FIC : 61 Hunger Games. Ali/Shun

Le tube dans lequel je viens d’entrer se referme, me laissant seule dans cette prison de verre. Il s’élève et je pénètre dans l’obscurité quinze secondes avant d’être ébloui par la lumière du jour, à l’air libre, dans l’arenne.
C’est alors que le speaker légendaire depuis quelques années , Claudius Templesmith tonne :
– Mesdames et messieurs, que les soixante et unième Hunger Games commencent !
Nous avons soixante secondes avant de pouvoir partir de nos plaques métalliques sans exploser.
Je cherche mon partenaire de district, Shun. Il est à six plaques métalliques de moi et me regarde d’un air entendu.
Plus que cinquante secondes.
J’inspecte autours de moi. Une montagne pentu dans notre dos et le vide autour. Impossible d’aller vers là-bas donc.
Je crois comprendre que nous sommes sur un plateau où les falaises nous entourent. Et devant nous, une grande plaine de cinq-cents mètres et qui prend toute la largeur du terrain avant de pénétrer dans une foret. La seule solution est donc d’aller tout droit entre les arbres. Et je ne serais pas la seule. Ca risque d’être difficile. Mais avec Shun, on va s’entraider..
Quarante secondes.
Je le regarde et il me montre discrètement de la tête un sac. Je comprend qu’il est pour moi. Je lui fais signe que je veux la hache double et le long couteau. Il acquiesce.
Trente secondes.
Je vois que les autres ne nous ont pas vu échanger. Ils sont soit trop concentrés sur la corne, soit en train de déchiffrer le terrain.
Je continues de regarder vers les objets loin de la corne, les moins monstrueux, et je vois quelque chose de bien utile : un fouet. Voilà qui va être bien intéressant, maintenant comme pour plus tard. Il est un peu loin de moi mais dans la direction de Shun.
Vingt secondes.
Je vais devoir courir pour ne pas me prendre un coup de point ou quoi que ce soit. Mais je cours très vite. On s’est entrainé à faire la course presque tous les jours avec Shun depuis ses dix ans. Exprès pour ces sombres semaines que nous allons vivre maintenant. Nous nous sommes aussi exercé au combat. En somme, nous avons tout fait pour être prêt.
Dix secondes
La détonation de l’horloge sonne plus fort.
Neuf.
Je regarde le sac.
Huit.
Je me met en position pour me propulser le plus vite possible.
Sept.
Je vérifie que personne ne regarde le fouet.
Six.
Non, personne ne s’y intéresse.
Cinq.
Je souffle un bon coup. Mon cœur cogne fort contre ma cage thoracique.
Quatre.
Je crois que Shun me fait signe qu’on peut aller qu’en avant et pas en arrière. Mais je l’avais comprit.
Trois.
Je me retourne vers le sac.
Deux.
Je le prendrais par la lanière qui est bien en évidence, prête à être emportés. Je prépare déjà ma main.
Un.
Quoi qu’il arrive, pas de pitié.
Le gong résonne à travers mes os alors que je me projette de la plateforme pour prendre le sac quand un grondement tonne dans mon dos. Je me retourne une seconde.
Je me suis trompée. Ce n’est pas une montagne, mais un volcan.
La lave commence à descendre et je reprend mes esprits. Tout le monde s’est arrêté, sonné, mais, moi, je ne peux pas me permettre de perdre plus de temps. Rester ici sent le roussi.
J’embarque le sac sans que personne ne me gène. Ils sont encore un peu étourdis et puis, ceux qui ont reprit leur course sont plus lent que moi. Je fonce ensuite vers le fouet. Je l’attrape du bout des doigts et voit un garçon se rapprocher un peu trop vite de moi. Je déroule alors la bête que j’ai dans la main et le fait claquer avec l’extrémité sur sa cuisse. Le sang gicle et il s’arrête d’un coup, tombant à genoux.
Je continues alors ma lancés vers Shun qui est déjà dans la corne. Je le vois prendre la hache et le couteau mais un autre tribut arrive. Je lui fonce alors dessus et l’attrape au mollet de mon fouet. Je tire et il tombe par terre.
Shun se prend un kukri bien incurvé qui me semble prometteur en belles blessures tandis que je lui reprend la hache double.
Les tributs se précipitent alors vers la corne, donc, vers nous et celui que je viens de faire tomber se relève.
Là, je commence à comprendre que nous avons un petit soucis plutôt gros.
J’ai ma hache dans une main – je n’ai pas besoin de la prendre à deux car elle est très légère bien qu’elle semble tout à fait solide – le fouet dans l’autre. Shun a son kukri et le couteau.
Et nous faisons ce que nous avons apprit : fuir. Mais je sais qu’on ne va pas s’en sortir comme ça.
Je couvre avec mon fouet Shun qui s’en va et met monte mon sac à ma nuque.
C’est alors qu’on me saute dessus et me plaque au sol. Je pousse un cris de surprise dans ma chute. Je suis la tête dans la terre et je ne peux plus rien faire.
Mon sang cogne dans mes veines et je suis coincée. Je ne peux pas me débattre, le tribut sur mon dos est trop lourd et me bloque les épaules de ses genoux. J’entend un bruit de lame et prie pour ne pas avoir trop mal.
Shun. Je lui avais promis qu’au moins un de nous deux s’en sorte en vie et qu’on s’entraiderait pour ça. Tous ces entrainements ne m’auront pas été suffisants.
Je sens le sang gicler partout et couler sur mon crane, mais je n’ai pas l’impression qu’il s’agit du mien car je ne ressent aucune douleur.
Le poids sur mon dos diminue et mon assaillant tombe à côté de moi, du liquide rouge dans la bouche.
Qui lui a fait ça ? Qui va me tuer maintenant de ses propres mains ?
Je me relève rapidement et vois Shun récupérant mon long couteau pleins de sang, qui me tend la main pour partir. Il vient de me sauver, et de tuer son premier tribut.
Nous déguerpissons, d’autres candidats à nos trousses.
