs qui pourraient être des menaces, tandis que d'autres ne pensaient qu'à une chose : apprendre un maximum d'astuces pour survivre.
- Bonjour à tous, tributs, commença l'un des entraîneurs, le plus haut placé, à première vue, une femme. Je m'appelle Cassidy, et je suis l'un des entraîneurs. Mes collègues et moi allons faire de notre mieux pour vous aider à survivre dans l'arène. Je vous conseille d'abord les ateliers de survie, car il ne faut espérer survivre dans l'arène sans savoir comment se nourir ou ce genre de choses. Mais cela ne signifie pas qu'il faut négliger les ateliers de combats. Essayer de faire un maximum de choses. Vous avez trois jours pour cela, à la suite desquels vous passerez l'évaluation, et où vous serez notés de 1 à 12. Cette note, si elle est élevée, peut vous rapporter des sponsors, mais aussi des ennemis. Mais bon, assez bavardé, vous allez pouvoir commencer.
Les tributs commencèrent à se répartir sur les différents ateliers. Octave emmena Alvina à l'atelier d'épée, où à la grand surprise de tout le monde, mais surtout de la sienne, Alvina se révéla être plutôt douée. Lucie et son frère, Marc, préférèrent l'ateliers des plantes commestibles, et de celles qui ne le sont pas. Ils espéraient ainsi avoir toujours un moyen de se nourrir, mais aussi peut-être d'empoisonner discrètement leurs ennemis. Shean se dirigea seul à l'atelier de tir à l'arc, mais fut bientôt suivi par Camille Anasabel et Pierre Tod. Tous trois se révélèrent plutôt doué, même s'il fallait une bonne minute à Pierre pour qu'il parvienne à encocher sa flèche. Une faiblesse, comme le lui fit judicieusement remarqué l'entraîneur, qui pouvait lui coûter la vie. Athéna se rendit au lancé de couteau. Elle n'en manqua aucun. Charles, Flavie, Emmy et Carl se rendirent au parcours d'obstacles. Celui-ci était plutôt difficile. Il fallait le faire le plus vite possible, en imaginant qu'une mutation génétique, un adversaire ou un incendie vous courait après. Lola, Tayla et Maria, toutes trois amies, allèrent ensemble à l'atelier des poisons : l'entraîneur expliquait comment créer des poisons et leurs antidotes. Tayla excellait dans cet exercice, et Maria et Lola se débrouillaient. Georges, Hugo, Thomas et Tom se rendirent au lancé d'épieu. Aucun ne brillait vraiment. Louise Snow, Mia et Harry allèrent à l'atelier du feu. Ils mirent une bonne demi-heure à obtenir une petite étincelle, et ce en joignant leurs efforts. Enfin, Pauline et Gaspar allèrent à l'atelier des noeuds, pour "savoir comment se suicider", selon Gaspar.
A midi, tout le monde alla manger, en petits groupes, selon les alliances qui s'étaient déjà formées durant la matinée. Les tributs retournèrent s'entraîner après avoir manger, et c'est ainsi que se déroulèrent les deux jours suivants.
Le jour de l'évaluation arriva bientôt. On fit attendre les tributs dans une salle avant de les faire passer un à un. Tout le monde s'inquiétait. Qu'allaient-ils faire ? Et s'ils savaient déjà quoi faire, allaient-il le réussir ? Personne ne parlait, le silence était complet.
Quand tout le monde fut passé, les Juges délibérèrent. Le soir même, chaque duo de tribut était dans son appartement, devant l'écran, en compagnie de son mentor et de son styliste. Une présentatrice haut-en-couleur apparut à l'écran, un sourire éclatant aux lèvres : Marion Wight. Elle était la nouvelle présentatrice des Hunger Games.
- Bonjour à tous ! Comme vous le savez sûrement, les tributs ont passé aujourd'hui les évaluations. Les Juges ont délibérés et je vais à présent vous donner leurs notes, que vous découvrirez en exclusivité, tout comme eux ! Alors, voyons voir... Octave Luniluk... 10 !
Dans son appartement, Octave, en compagnie de Beetee et d'Alvina, poussa un rugissement de soulagement. Beetee et Alvina le félicitèrent chaleureusement, mais cette dernière retomba dans le silence quand vint son tour.
- Alvina Macarsh... 6 !
- Allez, Alvina, c'est bien 6. Et puis je resterais avec toi, dans l'arène, alors ne t'inquiète pas, dit Octave à Alvina. Celle-ci, rassurée, se pelotonna dans les grands bras d'Octave, plutôt contente de sa note.
La présentatrice reprit la parole :
- Shean Martins... 8 !
Shean poussa lui aussi un soupir de soulagement. 8, c'était très bien, pour lui. Ce n'était ni trop haut, ni trop bas. C'était parfait.
- Lucie Fleuvet... 9 !
Lucie sourit, et Johanna la félicita, à sa façon :
- Bah, c'est déjà mieux que Shean. J'aurais jamais cru que tu pourrais faire un score pareil. Tu dois avoir de très beaux talents cachés.
Marion Wight continua l'énumération des notes, et les tributs réagirent en conséquences, chacun dans son appartement.
Charles Pever obtint la note correct de 7, tandis que Camille Anasabel récolta un 10.
Pierre Tod eut un 8, mais Flavie Zaldi n'obtint qu'un maigre 4.
Marc Fleuvet, le frère de Lucie, n'obtint pas une aussi belle note qu'elle : il eut un 5. Mais c'est sans surprise qu'Athéna obtint la note de 11.
Carl Field récolta la note de 7, et Emmy Mouse obtint un 3.
Georges Pesky obtint la note de 8, tout comme Lola Clarks.
Hugo Bones obtint un 6, et Tayla un 5.
Thomas Picti récolta un 10, sans surprise.
Il reçut les chaleureuses félicitations de Katniss et de Maria.
- Maria Planatia..., commença Marion Wight, obtient la note de... 8 !
- Oh ! s'exclama Maria.
- Bravo, Maria, dit Katniss. Comme tu es mignonne et que tu as eu un score correct, peut-être que les sponsors vont plus s'intéresser à toi.
Tom Francie n'obtint qu'un 4, mais Louise Snow, à la surprise générale, arriva tout de même à avoir un 7.
Harry Mean obtint également un 7, et Mia un 8.
Ce fut un 6 pour Gaspar, et un 3 pour Pauline.
- Et voilà, toutes les notes ont été attribuées. Demain, ce sera le jour des interviews, et enfin, après-demain, nous aurons la chance de voir les tributs dans l'arène !
La chance n'était pas là pour tout le monde.

