Pendant des mois, j'essayai de m'expliquer en quoi Hunger Games étaient un bon roman. D'accord, ce genre de raisonnement n'a pas vraiment de sens. Mais il m'arrive souvent de faire ce genre de réflexion. Je suis persuadé que si l'on arrive à expliquer ce que l'on aime dans une œuvre, c'est que l'on est sincèrement touché par cette dernière, et que l'on est pas victime d'un effet de mode.
Pendant un certain temps, je n'ai jamais réussi à mettre le doigt dessus. Etait-ce les personnages, l'histoire, l'univers ? Non, il manquait quelque chose.
Puis, il y maintenant quelques semaines. J'ai par hasard pris le train et j'ai aperçu une fille qui lisait elle aussi Hunger Games, le premier tome.
Tout d'abord, je tiens à m'excuser d'avance si cette personne se trouve sur ce forum, je ne mâcherais pas mes mots. Pourtant c'est grâce à elle que j'ai pu enfin comprendre ce que Hunger Games m'avait apporté ; la remise en question.
Bref, comme je ne connais aucun fan d'HG et que je n'en parle pas vraiment autour de moi. J'ai décidé de m'asseoir en face de la demoiselle.
Le constrate en la lectrice et le livre était saisissant et révélateur.
Dans le livre, Katniss est une jeune fille maigre, qui vit diffcilement. Elle est responsable de sa petite soeur et de sa mère, vit au jour le jour. Katniss est forte, courageuse, tenace et farouche. Elle a du caractère. De plus, elle vit de rien. Elle n'a pas de loisirs particuliers, n'écoute pas de la musique, n'a pas internet, ni même électricité. Pourtant Katniss est vive et pleine de vie malgré une existence dans le manque et la faim.
Si Katniss était un animal, elle serait sûrement oiseau. Rapide, aérienne, éveillée, précise, toujours en mouvement.
La lectrice elle, était son parfait contraire. Elle ressemblait à un saucisse emballée dans un short rayé, avec peau rosie et ses cheveux blonds décolorés. Elle avait un regard vide et endormi et la bouche à demi-ouverte comme si elle était constamment en état de digestion intense. Ses gestes étaient lents et léthargiques.
Elle avait avec elle pas moins de trois sacs différents, un grand sac à dos, et deux sacs à mains, un petit et un grand.
Premièrement, elle ne lisait jamais vraiment. Elle faisait toujours quelque chose d'autre, répondre à son message sur msn (elle avait un de ces claviers-écrans spéciales chat), écrire un sms sur son iphone, changer de musique, ranger un mouchoir, sortir son sac, regardez ailleurs. Elle avait le livre en main mais faisait tout sauf le lire, et quand elle le faisait, il lui fallait près de cinq minutes pour lire deux pages...
Avait-elle vraiment besoin de répondre de msn, de sms, de musique et d'autant de sac ? Avait-ellle conscience de la chance qu'elle avait, d'être au chaud dans un train propre, avec deux téléphones, trois sacs etc...
Si c'est femme étaient un animal, elle aurait été un opossum. Lent, stupide, faible et mal adapté. Elle aurait fait une excellent première victime dans les Jeux.
Le but de tout cela, j'y viens.
Honnêtement, je n'arrivais pas à croire qu'une personne comme elle ne se remette pas en question à la lecture d'Hunger Games. Et c'est là que ça m'a frappé, HG m'avait poussé à me remettre en question, et c'est là la grande force du livre à mon avis.
Cette fille était le parfait contraire de Katniss, et le parfait exemple de ce que la société veut que nous devenions : des gens mous, qui possédent mille choses inutiles, qui ne font rien pleinement, qui ont une éducation mais ne réfléchisse plus, qui un luxe qu'il ne connaissent pas. Car oui, au fond, nous sommes plus proches des habitants du Capitole que de ceux des districts.
Dans Panem, la violence, la difficulté de la vie, les responsabilités, les valeurs humaines, sont palpables et bien réels. Les gens savent ce qu'est la violence, la liberté, les responsabilités, et vivre dans le moment présent, parce qu'ils sont confrontés tout les jours à ça. Dans notre monde, la violence est masquée, la difficulté de la vie est voilée par les pubs et la télévision, la liberté n'est plus qu'un mot vide de sens tout juste bon pour les discours. L'homme ne veut pas se sentir responsable ; il veut acheter sa Porsche et faire carrière, les femmes veulent faire du shopping, et... faire du shopping. Etc etc.
Essayez durant juste une journée, d'imaginer ce que Katniss, ou les habitants de Panem penseraient en nous voyant ainsi gâcher nos vies et nos libertés avec.... ce genre de comportement.
Je pense qu'Hunger Games est un excellent roman pour remettre en question notre façon de vivre, nos chances, nos libertés, et je vous conseille d'essayer, ça peut faire peur, mais ça aide beaucoup.
Regardez Katniss. Regardez Panem. Regardez bien et apprenez.
Et vous ? Hunger Games vous a-t-il aussi toucher de cette façon ?