Je cours en regardant derrière moi. Des corps jonchent le sol, mais surtout, je vois la lave qui descend dangereusement. Dans moins d’une heure, elle sera à notre niveau.
Un grondement dans sa direction me fait bondir. Le flux de lave augmente et une explosion dans le volcan en fait jaillir de toutes parts. Il ne reste plus que cents mètres avant que nous ne soyons au couvert des arbres.
Une fille tombe, aspergé de ce liquide brulant et je manque de me prendre moi aussi une belle plâtré. Mais elle gicle sur le sol puis rebondi sur ma main qui tient le fouet. J’hurle de douleur mais je ne m’arrêtes pas. Je ne peux rester sur les lieux, sinon, ça risque d’être pire.
C’est les yeux noyés de larmes que je continues de courir pour être enfin dans la forêt, Shun me devançant.
Le garçon du sept fuit entre les arbres en nous voyant et nous continuons nous même notre course.
Il est impossible que le volcan continues de couler comme ça jusqu’à la fin des jeux. Mais ça risque quand même de durer un petit moment. Je comprends donc que la corne d’abondance va être inaccessible après ça. Je m’en réjouis. Les carrières vont devoir se débrouiller un peu.
Ma main me lance et ma tête me tourne. Mais je me ressaisis et essaye d’oublier cette douleur bien que je sache que c’est impossible.
Nous courons encore une bonne demi-heure, semant nos adversaires puis nous trottinons. Instinctivement, nous avons menée notre chemin vers la gauche.
L’arène semblait droite et non pas arrondie ou quoi que ce soit. Mais peut-être que plus loin, elle le sera.
Donc, ce soir, mieux vaut rester vigilent. Avec le volcan en activité, quelque chose me dit que nous allons avoir de la visite.
Ma main brûle encore et encore. La douleur est insupportable et elle ne décroit pas.
Je met ma langue sur mes dents du hauts et je fais passer de l’air entre ces dernières. Ca émet un petit bruit aigue. Je fais ce signal à Shun pour dire que j’aimerais qu’on s’arrête. Je n’en peux plus et je commence à avoir très soif. Il se rapproche de moi et nous nous cachons derrière un gros arbre.
Soudain, les coups de canon résonnent et je sursaute. Le bain de sang à la corne à du prendre fin. Nous comptons. Huit détonations, huit morts. Encore seize tributs restants dont nous deux. Et ceux qui étaient à la corne vont bientôt arriver. Il ne va pas falloir tarder.
Qui est mort ? Les jeunes, déjà. Peu ont du survivre. Et puis, le massacre a du être total. Il n’y avait pas que les tributs qui pouvaient éliminer, le volcan et son jet de lave a du faire un désastre. S’il n’a pas tué, il a bien amoché. Comme ma main. Je la regarde enfin et je suis étonnée par la petitesse de la chose qui fait pourtant un mal de chien. Shun ouvre mon sac et y trouve une gourde vide.
Pourquoi nous donner une gourde sans eau ? C’est quand même pas compliqué d’en ajouter un peu ! Je fulmine et vois la déception sur le visage de mon coéquipier. Je passe une main sur sa joue. J’aimerais tellement lui parler, mais pas encore. Nous devons être discret. C’est ce que nous maîtrisons le mieux. Être invisible et silencieux.
Il y a une cordelette de plus de 8 mètres, une grosse corde un peu plus grande, un duvet, de quoi purifier l’eau, des biscuits natures, des fruits séchés, un paquet d’allumettes ,et, grande surprise, une paire de lunettes de nuit !
Je m’émerveille devant ce sac très complet. On aurait pu tomber sur pire, bien pire.
J’attache la cordelette au grand couteau de lancé que nous avons pour pouvoir le récupérer facilement après utilisation. Je propose le fouet à Shun qui le coince enroulé entre son pantalon et sa ceinture, de telle façon qu’il est facile à sortir et rapidement déroulé.
Je regarde ma main et effleure l’endroit brûlé. C’est encore chaud. Je grimace et nous repartons en trottinant. Maintenant, nous devons à tout prix trouver de l’eau. Nous avons cherché tout au long de notre course mais n’avons rien trouvé. Les heures passent et nous ne devrions pas tarder maintenant car nous avons beaucoup avancé. Assez pour une journée de marche. Et ceux qui n’ont fait que marcher doivent avoir soif aussi. L’arène doit bien être conçu pour tout le monde. Que même le plus lent ai ses chances. Moindres, certes, mais il en a.
D’ailleurs, ceux qui sont lents sont souvent les carrières. Ils ne fuient personne, eux. Et une fois au couvert des arbres dans la forêt, à l’abris du volcan, ils peuvent prendre tout leur temps.
Une idée me vient. Comment le Capitole va-t-il réussir à récupérer les corps de la lave ? Ils vont peut-être les prendre juste avant. Non, si il y a d’autres tributs sur les lieux, ce sera impossible. Donc, ils attendront qu’ils soient bien rôtis, le temps que tout tribut déserte puis les prendront. Pauvres familles. Il paraît que la lave conserve très bien même après plusieurs milliers d’années.. Mais j’ai du mal à croire que ça laisse intacte. Tout doit ressembler à ma main.
Nous continuons de trottiner, la langue sèche quand nous nous stoppons brusquement. La forêt se finit en une ligne et débouche sur une plaine. Elle est comme celle sur laquelle la corne d’abondance était ancrée. Mais j’ai l’impression qu’elle est un peu moins large. Environ cinq-cents mètres plus loin, de nouveau la forêt. Elle semble différente toute fois. Et au centre de la plaine, une ligne d’eau qui va d’un bout du terrain à l’autres, se jetant dans les falaises. Malgré tout, le niveau de l’eau ne baisse pas. Elle est infinie.
Nous devons avancer à cause du volcan, nous voulons de l’eau, et nous ne sommes sûrement pas seuls à vouloir nous jeter dans ce filet de vie.