Le lendemain matin, les équipes de préparations et les stylistes respectifs des tributs commencèrent à les transformer de façon à les rendre les plus magnifiques possibles pour l'interview. Epilations, maquillages, tout le monde y passait. Chaque styliste essayait de faire preuve d'un maximum d'imagination, de façon à impressionner les sponsors, et surtout à faire oublier les autres conccurents. C'est ainsi, après avoir passé une journée à se faire épiler, maquiller, à essayer des tenues, à répéter, à élaborer des stratégies, que les tributs se rendirent sur le plateau où les attendaient Max Jacker, le nouveau présentateur. Ils étaient assis en demi-cercle, en commençant par le premier à avoir été sélectionné lors de la Moisson, à savoir Alvina. Max Jacker commença par détendre l'atmosphère, puis déclara qu'il était temps de passer aux interviews. Il invita Alvina à le rejoindre au centre du plateau. Elle était vêtue d'une très jolie robe rose pâle, dont le jupon de soie avait des reflets blancs étincelants.
- Alors Alvina... Tu as été la première à être sélectionnée lors de la Moisson, alors que tu es seulement âgée de 12 ans ! Qu'as-tu ressenti à l'annonce de ton nom ?
Alvina semblait plutôt à l'aise sur le plateau, bien qu'elle ne parvenait pas à cacher le léger tremblement de ses mains.
- Eh bien... Au début, je n'y ai pas cru. Mais j'ai fini par rejoindre Effie Trinket sur l'estrade. J'avais très peur. Et j'ai toujours très peur, d'ailleurs.
- C'est compréhensible... Après tout, tu es si jeune ! Mais tu n'as pas le choix...
Alvina acquieça tristement.
- As-tu une stratégie ? Quand tu seras dans l'arène, sais-tu ce que tu feras ?
- Je... Je préfère ne rien dire pour l'instant... Après tout, si je dévoile ma stratégie maintenant, les autres pourront facilement la contrer, non ?
En vérité, Alvina n'avait pas de stratégie. Elle préférait retarder au maximum le moment où elle devrait penser à sa mort.
- Je comprends ! Mais ne pourrais-tu pas dire rien qu'un tout pe...
A ce moment précis, le gong indiquant la fin de l'interview d'Alvina retentit.
- Merci Alvina ! Tu es mignonne, et je suis sûr que tu nous éblouiras tous dans l'arène !
Alvina retourna s'asseoir à sa place, tandis qu'Octave se levait. Il était très imposant, dans son costume noir, sobre, mais élégant. Il s'avança lentement vers Max, en dégageant la même impression de puissance que lors de la Moisson.
- Eh bien Octave ! En voilà un sacré gaillard ! Dix à l'évaluation ! Mais ce n'est pas très étonnant. Peux-tu nous dire ce que tu as montré aux Juges ?
- Non, dit-il de sa voix grave et profonde.
Il n'ajouta rien, tandis que le silence se prolongeait. Tout le monde semblait attendre qu'il développe, mais il ne le fit pas.
- Euh..., reprit Max, quelque peu déconcerté, j'imagine que tu n'as pas l'intention de dévoiler tes points forts avant d'entrer dans l'arène. C'est normal. Comme Alvina. D'ailleurs, j'ai remarqué que, lors de la Moisson, tu étais très proche d'elle. Dans l'arène, fera-t-elle partie de ta stratégie ? D'ailleurs quelle est ta stratégie ?
Octave ne répondit pas. Il ne bougea même pas, il n'eut aucune réaction.
- D'accord... Tu l'apprécies tout de même, non ?
- Oui.
Max semblait comprendre que le seul moyen d'obtenir des réponses d'Octave, c'était de lui poser des questions par lesquels il pouvait répondre par oui ou par non.
- Tu n'as pas peur qu'elle te retarde ? Je veux dire, elle est jeune, elle n'a pas ton niveau, elle pourrait être un poids plutôt qu'autre chose...
- Non.
- Oui, mais que pourrait-elle t'apporter ? Penses-tu l'utiliser comme appât ?
La question était insultante, autant pour Alvina que pour Octave. Il semblait que tout le monde s'était questionné à propos de ce rapprochement innatendu, et Max posait les questions les plus attendues par les spectateurs. Malheureusement pour ces derniers, le gong de fin d'interview retentit. Octave alla s'asseoir, sans oser regarder Alvina. Lucie Fleuvet se leva. Elle portait une robe dorée, qui brillait de mille feux, et qui laissait découvrir ses jambes, jusqu'aux genoux. Elle réussit magnifiquement son interview. Elle brillait, et sa robe ne faisait pas tout. Elle répondait avec charme et avec humour, dévoilant ses belles dents blanches lorsqu'elle souriait. Elle semblait très satisfaite d'elle lorsqu'elle retourna s'asseoir. Shean Martins se leva. Il portait un simple costume gris, avec une rose rose à la boutonnière. Il échangea quelques plaisanteries avec Max, qui le questionnait sur ses points faibles, ses points forts, ses alliés potentiels... Shean répondait avec le sourire, en blaguant toujours, bien qu'il ne dévoilât aucune information qui pouvait lui nuire. Les autres tributs se débrouillèrent tous plus ou moins bien. Camille Anasabel répondait normalement, comme si Max était un ami et qu'elle discutait simplement avec lui. Elle ignorait totalement le public. Charles Pever ne s'en tira pas à si bon compte. Malgré ses beaux cheveux blonds qui brillaient sous les projecteurs, Max le mettait dans l'embarras à chacune des questions qu'il posait. Il revint à sa place le visage déconfit. Flavie Zaldi et Pierre Tod ne se démarquèrent pas des autres, mais n'étaient pas catastrophiques non plus. Lorsqu'Athéna se leva, le silence se fit complet sur le plateau. Tout le monde regardait cette déesse guerrière rejoindre Max. Elle adopta la même stratégie qu'Octave : innaccessible, elle répondait par oui ou par non, et seulement quand cela l'arrangeait. Elle retourna à sa place, digne, malgré la déception du public et de Max d'avoir eu si peu d'informations. Marc Fleuvet, le petit frère de Lucie, était loin d'être aussi éblouissant que sa soeur, même s'il n'était pas aussi catastrophique que Charles. Il retourna à sa place, sans être vraiment satisfait de lui. Emmy Mouse semblait beaucoup plus à l'aise sur scène que la plupart des tributs. Lorsqu'elle riait, son rire n'était absolument pas tendu, contrairement à d'autres, et son sourire n'était absolument pas forcé. Cependant, ses réponses étaient décevantes, loin d'être complètes, car Emmy souhaitait protéger sa stratégie le plus possible. D'ordinaire, elle ne savait pas garder les secrets, et le gong retentit juste avant qu'elle ne lâche une information cruciale. Carl Field avait coupé ses cheveux roux, ce qui le rendait beaucoup plus beau qu'avant. Ses préparateurs avaient fait leur possible pour le rendre séduisant, et ils avaient merveilleusement réussi : Carl devait avoir la meilleure équipe de préparation de cette édition des Hunger Games. Heureusement, d'ailleurs, car son interview n'était pas flamboyante, mais il avait bon espoir que son physique rattrape le reste. Lola Clarks portait une longue robe noire très élégante, ce qui lui donnait un air mystérieux. Son interview était d'ailleurs basée sur cela, et chacune de ses réponses était très ambigüe. Il semblait qu'un message se cachait derrière chaque réplique. Georges s'en tira bien, sans plus. Tayla Swift et Hugo Bones, jugés trop banals, n'intéressèrent pas trop, malgré leur interview réussie. Vint ensuite le tour de l'ange Maria Planatia. Elle était vêtue pour l'occasion d'une robe blanche légère, où deux petites ailes d'argents étaient dessinées dans le dos. Elle était très timide. Elle semblait se cacher dans ses cheveux, ce qui lui donnait un air de petit animal apeuré, attendrissant tous les spectateurs. Elle lançait de tant à autres de merveilleux sourires timides, renforçant l'idée qu'elle était un ange. Lorsqu'elle alla s'asseoir, elle était très satisfaite d'elle, toujours dans son rôle d'ange, et elle avait de quoi. Thomas Picti, beau garçon, réussit également son interiew. Louise Snow surprit à bien des égards : malgré le fait que dans chacune de ses paroles, Max insinuait que tout était de la faute de son grand-père, elle répondait avec enthousiasme, et son interview était tout de même réussie. Tom Francie, Mia Wasikova, Harry Mean, Pauline Duvan et Gaspar Famarada n'étaient pas particulièrement éblouissants, ni particulièrement médiocres. Ils étaient corrects.