Que faire ? Nous ne pouvons pas attendre, sinon les derniers qui viennent de la corne d’abondance vont arriver.
Nous regardons autour de nous et Ali me fait signe de nous préparer à sortir des bois. Je réajuste ma main sur le manche de mon kukri, je déplies mon fouet de l’autre.
Elle, sort sa gourde sans faire de bruit. Je vais la couvrir tandis qu’elle prendra de l’eau.
Un mouvement de tête et nous sortons en courant silencieusement, quittant notre abris. Nous sommes presque arrivé à la fine rivière qui ne doit faire pas plus d’un mètre de large. Elle met la gourde dans l’eau quand je vois un tribut sortir de la forêt côté volcan. Il est au milieux de la lisière et commence à courir vers nous, un trident plutôt effrayant à la main.
Je me rappelle de lui, le tribut du quatre. Je vois qu’Ali a remplit sa gourde. Elle plonge sa main dans l'eau afin de la soulager de sa brulure et se relève immédiatement en le voyant. Mon fouet à la main, j’attend qu’il arrive. Elle cours à mes cotés et se tient prête. Nous vérifions qu’il n’y a personne d’autre, et effectivement, nous ne sommes que trois. Tant mieux. Ca va déjà être bien assez difficile comme ça.
Mais nous ne pouvons pas faire que fuir. Il nous faut aussi combattre. Et si nous partons dans la forêt, il va nous poursuivre pour nous tuer. Je préfère éviter le plus possible d'être surprit, et m'en charger maintenant.
Il arrive, plus que cinquante mètres. Quand il est à notre niveau, Ali et moi sautons chacun de notre côté, surprenant notre adversaire et le laissant entre nous. Ma coéquipière tient sa hache à deux mains, moi j’ai le fouet en main droite, le kukri de l’autre.
Il bouge admirablement bien son trident, de telle façon que il nous vise tous les deux. Et le bout vers Ali, celui qui n’a pas les dents, se termine en une lame. Je ne sais quel coté est le pire.
Je ne reste pas trop près de lui pour éviter de me faire embrocher et je fais sifflet mon fouet.
Il danse entre nous, faisant jouer son arme. Je fais claquer la lanière sur son visage et il a un mouvement de recul. Il saigne sous l’œil. Mais il se remet vite du choc et attaque Ali qui dévit la lame de sa hache. Je le fouette sur le flan mais il pousse encore son trident vers elle. Je fait tourner le fouet comme un l’asseau et le propulse vers son arme. Il s’enroule autour du manche et je tire un coup sec. Le tribut le tenant bien est tiré avec, surprit. Je lui fout alors un coup de pied dans les côtes qui le projette vers Ali qui le saigne d’un coup de hache dans le bas du dos.
Il tombe par terre et tremble de tout son corps. Il tient son trident fermement, crispé. Il ne nous reste plus qu’à l’achever.
Je lui chuchote que je suis désolé et je lui plante ma lame dans le cœur.
Nous laissons le trident dans ses bras pour que l’hovercraft ne le laisse pas ici.
Ali retourne à la rivière, nous sommes épuisés et assoiffé, mais nous devons d’abord filtrer l’eau avant de la boire.
Le canon tonne, me faisant sursauter.
Elle replonge sa main dans l’eau et je remarque que la lave s’est décollée de sa peau en ne laissant qu’une trace rouge, comme si elle s’était un peu frottée. On dirait tout simplement qu’elle n’a pas été brulé. Sa peau n’a pas fondu ni noirci. Mais je vois à son expression qu’elle en souffre beaucoup. C’est étrange. Une lave qui ne dégrade pas ? Pourtant, tout à l’heure, une fille est tombé sous un jet brulant. Je crois même que ça l’a tué. Alors pourquoi ça ne laisse pas de trace ?
Je comprend alors. De la lave modifiée. Le Capitole pourra ainsi ramener les morts en toutes pièces et non pas à moitié carbonisé. Pourtant, celle lave tue quand même. Elle en reste chaude.
Nous nous barbouillons la peau de boue puis je lui dit qu’il faut partir, elle acquiesce à contre cœur. Et nous atteignons la forêt sans encombres.
L’hovercraft apparaît, maintenant que nous nous sommes éloigné du corps, et ils disparaissent.
Nous pénétrons dans la forêt qui devient de plus en plus sombre au fur et à mesure que nous nous y enfonçons. Je lève les yeux et comprend pourquoi. La forêt est très dense et les arbres sont bien garnis. Nous nous arrêtons quelques secondes. Elle purifie l’eau pendant que je fais le guet. Elle remet la gourde dans le sac puis nous marchons de nouveau. Je suis déjà épuisée et mes lèvres sont sèches.
Plus nous avançons, plus les arbres ont des troncs énormes de plus d’un mètre de diamètre. Après avoir trottiné une demi-heure, temps nécessaire pour que l’eau soit buvable, nous nous passons la gourde. Je prends quelques gorgées et m’arrête. Si je m’écoutais, je boirais les deux litres mais nous ne savons pas quand nous aurons de nouveau de l’eau.
Nous continuons notre route encore une heure et demi et nous choisissons enfin un arbre qui a de très grosses branches, assez puissantes pour nous retenir tous les deux. Ca change des frêles de la première forêt. Les branches font à peu près le double de ces derniers. De quoi nous coller l’un contre l’autre.
L’arbre élut n’a aucune petite branche pour en faire des prises, comme tous ceux qui nous entourent. Ali sort donc la corde, me donne un bout, tourne autour du tronc avec l’autre et me reprend le mien. Elle tient une extrémité dans chaque main. Elle  tire bien la corde et pose un pied sur l’arbre, puis l’autre. A un moment, elle dérape mais continue. Au fur et à mesure qu’elle monte, elle réajuste la corde jusqu’à arriver à la branche, notre lit.
Elle se met dessus, s’adosse au tronc et une fois qu’elle est bien installée, elle laisse tomber un bout de la corde. Je m’écarte pour ne pas me le prendre et sa hache qu’elle ma laissé, je l’y attache. Elle retire la corde et récupère son arme.
Mon kukri est installé dans un compartiment de ma ceinture, je peut donc l’avoir avec moi en permanence. Quand à Ali, elle ne peut pas faire pendre sa hache dans son dos, il lui faudrait une bandoulière.
Elle me redonne la corde en entière cette fois et je la rejoins de la même manière qu’elle est montée.
Nous nous mettons dans le duvet et nous accrochons à la branche pour ne pas tomber. L’idéal serait de s’attacher au tronc, mais il est bien trop gros, il faudrait en faire le tour, ce qui est impossible.
Je met les lunettes de nuit car il commence à faire vraiment sombre. Et à cause de la densité des arbres ainsi que de leurs feuilles, et parce que le soleil se couche.
Un coup de canon nous surprend, une fois encore et je me demande de qui il s’agit. J’aimerais tant que ce soit un autre carrière, mais je ne rêve pas trop.
Ali sort la gourde et je reprend une gorgée.
Nous prenons un biscuit chacun, puis un deuxième. Demain, nous essaierons de chasser. Venant du district 10, celui du bétail, nous apprenons à attraper les animaux facilement lorsqu’ils s’enfuient. Nous devrions y arriver. Nous avons prit un bon repas avant de partir pour ne pas à avoir à nous en occuper aujourd’hui et à avoir simplement à fuir. Donc pour l’instant, nous allons nous satisfaire de ce que le sac offre et prendre quelque écorces de l’arbre qui semble comestible avec un peu de sève.
Nous nous sommes habitué à manger de tout, du plus gouteux au plus farfelu. Notre estomac est donc très solide.