Le soir, lorsque les interviews furent terminés, les tributs rentrèrent dans leurs appartements, et tentèrent de s'endormirent, en vain. C'est ainsi qu'Alvina se leva, en pleine nuit, et qu'elle rejoignit Octave dans sa chambre. Lui non plus ne dormait pas. Alvina, sans préambule, demanda directement :
- Tu n'as tout de même pas l'intention de te servir de moi comme appât, non ?
Octave sembla très insulté de cette question, surtout de la part d'Alvina, mais il comprenait ses inquiétudes, et la rassura :
- Non, ne t'inquiète pas. Je t'assure que je te protègerais. Je ne laisserai personne te tuer !
Il avait dit ça avec tellement de fougue qu'Alvina le crut sur parole, et, rassurée, retourna dans sa chambre, et s'endormit aussitôt couchée.
Octave, cependant, dormit moins bien. Il ne voulait pas qu'Alvina meurt, mais il ne voulait pas mourir non plus.
Le lendemain matin, tous les tributs se levèrent, effrayés. Ils ne parlaient pas, tremblaient, certains même pleuraient... Mais c'était trop tard. Ils allèrent tous dans leurs chambres de lancement, neuves, avec leurs stylistes ou leurs mentors. Les adieux furent de courtes durées, car une voix mécanique annonça bientôt :
- 30 secondes.
Les tributs allèrent alors dans les tubes de verres, et furent alors en même temps emmenés dans l'arène. Lorsqu'ils émergèrent tous, la voix d'un nouveau speaker s'exclama :
- Mesdames et Messieurs, que les derniers Hunger Games commencent !

Les tributs débouchèrent dans une grande plaine verte. La corne d'abondance dorée se dressait en son centre. Dans sa gueule des armes diverses, arcs, couteaux de tailles différentes, épées, épieux, ainsi que des sacs de couleurs différentes : ils étaient rouges au plus proche de la corne, et leur couleur claircissait au fur et à mesure qu'ils s'en éloignaient. Mais le plus curieux était un petit coffret de bois posé à même le sol, juste à côté de la corne d'abondance, ce qui devait signifier qu'il contenait quelque chose de précieux. Au nord, à l'est et au sud de la corne s'étendait une immense forêt très étrange : les arbres de toutes espèces semblaient bouger et murmurer. A l'ouest, la plaine s'étendait, mais on remarquait au loin une légère perturbation du terrain, ce qui laissait penser qu'il y avait quelque chose d'autre qu'une étendue verte et infinie. Le climat était très froid, le vent glacé fouettait le visages des tributs, mais ceux-ci étaient vêtus suffisamment chaudement pour avoir froid sans pour autant en mourir. Une idée cruelle des Juges.
Les tributs se regardaient, effrayés, ou sûrs d'eux, tandis que d'autres se concentraient uniquement sur la corne.
Le décompte des soixante secondes avait commencé.
Au Capitole et dans les Districts, tout le monde regardait sa télé, les familles des tributs priant pour leurs enfants.
Plus que cinquante secondes.
Les grands écrans sur toutes les grandes places diffusaient des images aériennes de la corne d'abondance, et des tributs.
Plus que quarante secondes.
La plupart des tributs avait cessé de regarder leurs adversaires, ils se concentraient à présent sur la corne d'abondance et ce qu'elle contenait.
Plus que trente secondes.
Allaient-ils se précipiter dans la corne, au risque de se faire tuer ? Ou allaient-ils s'enfuir dans la forêt, au contraire, au risque de mourir plus tard par manque ?
Plus que vingt secondes.
La plupart des tributs avait pris leur choix, mais d'autres hésitaient encore.
Plus que dix secondes.
A présent, tout le monde savait quoi faire, et les tributs se mettaient en position pour partir le plus rapidement possible de leur plaque ronde surélevée.
Neuf. Huit. Sept. Six. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un...
Au gong, tous les tributs s'élancèrent vers la corne d'abondance, tous, sans exception. Les plus grands, qui avaient les plus grandes jambes, arrivèrent en premier à la corne. Octave en faisait partie, ainsi que Georges, Athéna, Camille et Charles. Octave s'empara de la première épée qu'il trouva et transperça le corps de Georges qui se précipitait vers lui. Le corps de Georges tomba lourdement sur le sol lorsqu'Octave retira son épée tâchée de sang de sa poitrine. De son côté, Alvina venait tout juste de rejoindre Octave : elle s'était emparée de deux sacs, l'un rouge, l'autre orange, d'une épée et de deux couteaux, protégée qu'elle l'était par Octave. Les autres tributs arrivèrent peu à peu à la corne et s'engagèrent dans des combats. Le corps de Flavie tomba sur le sol aux pieds d'Athéna. Les tributs se battaient, couraient, s'emparaient des sacs et s'enfuyaient, hurlaient, et parfois tombaient pour ne jamais se relever. La confusion était extrême. Octave et Alvina s'étaient tous les deux enfuient, laissant derrière eux trois corps, dont celui de Georges, et armés jusqu'aux dents. Alvina, si inquiète la veille, était à présent endurante et semblait s'être formée une carapace : elle ne réagissait pas lorsqu'Octave tuait quelqu'un, elle s'efforçait de ne pas y faire attention, et elle y parvenait. Petite, mince, elle était soudain devenue une précieuse alliée pour Octave. A la corne d'abondance, loin du calme dont devaient à présent bénéficier Octave et Alvina, les combats faisaient toujours rage. Mais ils finirent par s'arrêter, quand tout le monde se fut enfuis, ou morts. Athéna était la dernière présente, et elle ramassa tout ce qui pouvait lui être utile, en trébuchant sur les corps, les flaques de sang. Elle finit cependant par disparaître dans la forêt, laissant derrière elle un carnage, dont elle n'était pas la seule responsable.