Shun est alerte au moindre fait et geste. Nous allons surement avoir du passage cette nuit. Je vais dormir trois heures et lui, les trois suivantes. Après, je penses que nous devrons avancer.

Mes pensées vagabondent et tombe irrémédiablement sur ce jour fatidique. Et une autre pensée me vient : notre rencontre. Il m’a secouru, et redonné gout à la vie. Depuis, nous sommes inséparables. Je lui ai promis d’être forte et lui a juré de me protéger. Jusqu’à la fin.

Puis la moisson est arrivée, pitoyable, comme toutes les autres auxquelles nous avons jusqu’alors échappée. Mais pas cette fois.

Je me rappelle quand mon nom a été lut, tiré au sort par une main orangé, une main du Capitole.

Mon cœur a eut un raté, mais je n’ai rien montré. Je suis resté impassible, sachant que les caméra étaient pointées sur moi. Alors, j’ai regardé Shun et y ai vu le pire. Ce que je redoutais : un destin qui ne serait plus jamais le même.

Notre hôtesse a pioché un prénom masculin, un jeune garçon de treize ans que nous connaissons tous pour être un pleurnichard.

Alors, Shun a dit d’une voix forte et assurée :

–      Je me porte volontaire comme tribut !

Il m’a jeté un regard que j’ai immédiatement comprit. Il m’ordonnait de me taire. Je ne devais rien dire. Rien. Pour ne pas compromettre notre plan que nous avions prévu au cas où nous serions tiré au sort tous les deux. Peu probable, mais nous avions imaginé toutes les tournures possibles et inimaginable. Je devais faire comme si je ne le connaissais pas et ça m’a été très dur tellement j’avais envie de crier, de le supplier de ne pas se porter volontaire. Car, la seule chose que je sais, c’est qu’il n’y en a qu’un seul d’entre nous qui va pouvoir revenir. Et si je gagne, il ne sera plus là. Plus jamais je ne le reverrais. Je ne le retrouverais pas en rentrant de cet enfer. Je serais seule, plus que jamais.

Toute la foule a retenue son souffle et le garçon pleurnichard a soupiré de soulagement. Je suis restée droite, ai donné à Shun la traditionnelle poignée de main, et nous sommes entré dans le Palais de justice.

J’ai pleurée, pleurée et pleurée encore. Puis je me suis arrêtée pour pas que les caméras ne remarquent des yeux rouges.

Ma famille est venue, ainsi que Ky. Ils m’ont tous dit que nous avions nos chances. Puis les pacificateurs les ont expédiés.

Nous sommes allés à la gare. J’essayait de paraître insensible à ce qui m’entourait, Shun faisait de même. Et nous voilà enfin dans le train. Quand les caméras ont cessées de faire des siennes, je me suis jetée au coup de Shun. Et j’ai encore fondu en larme en lui demandant pourquoi il avait fait ça. Jamais il n’aurait voulu que je me porte volontaire, mais surtout, je ne pouvais pas le faire. Les filles sont les premières à être tiré au sort. Alors, il aurait gagné et me serait revenu. Là, c’est impossible. Nous ne pourrons pas rentrer tous les deux. Si ca se trouve, je vais peut-être même devoir le tuer. Parce que je sais qu’il veut que je rentre saine et sauve. Or à quoi bon vivre sans lui ?

Mais je le savais. Depuis le début, je savais que si mon nom était pioché, il se désignerait tout de suite. Il a attendu que le prénom du tribut garçon soit donné avant de se prononcer, histoire que la raison de son choix ne soit pas trop évidente aux yeux du Capitole. Pour faire croire qu’il avait tout simplement envie d’être tribut. Ceux de notre district ne sont pas dupes, mais le Capitole, lui, ne nous connait pas.

Et lors de l’interview, il a confirmé qu’il voulait honorer son district.

Quand nous étions dans le train, nous avons rencontré nos mentors. Ils nous ont fait le speech habituel, je suppose, puis nous sommes allés dormir dans ma chambre, Shun et moi. Nous avons beaucoup parlé et répété notre stratégie. Nous allions faire croire à tout le monde, le Capitole et les tributs, que nous ne nous connaissions pas pour ainsi les surprendre une fois dans l’arène. Nous avons exposé notre plan à notre équipe – nos mentors, et hôtesse – qui nous a aidé à le mettre au point et comblé des détails manquants.