Quelques minutes plus tard, une silhouette émergea des arbres, et s'approcha à pas de loups vers la corne. C'était Tayla, toujours vivante. Elle ramassa tout ce qui restait, quelques couteaux, un sac jaune pâle, une miche de pain, et... Elle trébucha sur quelque chose et s'écroula par terre. Elle se releva et regarda sur quoi elle était tombée, s'attendant à voir peut-être une main, ou une autre horreur du genre, mais c'était en faire le petit coffret de bois. Personne n'avait pris la peine de le prendre, dans la violence des combats, chacun avait préféré prendre les armes. Tayla, cependant, pensa qu'il devait contenir quelque chose, peut-être quelque chose d'utile, et fourra la miche de pain, les couteaux et le coffret dans son sac presque vide.
Sans le savoir, Tayla venait sans doute de se munir de l'arme la plus dangereuse des Hunger Games.

Maria marchait dans la forêt depuis une heure maintenant. Le jour déclinait, et elle pensait bientôt entendre les coups de canons. Elle avait réussit à échapper au bain de sang de la corne d'abondance. Petite, elle s'était précipitée dans la corne, pensant prendre le plus de choses possibles, mais elle avait rapidement reculé devant la violence des combats. Elle avait rapidement ramassé un couteau resté dans la main d'un cadavre. Elle ne savait pas qui. Elle devait se dépêcher. Alors elle s'était empressée de courir vers la forêt, raflant au passage un sac jaune vif. Du coin de l'oeil, elle avait pu apercevoir quelqu'un se retourner vers elle et lancer l'un de ses couteaux, mais celui ne l'avait pas touchée. Elle avait eu énormément de chance.
Maria s'assit sur le sol recouvert de feuille, de fleurs, d'herbes et de branches, et ouvrit son sac jaune vif. Il contenait une espèce de couverture en plastique noire, très grande, imperméable, mais qui ne semblait pas conserver la chaleur. Il y avait également une miche de pain, une gourde vide, un sachet de fruits séchés, un autre de noisette, et deux bonnes et grosses pommes. Mais Maria remarqua avec dépit qu'il n'y avait pas de désinfectant d'eau. Peut-être ceci n'étaient-ils présents que dans les sacs rouges ou oranges. Maria prit ensuite le couteau qu'elle avait rapidement prit au cadavre et l'examina. Lorsqu'elle était sur sa plaque, elle avait remarqué qu'il y avait toutes sortes de couteaux dans la corne : des grands à la lame très dentelée, des plus petits mais très pointus, des fins, des gros, de tout. Mais il y avait également des plus petits, qui ne semblaient pas couper, comme des couteaux de cuisine. C'était un de ses couteaux que Maria avait récupéré. De plus, celui qu'elle avait était cassé, et la lame pouvait se décrocher à tout moment du manche. Maria pensa que, si quelqu'un lui tombait dessus maintenant, elle avait de très très faibles chances d'en réchapper.
Soudain, un coup de canon rententit dans l'air. Maria arrêta toutes activités. Tous les tributs encore vivant, partout dans la forêt ou dans la plaine, s'arrêtèrent un instant pour les compter.
Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Dix. Onze.
Il n'y en eu pas un de plus. Dans les derniers rayons de soleils, l'hymne de la Paix - hymne que les Districts avaient composé à la suite de la révolte -, retentit dans l'arène, et le sceau de la Paix s'afficha dans le ciel. Il fut bientôt remplacé par une photo de l'un des tributs morts. C'était la photo de Charles Pever. Il avait beau être arrivé parmi les premiers à la corne, il avait reçu un couteau dans le dos, lancé par Athéna, alors qu'il partait vers la forêt. Il s'était effondré par terre. C'était l'un de ses couteaux que Maria avait pris, celui qu'il avait dans la main au moment de sa mort. La photo de Charles fut bientôt remplacée par celle de Flavie Zaldi. Celle-ci était morte parmi les premiers, tuée par Athéna, qui l'avait égorgée avec un couteau alors qu'elle se précipitait vers la corne. Sa propre photo disparut pour laisser place à celle de Pierre Tod. Il avait été tué par Octave. Vint ensuite le portrait d'Emmy Mouse, tuée par le rouquin Carl Field. Mais la photo d'Emmy fut remplacée par celle de son meurtrier, Carl Field. Il avait également été tué par Octave, juste après avoir tuer Emmy. Georges Pesky apparut, lui aussi assassiné par Octave. Hugo Bones remplaça Georges. Il avait été tué par Lola Clarks, qui, rapide, lui avait planté un couteau en plein coeur. Tom Francie apparut à la place d'Hugo. Il avait été assassiné par Mia Wasikova. Elle avait prit un arc, et, bien qu'elle ne sache pas tirer, avait décocher une flèche au hasard, dans la mêlée du combat, et qui était venu se planter dans la tête de Tom. Mia Wasikova remplaça Tom. Elle avait été tuée par Camille Anasabel. Celle-ci n'avait pas utilisée d'arme pour en finir, mais douée d'une force masculine, elle l'avait frappée, frappée, frappée, et avait fini par la tuer. Harry Mean remplaça Mia. Il avait été égorgé par Athéna. Puis Pauline, tuée par Lucie Fleuvet de plusieurs coups de couteaux dans la poitrine apparut. Enfin, la photo de Pauline disparut et ne fut pas remplacée.
Ainsi, il restait encore en vie Alvina Macarsh, Octave Luniluk - tous deux alliés -, Lucie Fleuvet, Shean Martins, Camille Anasabel, Athéna God, Marc Fleuvet, Lola Clarks, Tayla Swift, Maria Planatia, Thomas Picti, Louise Snow et Gaspar Famarada.
Les parents pleuraient déjà la perte de leurs enfants et les autres se réjouissaient et reprenaient espoir : leurs enfants étaient toujours vivants. Tout le monde était cependant étonné que Louise Snow soit encore en vie. Après tout, ces jeux était surtout destinés à la faire payer, elle, des crimes de son grand-père...
Dans l'arène, Maria trouva un arbre creux et se pelotonna à l'intérieur, en se couvrant de la couverture imperméable trouvée dans le sac. Elle irait chercher de l'eau le lendemain.

Lucie Fleuvet et Marc Fleuvet avaient quitté parmi les derniers la corne d'abondance pour s'enfuir vers l'inquiétante forêt. En tant que frère et soeur, ils avaient décrété dès le départ qu'ils resteraient ensemble dans l'arène. Au moins jusqu'à un certain moment. A la base, aucun des deux n'avait espéré sortir vivant de la corne d'abondance. D'ailleurs, Marc était encore là aujourd'hui uniquement grâce à sa soeur. Même si Pauline n'était pas forte, elle avait quand même réussi à prendre une épée. Elle s'était alors jetée sur la première personne qui se trouvait à côté d'elle, à savoir Marc. Celui-ci s'était écroulé par terre, et Pauline s'était assise sur sa poitrine, l'épée sur sa gorge. Elle s'apprêtait à la lui trancher, mais Lucie qui n'était pas loin - elle ramassait sacs et armes -, avait hurlé :
- MARC !
Elle s'était ensuite précipitée sur Pauline, l'avait violemment attrapée par les cheveux et l'avait plaquée au sol, et, s'agenouillant auprès d'elle, lui avait planté à plusieurs reprises son couteau dans la poitrine. Marc et elle s'était tous deux enfuis juste après.
A présent, ils étaient dans la forêt, plus précisément dans un arbre, un arbre très haut, qui semblait bouger et murmurer, et qui les effrayaient au plus haut point. Mais comme il faisait nuit, ils avaient décidé d'y rester quand même. Ils montaient la garde à tour de rôle.
Alvina et Octave étaient également dans la forêt, pas très loin de Maria, mais aucun des trois ne le savait. Ils s'étaient alongés sur le sol, dormant tous les deux profondément. Epuisés, ils avaient décidé de dormir tous les deux, au péril de leur vie. Mais chacun d'eux tenait fermement une épée dans la main.
Shean, Lola, Tayla, Thomas et Louise étaient seuls, chacun dans un coin de la forêt, profondément endormi, ou alors, sur le qui-vive, ayant trop peur de dormir.
Quant à Camille, Athéna et Gaspar, ils avaient fait alliance. Camille et Gaspar étaient tombés l'un sur l'autre peu après avoir quitté la corne d'abondance. Camille avait failli tuer Gaspar, mais celui-ci lui avait dit :
- On pourrait devenir alliés. A ce stade du jeu, avoir quelqu'un pour couvrir ses arrières, au cas où, ne coûte rien. Je n'ai pas grand chose, juste un sac jaune, sans armes. Tu pourrais facilement me tuer, si tu en as marre de moi.
Il n'avait absolument pas tort. Camille avait beau être forte, si plusieurs personnes se mettaient contre elle, elle mourrait certainement. Avec Gaspar, elle pourrait être plus tranquille : en lui fournissant juste un couteau, il pourrait se défendre, et, par la même occasion, la défendre. De plus, si elle voulait s'en débarasser, elle n'aurait qu'à lui trancher la gorge avec son épée. Alors elle accepta. Peu de temps après, ils tombèrent sur Athéna, et firent tous les trois alliances.
Le lendemain matin, Lucie et Marc firent l'inventaire de ce qu'ils possédaient. Plusieurs couteaux, la plupart très grands et tranchants, un arc, un épieu, deux sacs, l'un rouge, l'autre jaune vif.
- Qu'est ce qu'il y a, dans les sacs ? demanda Marc.
- Alors, commença Lucie, dans le jaune, on a ce truc noir, on dirait une couverture. Je crois qu'elle est imperméable. Il y a aussi une miche de pain, une gourde - vide -, un sachet de fruits séchés, un sachet de noisettes, et deux pommes. Et dans le rouge, on a - un, deux, trois, quatre... - dix pains ! Waouh ! Mais aussi une petite bouteille d'eau minérale, une gourde vide, une paire de lunettes de nuit, cinq pommes, cinq tranches de jambons, deux oranges, et une autre couverture noire, plus épaisse, et très très chaude. Tant mieux, car les nuits sont froides. Ah, je crois qu'il y a autre chose... Oh, mais c'est...
- Une clé, acheva Marc.
En effet, Lucie tenait entre ses mains une petite clé de bois. Cependant, il n'y avait rien à ouvrir. Lucie et Marc se regardèrent, quand la même lueur de compréhension allumèrent leurs yeux.
- Le coffret de bois ! s'écrièrent-ils en même temps.
- Personne ne l'a pris, dit Lucie. On pourrait peut-être aller le chercher.
- Mais qu'est ce qui te dit que ce n'est pas un piège ? Qu'est ce qui te dit que le coffret n'est pas une bombe, qui nous tuera tous les deux dès qu'on l'ouvrira ?
- Rien ne me le dit, mais on ne peut pas savoir tant qu'on ne l'aura pas ouvert.
Tous deux débattirent encore longtemps, mais Lucie finit par l'emporter, et ils décidèrent de rejoindre la corne d'abondance l'après-midi même.
Ils ne savaient pas que Tayla était passée par là et avait pris le coffret.

Lucie et Marc étaient cachés derrière un fourré très épais, juste à côté de la plaine de la Corne. Elle était vide. Il n'y avait pas âme qui vive. Cependant, Marc et Lucie craignaient que quelqu'un ne se cache, et ne leur saute dessus à la première occasion, alors, ils avaient pris leurs armes, et de quoi survivre un certain temps, au cas où ils seraient séparés. Ainsi, Lucie se retrouva seule, à une vingtaine de mètres de la corne d'abondance, armée d'un arc qu'elle avait du mal à utiliser, et d'un couteau. Elle avait sur le dos un sac rouge. Marc restait caché dans le fourré. Lucie et lui avaient décidé d'un commun accord qu'il resterait caché et n'interviendrait que si Lucie était en danger.
Lucie s'avançait au pas de course vers la corne, attentive à tout. Finalement, elle atteint la corne d'abondance sans problèmes. Elle la contourna, pour vérifier que personne ne se cachait derrière. C'est là qu'elle vit un camp. Trois sacs de couchages, vide, entouraient un foyer encore fumant. Quelques sacs et deux épieux étaient restés sur le sol. Cependant, il n'y avait personne. Lucie s'arrêta un instant pour s'assurer qu'elle était effectivement seule. Alors, seulement, elle se mit à fouiller la corne d'abondance à la recherche du coffret. Il n'y avait presque plus rien, si ce n'est quelques couteaux cassés et inutiles, et quelques morceaux de tissus. Mais pas l'ombre du coffret. Elle fouilla les moindres recoins de la corne, mais ne le trouva pas. Elle s'apprêtait à retourner auprès de Marc, quand elle entendit des éclats de voix. Les occupants du camp revenaient. Lucie espérait juste que Marc était bien caché et n'aurait pas l'idée de venir l'aider, parce qu'ils étaient très sûrement trois, et qu'il n'aurait aucune chance contre eux. Elle n'espérait pas survivre, elle pensait mourir ici même, là où elle avait déjà failli laisser sa vie.