Un craquement lointain fait bondir mon cœur dans ma poitrine. Je reviens à la réalité des choses : je suis dans l’arène maintenant.

Shun et moi, nous nous figeons. Deux tributs du un et un tribut du deux, si mes souvenirs sont bons, marchent vers nous. Ils ont des lunettes de nuit.

J’espère de tout mon cœur qu’ils ne nous verront pas. Il y a beaucoup d’arbre, alors nous avons une petite chance de passer inaperçu.

Ils essayent de ne pas être trop bruyant, ça se voit à leur façon de marcher, mais, sans résultats. Ils chuchotent qu’ils vont s’arrêter dormir. Selon Shun, ils s’installent au pied d’un arbre à dix mètres du notre.

Je n’aurais pu rêver mieux…

Il m’informe de leurs armes. Bryana, la fille du un a un katana et cinq shurikens. Le garçon, Tum a une épée, et celui du deux, Kamo n’a… rien. Impossible. J’en ai des frissons dans le dos. Cela signifie que nous ne voyons pas son arme, ça la rend encore plus terrifiante.

Le Capitole, s’il n’est pas encore couché, doit être surexcité de nous voir en si mauvaise posture.

Un carrière à tuer, c’est possible. Trois, non. Nous allons devoir attendre qu’ils partent avant nous.

Je prends la main de Shun dans la mienne, l’embrasse sans bruit et la repose sur ma cuisse. Ce geste, je le fais autant pour moi que pour le Capitole. Je veux qu’ils réfléchissent et qu’ils nous aiment, comme nous l’avons décidé dans notre stratégie.

Je m’endors et, trois heures plus tard comme prévu – j’ai l’impression de n’avoir dormi que cinq minutes – je prends les lunettes de nuit pour mon tour de garde. Le problème est que, de là où je suis, je ne vois pas les tributs en bas de l’arbre. Mais j’ai la satisfaction de les entendre.

Shun m’informe que la fille fait le guet en faisant parfois le tour de l’arbre et les deux autres dorment. Je me concentre alors sur le bruit répétitif de ses pas. Elle s’arrête et marche, elle s’arrête et marche…

Le soleil monte dans le ciel et j’enlève mes lunettes qui rendent ma vision flou.

Tout à coup, la fille court. Tous mes sens en alerte, mon cœur qui cogne contre ma poitrine, je comprend qu’ elle nous a vu. Elle chuchote tout bas à ses coéquipiers tandis que je réveille Shun. Je me fais la plus silencieuse possible et je met une main sur la bouche de mon voisin pour qu’il se taise.

Je crois que mes yeux écarquillés lui font comprendre le problème. J’entends le bruit que fait une lame et ils trottinent.

Ils trottinent, mais pas vers nous. Surprise, je les suit du regard sur ma gauche, à l’opposé du volcan et je vois de la fumée. Sûrement quelqu’un de frileux qui n’a pu s’empêcher d’allumer un feu. Je le l’avais même pas remarquée. Je n’ai pas été assez prudente, j‘aurais du la voir.

Ils doivent donc se diriger vers là-bas. Quand ils se sont assez éloigné, je soupire de soulagement.

Nous décidons donc de repartir. Shun n’a pas dormi ses trois heures, mais, il m’assure que nous pouvons y aller.

Nous buvons une gorgée chacun et je me rend compte que j’ai envie d’aller au petit coin.

Nous descendons tour à tour de l’arbre et je vais prudemment vers un buisson. Shun monte la garde pendant que je fais ma petite affaire. A son tour, je fais aussi le guet et avec soulagement, je ne voit rien d’affolant. Il revient vers moi et nous commençons à marcher. Nous allons vers le bord de l’arène, près des falaises.

Un coup de canon tonne. Je m’agrippe à Shun et il me regarde aussi. Il ne s’agit pas de l’un de nous. Sûrement celui qui a fait un feu. Les carrières lui ont réglé son compte, je suppose. Un second coup de canon un peu plus tard Et mon cœur fait un raté. Deux morts en quelques minutes. Si seulement ils pouvaient nous faire le plaisir de tous s’entretuer…

Nous reprenons silencieusement la route, tout droit, toujours tout droit, dos au volcan.

Nous sursautons. Un grondement sonore perce la quiétude des lieux. Il est identique à celui qu’a produit le volcan au lancement du jeu. Je regarde derrière moi, vers la source de ce boucan, et aperçois tant bien que mal de la fumée au loin. Nous partons alors au petit trot.

Quelque chose a bougé sur ma droite et ma main se dirige directement sur mon couteau. Shun l’a aussi perçu. Je regarde partout, mais ne voit rien. Puis, un mouvement vif dans des feuillages. Un lapin. De quoi manger.