Les voix se faisaient plus bruyantes. Lucie encocha une flèche, pour se défendre, même si elle ne savait pas viser. Mais c'était la seule chose qu'elle pouvait faire actuellement. Elle était bien cachée dans la corne, et elle aurait voulu rejoindre Marc. Malheureusement, même si elle entendait les voix, elle ne savait pas exactement d'où elles provenaient. Si elles provenaient de derrière la corne, c'est-à-dire du camp, et de l'opposé de l'endroit où se trouvait Marc, alors elle pourrait le rejoindre, car ses adversaires ne pourraient pas la voir à cause de la corne. En revanche, si les adversaires n'étaient pas exactement sur le camp, mais un peu à côté, alors ils auraient vu sur la quasi-totalité de la plaine, et elle ne pourrait pas rejoindre Marc. Elle n'avait plus qu'à espérer que les voix s'éloignent à nouveau, ou alors attendre la nuit. Mais les voix ne s'éloignèrent pas. Les trois parlaient avec animation de choses et d'autres. Le coeur de Lucie sembla s'arrêter de battre quand elle reconnu la voix d'Athéna : "Nous sommes finis", se dit-elle.
Lucie attendit encore une vingtaine de minutes dans la corne. Finalement, elle décida tout de même de rejoindre Marc, espérant que ses trois ennemies étaient sur le camp. Alors, elle sortit de la corne et déboucha sur la plaine. Elle croisa au loin le regard paniqué de Marc. Elle ne tarda pas à comprendre pourquoi : les trois ennemis, en qui elle reconnu Athéna, Camille et Gaspar, n'étaient pas sur le camp, mais s'étaient assis juste à côté de la corne pour discuter tranquillement. Ils ne savaient pas que Lucie était là, mais ils la virent directement lorsqu'elle sortit du bâtiment doré. Camille Anasabel se leva, épée à la main. Elle s'approcha de Lucie, brandit son épée et...

Camille hurla avant d'avoir pu abattre son épée sur la tête de Lucie. Celle-ci, réactive, n'avait pas attendu la mort que lui réservait Camille, et avait décidé de se défendre. Alors elle avait transpercé de sa flèche encochée l'épaule de Camille. Elle n'était pas une très bonne tireuse, mais Camille était si proche qu'elle ne pouvait pas la rater. Camille avait immédiatement laissé retomber son bras le long de son corps, avant de lâcher son épée sur le sol. Lucie avait déjà pris ses jambes à son cou lorsque Gaspar et Athéna se levèrent. Athéna, bien que loin de Lucie, prit l'un de ses couteaux qu'elle gardait toujours sur elle, et le lança. Mais Marc le vit, il se précipita vers Lucie qui courait vers lui et hurla :
- LUCIE ATTENTION DERRIERE TOI !!!!
Lucie se retourna juste à temps pour voir le couteau tournoyer dans l'air et se rapprocher inexorablement de son visage. Elle se jeta par terre au dernier moment et le couteau ne put que lui arracher quelques cheveux. Cependant...
Marc s'écroula sur le sol. Lucie se retourna, se releva et se précipita vers lui. Le couteau avait continué son voyage, et Marc, à quelques mètres derrière Lucie, l'avait reçu de plein fouet. Son visage disparaissait derrière le sang qui coulait de son front. Le couteau l'avait assez profondément entaillé sur toute la longueur de son front.
- Marc, gémit Lucie.
- Lucie, je vais bien, dit-il, malgré ses gémissements de douleur qu'il essayait en vain de dissimuler. Fais plutôt attention aux trois derrière toi.
Lucie les avait complètement oublié. Elle se retourna et vit Athéna qui prenait un couteau. Elle s'arrêta un instant pour viser. Camille essayait de soigner sa blessure, avec l'aide de Gaspar, mais ses hurlements étaient parfaitement audibles. Visiblement, il ne restait plus que Athéna pour les arrêter. Mais Lucie la savait forte, et elle savait aussi que s'ils ne bougeaient pas très vite, ils seraient bientôt tués tout les deux par ses couteaux. Lucie tira de force son frère et, avec beaucoup de peine, arriva à le trainer à l'orée de la forêt. Le couteau d'Athéna se planta pile à l'endroit où se trouvait la tête de Lucie un instant auparavant. Mais la partie n'était pas gagnée pour autant. Lucie et Marc s'engoufrèrent dans la forêt, mais les cheveux blonds, presque blancs, de Lucie tranchaient avec les couleurs sombres de la forêt, et elle était donc parfaitement distincte, même à travers les feuillages. Athéna prit donc un autre couteau, visa bien soigneusement et le lança. Il y eu un hurlement, puis un autre, et encore un autre.
Quelques minutes plus tard, un coup de canon retentit.

Gaspar laissa le corps inerte de Camille pour rejoindre Athéna.
- Tu l'as tuée ? lui demanda celle-ci.
Gaspar acquieça d'un signe de tête.
- Pourquoi voulais-tu qu'elle meurt si tôt ? Elle aurait pu nous être utile.
- Je ne lui faisais pas confiance. J'étais sûre qu'elle avait l'intention de nous déserter le plus tôt possible, laissant au passage nos cadavres sur le sol. Mais on l'a devancé.
- Et pourquoi ne pas m'avoir tué moi aussi ? Tu aurais pu sans peine la tuer toute seule et t'occuper de moi ensuite.
- Eh bien, même si je n'avais pas confiance en Camille, j'ai confiance en toi. Et puis, il me faut un allié.
- Et je suis aussi plus faible que Camille, et donc, au moment venu, tu auras moins de difficultés à m'éliminer... Mais je peux aussi te protéger... Donc, tu es gagnant sur tous les tableaux.
Il y eu un moment de silence, puis Athéna dit :
- Oui, c'est exactement ça.
Mais Gaspar ne pouvait pas la tuer tout de suite, car il lui fallait lui aussi un allié. Il espérait simplement avoir de la chance au moment où elle souhaiterait se débarrasser de lui. Tous deux retournèrent auprès du corps de Camille, le couteau de Gaspar planté dans la poitrine. Il retira son couteau de la poitrine de Camille et l'essuya sur l'herbe. Athéna et lui s'écartèrent sur le campement et un hovercraft vint ramasser le corps de Camille.
- Et Lucie, tu l'as eue, ou pas ?
- Lucie ? demanda Athéna.
- La blonde qui était cachée dans la corne, répondit Gaspar.
- Je pense que je l'ai blessée, elle ou son frère. Les deux ont hurlé. L'un des deux a du hurler de peur. Mais aucun n'est mort, on aurait entendu un autre coup de canon.
- Donc... donc on est encore douze.
- Oui... répondit Athéna dans un murmure.
Lucie et Marc s'étaient difficilement faufilés à travers les arbres de la forêt, pour s'éloigner le plus vite possible d'Athéna, Gaspar et Camille. Marc était blessé au front, et le couteau d'Athéna avait atteint le bras de Lucie. Il ne s'était pas planté dans son bras, mais l'avait profondément entaillé. Lucie utilisait avec peine son bras droit, le bras entaillé, et Marc souffrait de sa blessure au front. Ils n'étaient pas très efficaces. Ils trouvèrent une petite clairière, entourée d'arbre noueux, et s'y installèrent. Ils guérirent autant qu'ils le purent leurs blessures : ils les nettoyaient, les bandaient avec des morceaux de tissus...
- Tout ça pour rien, soupira Lucie. Je n'ai pas trouvé le coffret. Quelqu'un a déjà dû le prendre.
- On n'a qu'à garder la clé. Elle pourrait nous servir.
Lucie haussa les épaules.
- Dors, dit-elle. Je vais monter la garde.
- Non, en plein jour, et en pleine clairière, c'est trop dangereux.
- Dors, je te dis.
Marc ne répondit pas et se coucha sur les feuilles. Il s'endormit en quelques minutes.
Aucun des deux ne savaient que Tayla était cachée dans l'un des arbres qui entouraient la clairière, et qu'elle avait tout entendu.

Maria s'était installée entre les racines d'un grand arbre. Elle venait d'éteindre le petit feu qu'elle avait fait et s'apprêtait à se coucher lorsque l'hymne de la Paix retentit. La photo de Camille apparut haut dans le ciel. Tout le monde était à présent au courant de son décès. Maria ne pleura pas Camille, bien le contraire, elle pensa plutôt que cela faisait un adversaire de taille en moins. Elle s'endormit alors paisiblement sur ses racines.
Au petit matin, lorsqu'elle se réveilla, une silhouette se tenait près d'elle. Aussitôt, Maria saisit son couteau pour se défendre lorsqu'elle s'aperçut que la silhouette n'était autre que Lola, la belle Lola, son amie.
- Lola, dit Maria, tu m'as fait peur ! Comment m'as-tu retrouvée ?
- Eh bien je marchais dans la forêt, à la recherche d'eau, et je suis tombée sur toi, par hasard. Mais ça tombe bien, puisqu'on avait l'intention de faire alliance.
Maria acquieça d'un signe de tête.
- Tu as de la nourriture ? demande-t-elle.
- Pas grand-chose, répondit Lola avec dépit. Juste une miche de pain que j'ai ramassée sur le sol. J'avais une pomme aussi, mais je l'ai mangée. Je n'ai pas de sac. Mais j'ai une épée.
Lola désigna la longue épée qu'elle tenait à la main. Le soleil faisait étinceler sa lame acérée. L'épée semblait très solide et très tranchante. C'était sans doute l'une des meilleure épéé de la corne.
- Moi je n'ai qu'un couteau, dit Maria en montrant sa pauvre arme.
- Bah, on est deux maintenant, on se défendra plus facilement.
C'est ainsi que Maria et Lola passèrent les deux jours suivant. Pendant ces deux jours, il ne se passa rien, pas un coup de canon, pas une intervention des Juges. Maria et Lola marchaient sans cesse, si bien qu'elles avaient traversé la plaine infinie et avaient fini par arriver à la perturbation du terrain que certains avaient deviné lors de leur entrée dans l'arène. Cette perturbation de terrain était en réalité une falaise. Il fallait prendre garde à ne pas faire un faux pas, car l'on pouvait facilement glisser et tomber dans le gouffre si profond qu'on n'en voyait pas le fond.
Lola et Maria installèrent leur campement à quelques mètres de la falaise, sûres de ne pas tomber dans le gouffre.
Lola, lorsque le soleil se couchait, s'approcha de la falaise. Elle était suffisament loin pour ne pas tomber. Elle contemplait l'horizon et pensait à sa famille qui lui manquait. Elle n'entendit pas Maria approcher derrière elle.
- Je suis désolée Lola, mais il faut que je le fasse. Tu comprends, je veux rentrer chez moi, et le plus vite possible.
Lola se retourna brusquement et découvrit Maria, l'épée à la main. Lola avait très bien compris ce qu'elle avait l'intention de faire, et elle fut très surprise de voir que Maria ne tremblait pas, elle semblait absolument sûre de ces actes. Pour la première fois, elle parut imposante.
Lola s'inquiéta ensuite à sa situation : elle était coincée, devant Maria, derrière le gouffre... Elle allait mourir évidemment. Lorsque Maria brandit son épée, Lola pensa à sa famille et ferma les yeux.
Mais le coup ne fut pas assené. Lola rouvrit les yeux et découvrit Maria, qui pointait son épée sur la poitrine de Lola. Maria, de son côté, regarda Lola, ses traits parfaits, sa beauté naturelle. Elle n'hésitait pas sur son geste, mais plutôt sur la façon de le faire. Alors elle lança l'épée derrière elle et poussa violemment Lola qui bascula en arrière. Un instant, on la vit comme suspendue dans les airs, un expression de surprise totale sur son visage, mêlée à de l'amour pour sa famille et la peur de mourir. Mais cela ne dura qu'une seconde, car dans un long hurlement répercuté par le paroies du gouffre, elle sombra. Maria entendit un bruit sourd qui indiqua que le corps de Lola était sûrement arrivé à "destination", elle l'imagina démembré, sanglant et... et elle sourit. Un sourire sadique, narquois, démoniaque. Un coup de canon indiqua que Lola était bel et bien morte. Plus tard, dans la pénombre, sa photo apparut dans le ciel. Maria retourna se coucher, apaisée.
L'ange s'était fait démon.

Plutarch est à la tête du Pays à la place de Snow après la révolte. Si je me souviens bien !

Les blessures de Lucie et de Marc guérissaient mieux que prévu, principalement grâce au médicament qu'ils avaient reçu d'un sponsor. Ils bougeaient sans cesse, évitant de rester à un même endroit trop longtemps, pour ne pas se faire repérer. Aucun d'eux ne savait que Tayla, qui avait très bien compris qu'ils détenaient la clef de son coffret, les suivaient de près. Elle décida de passer à l'action la nuit juste après la mort de Lola. Hélas, rien n'allait se passer comme prévu.
Lorsque Tayla fut sûre que Lucie et Marc dormaient, elle sortit de sa cachette, un couteau à la main, et s'approcha d'eux. Elle n'avait pas l'intention de les tuer, simplement de voler la clef. Elle fouilla d'abord le sac jaune vif, sans succès. Elle se tourna ensuite vers le sac rouge. Elle ouvrit la fermeture Eclair, lorsque quelqu'un lui tira violemment le bras par l'arrière.Tayla se retourna et tomba nez à nez avec Lucie. Derrière elle, Marc était debout, parfaitement éveillé. Trop occupée à fouiller les sacs, elle n'avait pas remarqué qu'ils s'étaient levé.
- Qu'est ce que tu cherches ? demanda brutalement Lucie.