Mon coéquipier guette les tributs tandis que je bondis aux trousses de l’animal. Il me fait courir quelques minutes et enfin j’arrive à l’attraper, non sans m’être pris des branches en pleines figures.

Je tombe nez à nez avec la tribut du huit. Je recule d’un bond, surprise et paniquée qu’elle m’attaque alors que je ne suis pas prête à riposter mais elle n’a aucune arme et elle aussi effrayé que moi. Pire même, elle est paralysée de peur. Je brise la nuque de l’animal qui se débat entre mes mains, je le pose par terre et je prend mon couteau. Shun arrive juste derrière moi avec ma hache que j’avais posée pour attraper le lapin, et me la tend.

La jeune fille respire fort mais ne bouge pas. Elle est adossé à un arbre et je vois une blessure monstrueuse à sa jambe

–      Quel est ton nom ? demande Shun.
–      Pimra, elle bafouille.
–      Désolé que ça tombe sur toi. Nous ne t’oublierons pas, il dit. Fermes les yeux, ce sera moins violent.

Elle s’exécute, tremblant de tout son corps, et je plante mon couteau dans son front, perçant son cerveau, stoppant tout systèmes. Plus de nerf, plus de commande, plus rien. Morte.

J’aurais pu la décapiter de ma hache, mais je ne voulais pas rendre un corps en deux morceaux. Shun aurait pu la planter de son épée, mais elle aurait souffert quelques instants. Ce coup de couteau m’a paru plus juste.

Je le retire. Son cerveau s’agrippe à la lame et je dois tirer dessus sèchement pour le récupérer. Je l’essuies, ramasse notre nourriture et nous repartons.



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Nous marchons une petite demi-heure et je m’occupe du lapin.

–      On fait un feu ? je demande.
–      Je ne sais pas, il ne faudrait pas qu’on nous remarque.
–      Allez, va pour un lapin cru.

Une odeur que je reconnais tout de suite me parvient. Une senteur de brûlé. Je me retourne et vois au loin la forêt en feu. On en voulait un, on l’a. Quelle ironie. Le Capitole doit apprécier la bonne blague.

La lave du volcan a du couler jusque là et embrase maintenant la forêt. Je met le lapin dans mon sac et nous dévalons entre les arbres. Les animaux fuient, passant entre nos jambes, et galopent vers un endroit plus sûr.  

Un coup de canon, puis deux. Si nous restons là, nous serons les suivants

Nous courrons sans nous arrêter au moins cinq minutes. Puis dix. Encore et encore. Shun est à mon coté.

Nous croisons un tribut qui nous regarde, surprit. Je le reconnais, c’est celui qui nous avait fuit hier quand nous partions de la corne d’abondance et que nous nous précipitions dans la forêt.

Il reste planté là, sans bouger puis je l’entends courir à son tour. Il a vu le problème.

La température augmente et je transpire abondamment. Shun est dans le même état que moi. L’autre tribut a disparut mais je l’entends courir à quelques dizaine de mètres de nous, sur le coté. Ma hache bute de temps en temps dans les arbres, à un moment, il se plante même dans l’un d’eux. Je peine à le décrocher et repars le plus vite possible. J’ai un gros point de coté et la seule chose que j’aimerais serait de faire une pause. Depuis combien de temps courons nous ? Une demi heure ? Je n’en peux plus, mes jambes flagellent.

Il fait de plus en plus chaud, et les yeux commencent à me piquer. Je redouble d’efforts malgré ma fatigue. Shun trébuche et tombe. Je l’aide à se relever.

Nous entendons des cris et bruits de pas. Les tributs de la corne d’abondance. Je les avais oublié. Espérons qu’ils ne pensent qu’à fuir et non pas à nous dégommer .

Je jette un coup d’œil derrière moi et vois avec effrois que l’incendie approche vite. Trop vite.