Tayla ne répondit pas. Mentalement, elle repassait en vue ses issues. Elle pouvait simplement se retourner et fuir, mais elle laisserait ainsi son sac et ses couteaux dans le buisson où elle les avait caché, et il y avait une chance pour qu'ils la rattrapent. Alors elle resta plantée ici, attendant la suite des évènements. D'ailleurs, ils ne tardèrent pas à arriver.
Avant qu'aucun des trois n'aient pus faire un geste, dire quelque chose de plus, une couteau fendit l'air et se planta dans l'arbre, juste au-dessus de la tête de Tayla. Marc et Lucie firent volte-face. Shean et Thomas se tenaient devant eux, armés jusqu'aux dents. Ils levèrent ensemble leurs épées ou leurs épieux et les abattirent. Mais Marc et Lucie étaient réactifs, ils s'étaient rapidement écartés des épées et avaient riposté. De violents combats s'enchaînèrent alors, le bruit des épées qui se fracassaient les unes contre les autres étant de plus en plus assourdissant. Parfois, un petit cri de douleur retentissait. Mais personne ne tombait. Pendant ce temps, Tayla s'était emparée du sac rouge et s'était cachée dans un buisson à proximité de la clairière dans laquelle se déroulaient les combats. Elle l'ouvrit, renversa tout son contenu et l'étala sur le sol. Elle finit par repérer la petite clef en bois dont elle avait entendu parler. Elle s'en empara, contourna la clairière et rejoignit sa cachette où elle avait laissé ses affaires. Elle prit le coffret et inséra la clef dans la serrure. Il y eu un déclic et Tayla put ouvrir le coffret.
Là, dans un écrin de velours rouge, se tenait un poignard. Un magnifique poignard d'or, incrusté de rubis et d'émeraudes, brillait sous la faible lueur que filtrait le feuillage des arbres. Sa lame semblait être la plus tranchante possible. Un petit mot écrit à la main était glissé dans l'écrin. Tayla le prit et le lut :
"Ce poignard a absorbé un poison très puissant qui se renouvelle en permanance. Une simple éraflure, et votre mort est assurée pour les cinq heures qui viennent, et ce dans d'atroces souffrances."
Tayla sortit le poignard de son écrin pour l'examiner, quand un horrible cri de douleur rententit dans la clairière où semblait encore se dérouler des combats. Tayla hésita : elle pouvait aller aider Marc et Lucie, qu'elle connaissait et appréciait plus que Thomas et Shean, ou s'enfuir. Quoi qu'il en soit, elle se leva, armée du poignard doré, et pénétra dans la clairière. Marc était à terre, Lucie près de lui, et Shean s'apprêtait à l'abattre. Tayla brandit alors son poignard et le lui planta dans le dos, pas dans un endroit qui pouvait être fatal. Shean hurla et bascula en arrière. Il était secoué d'horribles convulsions et poussait des hurlements à glacer le sang. Thomas le fixait, effrayé, et semblait comprendre que ces convulsions et ces hurlements étaient dûs à du poison, alors quand Tayla se tourna vers lui, il prit ses jambes à son cou. Tayla s'apprêtait à le poursuivre, quand une voix sanglotante l'appella :
- Hey... Tay... Tayla, c'est ça ? Ai... Aide-moi, je t'en... je t'en prie !
Tayla se retourna vers Lucie. Blessée, elle était couverte de sang. Son visage était maculé de boue, de terre, de sang, d'eau salée de ses larmes, et ses cheveux étaient collés à son visage à cause du sang coagulé. Elle était vraiment dans un sale état. Elle tremblait et ne parvenait pas à aligner deux mots sans bégayer. Elle tenait la main de Marc. Lui aussi était dans un état aussi pitoyable qu'elle, mais il avait en plus un couteau planté dans la poitrine. Il crachait régulièrement du sang, ou plutôt le sang coulait de sa bouche. Il clignait sans cesse des yeux, et luttait pour les garder ouverts. Lucie restait près de son frère, tandis qu'il agonisait. Tayla s'approcha d'eux.
- Dans... dans le sa... le sac orange. Il y a... un... un médicament. Donne.. donne-le moi, s'il te... plaît.
Tayla obtempéra. Elle revint le plus rapidement possible auprès de Lucie. Lucie, tremblante, attrapa le manche du couteau planté dans la poitrine de son frère. D'un coup sec, elle le retira.
- La pommade ! dit-elle.
Tayla appliqua de la pomade sur le blessure béante de Marc. Elle appliqua presque tout le pot, mais la main tremblante de Marc se posa sur son poignet.
- Arrête... Gardez-en.
Sa voix n'était plus qu'un râle rauque à peine audible.
- Lucie... Je t'aime... Mais... Il faut... Il faut que tu gagnes...
Il caressa la joue de Lucie, ce qui eut pour effet d'ajouter encore plus de sang sur son visage. Lucie attrapa sa main avant qu'elle ne retombe sur le sol. Marc regarda une dernière fois le soleil à travers les arbres, et la dernière étincelle de vie dans ses yeux s'éteignit. La pression de ses doigts disparut. Un coup de canon retentit, mais ni Lucie ni Tayla ne semblèrent l'entendre, trop absorbée par le contemplation de ce corps si abîmé, qui appartenait à un jeune garçon de douze mort dans d'atroces souffrances sous les yeux de sa propre soeur. Lucie poussa une longue plainte de douleur, pas physique, mais émotionnelle et morale. Elle venait de perdre son petit frère qu'elle aimait tant, pour qui elle aurait pu donner sa vie. Elle venait de perdre sa raison de se battre. Elle posa sa tête sur sa poitrine et passa ses bras autour du cou de son frère. Un long moment passa ainsi, et Tayla n'osait rien dire, ni bouger. Cependant, elle finit par secouer délicatement Lucie, au bout d'une heure.
- Lucie... Il est mort. Laisse-le partir.
Lucie n'avait plus assez de volonté pour faire bouger son corps, et Tayla dut la prendre par les épaules pour lui faire lâcher son frère. Elle l'adossa à un arbre. Ensuite, elle retourna auprès du corps de Marc et lui ferma les yeux. Elle alla chercher quelques fleurs dans un buisson proche et en fit un bouquer qu'elle mit entre les mains de Marc, posées sur sa poitrine, pour cacher la blessure.
- Comme Katniss avait fait pour Rue, murmura Tayla à l'adresse de Lucie, mais elle n'était pas sûre que celle-ci l'eut entendue.
Elle s'éloigna de Marc. Un hovercraft vint chercher son corps. Tandis qu'il s'élevait dans les airs, les fleurs tombèrent. L'une d'entre elle atterrit juste devant Lucie. Elle la prit et la contempla quelques instants. Elle repensa aux dernières paroles de Marc. Alors, elle reprit courage. Elle allait gagner. Pour son frère.