Nous courons, encore et toujours. Mais mes jambes ne me portent plus aussi loin que je le voudrais. Ma gorge me fait souffrir, j’ai de plus en plus de mal à respirer. Ali tousse beaucoup et respire très fort. Je me rend compte qu’il en est de même pour moi. Plus aucun animal n’est présent, plus aucun bruit extèrieur à nos pas, juste nous et le feu qui nous suit. Ce feu dévastateur qui a déjà tué deux tributs, et qui est prêt à recommencer. Peu importe que je meurt, mais il est hors de question que Ali finisse brûlé, autant pour la douleur que pour ce qu’elle deviendrait. Certes, ses cendres… elle serait libre, mais être libre dans cette arène, c’est être emprisonné.
Les arbres derrières nous flambent, certains tombent. Je vois la catastrophe arriver, trop tard, malheureusement.
Un tronc enflammé s’abat sur Ali. Elle tente de l’esquiver, mais, en tombant, il frotte férocement son mollet droit. Elle cri de douleur ainsi que de surprise, tombe à la renverse, roule sur le sol et ne se relève pas.
– Non ! Ali ! Met toi debout ! Cours !
– Je n’en peux plus… J’ai trop mal. Vas-y sans moi. De toute façon, à quoi bon ?
– Non ! je rugis. Il en est hors de question ! Tu as promis !
Elle me regarde, désolé.
Le sol s’embrase à son tour à coté de nous.
– Tu ne me laisseras pas tombé pour cette petite blessure ! Je tonne pour elle comme pour moi-même.
Je la tire sèchement du sol et elle cri. Mon sang se glace d’effrois sous cette plainte déchirante. Mais je ne peux faire autrement. Le feu est tout autour de nous, seul l’adrénaline nous garde en vie, car, la fumée est pitoyable, et la chaleur, mordante. Je la porte sur mon dos, et, les forces me reviennent. Je dois la sauver, coûte que coûte. Ce sera elle la gagnante, c’est tout. Il ne peut en être autrement. Tandis que moi, je ne sortirais pas de ces jeux. Quoi qu’il arrive, je mourrai. Je ne peux imaginer ma vie sans elle, et, ici, c’est soit elle, soit moi. Ce sera Ali, je me le jure sur ma vie.
Mes pas redoublent d’intensité entre les arbres enflammés qui tentent de nous enfermer. Malgré tout, je continus de courir. Le feu me chauffe mais il ne m’atteint pas. Je poursuis donc ma course, Ali sur le dos, la hache dans ses mains, mon kukri dans la mienne, et le sac sur ses épaules. Et tout ça est très lourd. Mais je cours. Encore et encore.
Depuis combien de temps je dévale la forêt sans m’arrêter ? Trop longtemps. Mes jambes ne tiennent plus et je m’effondre par terre. Ali tombe à la renverse. Je n’en peux plus. Ali a peut-être raison, nous souffrirons quelques instants puis nous nous retrouverons, une fois morts.
Le feu autours de nous commence à nous lécher. Mon instinct de survis prend le dessus et je reprend la route, Ali sur mon dos. Mes pensées me répugnent, je ne peux pas choisir la facilité. Ca m’est interdit.
Alors je ne réfléchis plus. Agissant comme un animal, je laisse mes sens me guider.
J’avance et me demande si les juges veulent nous voir tous mourir brulés vifs, ou si ce feu s’arrêtera un jour. Si ça doit stopper, que ça le fasse maintenant, si possible.
Je me reprend une racine et tombe lourdement, répétant le schéma d’un peu plus tôt. Je suis exténué, et l’idée d’abandonner me reprend.
Soudain, j’aperçois une plaine devant nous. Si elle est comme les deux précédentes, il y aura de l’eau. Un petit filet, certes, mais le feu ne peut continuer éternellement, et j’ai terriblement soif, la gorge sèche.
Alors je me remet debout et reporte Ali.
Un geyser de feu nous accueille au liseré de la forêt. Je plonge au travers de deux jets, projetant Ali en avant, sur la plaine. Elle ne bouge plus mais je vois qu’elle respire. Et je n’ai plus de force non plus. On pourrait nous attaquer, mais, j’aime imaginer que les survivants sont en mauvais état comme nous et qu’ils nous laisseront donc tranquille. Si le feu doit envahir la plaine, alors, nous mourrons, je n’ai plus la force d’avancer et encore moins de porter Ali en même temps. Toutes les forces m’ont quitté, en un instant. Mes membres n’attendaient que ça, cesser de fonctionner.
C’est alors que, le feu, au contacte des herbes de la plaine, devient vert et s’éteint, laissant la verdure intacte. La foret flambe toujours, mais le feu ne peut parvenir jusqu’à nous sur la plaine. De l’herbe génétiquement modifiée. Je bénis cette bonne idée des créateurs de l’arène.
Mais je devine que le feu reviendra nous rendre visite. La lave produit des flammes, elle coule du volcan et dévale les forêts pour nous faire nous rencontrer, nous autres, tributs. Et bientôt, la lave passera les plaines et embrasera de nouveau la forêt que j’aperçois, non loin de nous, de l’autre coté de la plaine.
Pour conclure, pour l’instant, nous ne risquons rien, pas d’incendies. Mais des tributs, oui. Je rampe jusqu’à Ali, les membres douloureux. Elle respire péniblement. Je la secoue pour la réveiller et elle reprend conscience lentement. Nous nous levons avec beaucoup d’effort et mettons dix minutes, au lieu de deux environ, à atteindre la rivière. Elle est plus large que la précédente. Par contre, je me rend compte que la plaine, quand à elle, l’est moins.
Mon hypothèse de nous regrouper tient donc la route. A moins que la forme de l’arène soit un sablier, je l’imagine triangulaire.